Après le naufrage mémorable de saint Paul qui sombra lors de son voyage à Rome, les indigènes de l’île de Malte le reçurent avec bienveillance, et allumèrent du feu, car il pleuvait et faisait froid. Lorsque Paul eut ramassé une brassée de bois pour la jeter dans le feu, une vipère “en sortit à cause de la chaleur et s’attacha à sa main.” Il secoua “la vipère” dans le feu, et n’eut aucunement l’air de s’inquiéter de son propre salut. Ceux qui l’entouraient s’attendaient “à le voir enfler ou tomber mort tout d’un coup;” mais après avoir attendu longtemps et n’avoir vu aucun mauvais résultat, ils changèrent de sentiment et pensèrent que Paul devait être un dieu!
Paul mania l’erreur en secouant la bête. C’était plus qu’un acte purement physique. Les récits et les narrations de la Bible renferment souvent une interprétation métaphysique au delà du fait littéral. Peu importe que l’erreur se soit appelée “vipère;” elle eût tout aussi bien pu se nommer “haine” ou “meurtre.” Paul, le chrétien pratique, s’était revêtu, ainsi qu’il le disait “de toutes les armes de Dieu;” et il réussit à vaincre l’erreur avec les armes spirituelles.
Il faut observer que la vipère attaqua Paul pendant qu’il faisait un bon travail utile. Il venait de faire l’horrible expérience d’être exposé au froid et au danger, d’avoir faim et de faire naufrage, expérience qui avait rempli de désespoir ses compagnons non animés de la foi qui soutenait l’apôtre. Quand tous ceux qui l’entouraient étaient tombés dans la détresse, cet homme d’action s’était avancé, traitant la situation avec un bon sens pratique. Au moment où il avait réussi, l’erreur l’attaqua. Il paraît que du temps de Paul les hommes ressemblaient beaucoup à ceux de nos jours; car ils s’attendaient à le voir tomber par terre. Voyant qu’il ne succombait pas, mais montrait qu’il avait du pouvoir sur l’erreur en secouant la bête sans avoir été touché, ils déclarèrent que c’était “un dieu,” “après avoir longtemps attendu, voyant qu’il ne lui arrivait aucun mal.”
Non seulement Paul se débarrassa d’un ennemi venimeux, mais il donna une leçon de protection divine. Nous savons d’après le Glossaire de notre livre de texte: Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy, que “le feu” représente la destruction (voir p. 586). Mais “le feu” indique aussi “l’affliction qui purifie et ennoblit l’homme” (ib.) de sorte qu’il présente la pensée de démonstration. De plus, peu importe le nom que portera l’erreur, c’est-à-dire la bête. Donnez-lui le nom que vous voudrez, ou désignez-la par n’importe quel symptôme, l’occasion de faire une bonne démonstration sur la croyance demeurera néanmoins toujours.
Il est remarquable que ceux qui furent témoins de la manière dont Paul traita l’erreur perçurent un pouvoir et une faculté qu’ils ne possédaient pas et ne comprenaient pas. Cette perception du pouvoir guérisseur n’est pas inconnue à ceux qui abordent la Science Chrétienne avec le généreux désir d’apprécier et d’obtenir tout ce qui est bon; mais ce moyen chrétiennement scientifique de guérir n’a rien de mystérieux. Jésus déclara que ceux qui croient en lui devraient faire les œuvres qu’il fit. Il envoya ses disciples en leur recommandant spécialement de guérir les malades. Pour qu’on ne croie pas que ce pouvoir ne s’appliquait qu’à son temps et à ses propres disciples, il mentionna particulièrement les signes qui devaient suivre et qui devaient justifier la sanction divine.
Ce travail de régénération peut se faire en un moment, ou il peut demander des efforts prolongés et sérieux. Notre Leader parle de vaincre un mal immédiatement, “si l’Esprit, ou le pouvoir de l’Amour divin rend témoignage à la vérité” (Science et Santé, p. 411). Mais elle nous dit à la page 495 de notre livre de texte: “Étudiez-en à fond la lettre et absorbezen l’esprit;” et c’est ce qu’il faut faire si nous voulons progresser dans le bon travail. De toute façon, le ministère de la guérison demande que l’on soit prêt à guérir. Cette faculté d’appliquer la bonté, que donnent la compréhension et l’expérience, est l’effet de la croissance spirituelle et de la culture du sens spirituel.
Les guérisons qui s’opèrent dans la Science Chrétienne ne devraient pas être considérées comme surnaturelles ou extraordinaires: elles sont divinement autorisées et l’on doit par conséquent s’y attendre. Ce qui est surprenant c’est que nous n’en accomplissons pas davantage. Si l’on nous demande pourquoi les guérisons instantanées ne se font pas plus fréquemment, la réponse sera peut-être celle-ci: C’est parce qu’on manque de foi, ainsi que Jésus le dit aux apôtres qui n’avaient pas réussi à guérir le lunatique. Notre Sauveur affirma, sans faire de restriction, que “toutes choses sont possibles à celui qui croit.” En vérité, il n’est pas nécessaire d’énumérer les exemples dans lesquels notre Maître appuya sur le fait que la foi et la compréhension sont nécessaires pour accomplir la guérison. Son ministère tout entier a fait ressortir la nécessité de croire en Dieu et de s’appuyer sur Sa bonté envers les hommes, c’est-à-dire, d’avoir la croyance qui est devenue la foi, rendue efficace par la compréhension. Cette foi se manifeste par ce que saint Jacques appelle “la prière du juste, faite avec ferveur,” et qui guérit les malades. Heureusement, même dans la pensée du public, il n’y a plus guère de doute sur l’efficacité du traitement mental tel qu’il est expliqué par la Science Chrétienne, bien que, malheureusement pour les gens malades, le public n’ait pas encore accepté la tunique sans couture.
Les étudiants du christianisme savent que les premiers disciples de notre Maître enseignèrent et pratiquèrent la guérison chrétienne pendant trois cent ans à peu près. On n’oublie pas non plus que l’église souffrit de la persécution dirigée par l’ignorance et la superstition et que, cependant, elle prospéra. Alors, intronisée avec pompe et orgueil, rassasiée de prospérité, et affaible par la popularité, elle perdit peu à peu ces vertus primitives sur lesquelles repose le précieux privilège de ce ministère. En 1866, notre Leader redécouvrit cet art de la guérison chrétienne qui s’était perdu, et le rendit utile dès ici-bas et dès maintenant, chassant la crainte et secouant l’incrédulité. La Science Chrétienne est appelée chrétienne avec raison; et elle est vraiment scientifique, car elle est basée sur la compréhension de la réalité de l’Être, et elle est démontrable. Dans cette guérison nous arrivons à la “ferme assurance [substance] des choses qu’on espère;” mais nous n’accomplissons cela que dans la mesure où nous secouons la bête.
Ne nous lassons pas de faire le bien, car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons point. Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion, faisons du bien à tous, mais principalement à nos frères en la foi.— Galates 6:9, 10.
