Dans le monde actuel nul n'obéit plus aisément à cette exhortation de saint Paul: “Soyez reconnaissants,” que celui qui a reçu quelques-uns des merveilleux bienfaits qui reviennent au bénéficiaire de la Science Chrétienne. S'il devait expliquer les raisons qui lui font éprouver sa gratitude, il resterait peut-être même momentanément silencieux devant l'important appel qu'on y fait ainsi. Il est disposé à reconnaître comme Daniel que ce n'est pas en raison de quelque acte de justice qu'il a fait, mais par suite de la grande miséricorde de Dieu, que Sa merveilleuse bonté s'est ainsi manifestée; et il remercie Dieu de tout son cœur avec une adoration d'autant plus grande.
Il n'est pas étrange que la première pensée de gratitude de quiconque a ainsi reçu des bienfaits se traduise par des actions de grâces envers la Science Chrétienne elle-même; et, cependant, si l'on tentait de dire pourquoi il en est ainsi, on garderait peut-être encore le silence devant cette grande opportunité. Lorsque les bénédictions nous paraissent grandes et nombreuses, il est difficile de dire au juste par où il faut commencer pour les relater. Celui qui les a reçues trouve simplement que cette Science lui a ouvert les portes mêmes du ciel. C'est là ce qu'éprouve presque invariablement celui à qui l'enseignement clair et les dispensations bienfaisantes de la Science Chrétienne ont commencé à paraître avec leur puissance curative et régénératrice!
Lorsque la lumière presque écrasante de la Science Chrétienne commence à poindre, c'est à peine si l'on trouve des paroles pour exprimer la gratitude qui se réveille en soi. Elle vient nous dire que nous pouvons connaître et démontrer le chemin qui nous fait sortir de tout mal; que nous pouvons prouver le néant de tout péché, de toute maladie et de la mort, de toute peine et de toute séparation, de tout manque et de toute limitation. Ceci offre les possibilités les plus merveilleuses. Il semble que cela doive être à la fois plus facile et plus naturel de carrément laisser en arrière les sentiers que l'on a suivis précédemment et qui conduisent au mal, de prendre la direction opposée menant au bien, et de continuer à y marcher.
On pourrait se dire qu'au lieu de marcher vers la destruction et la mort en toutes choses, il serait facile de changer de direction et sans cesse marcher vers ce qui est constructif, vers la vie éternelle elle-même. Qu'il est donc naturel de suivre le chemin qui apporte la santé, le bonheur et la sainteté, l'affluence et l'intelligence! Il est certain que la gratitude m'accompagnerait à chaque pas! se dit-on en soi-même; et on se figure que rien ne pourra jamais tenter de se détourner de ce chemin où l'on trouve la joie, où l'on doit éprouver non seulement la béatitude d'un bien ininterrompu pour soi, mais aussi la joie d'administrer ce bien aux autres, alors qu'on commence à parcourir joyeusement ce chemin.
Qu'arrive-t-il alors, soi-disant? Tôt ou tard il se présente des difficultés, apparemment; les doutes et les craintes assaillent; les découragements semblent se multiplier; la gratitude décline. Celui qui s'efforce de suivre le chemin que désigne la Science Chrétienne est tenté de se demander pourquoi tout semble être si changé. Où son premier enthousiasme s'est-il envolé? Pourquoi ses victoires semblent-elles si peu nombreuses? S'est-il trompé de chemin après tout? Assurément non! En vérité, ces expériences sont précisément des preuves certaines qu'il marche dans le droit chemin.
Ainsi que Mrs. Eddy l'a écrit à la page 559 de Science et Santé avec la Clef des Écritures: “Ne murmurez pas contre la Vérité, si vous en trouvez la digestion amère;” et plus loin elle ajoute: “Ne soyez pas surprise ni mécontent parce qu'il vous faudra participer à la coupe de ciguë et manger les herbes amères.” Ces difficultés, ces doutes, ces craintes,— sont simplement la “coupe de ciguë” et les “herbes amères;” ce sont les pierres de touche que l'on trouve sur le chemin menant du sens à l'Ame. Ce sont là quelques-unes des expériences pour lesquelles nous devons devenir intelligemment reconnaissants. “Soyez reconnaissants.” Tel est, le long de notre course, le chant qui doit nous encourager à aller perpétuellement de l'avant.
Peut-être la plus difficile des leçons que nous ayons à apprendre dans la démonstration de la Science Chrétienne est-elle celle d'une gratitude constante,— celle de continuer à être reconnaissants, quels que soient le découragement et la discordance en apparence, et bien que ceux-ci puissent prétendre se présenter fréquemment. Telle est la preuve de notre foi en tout temps. Pouvoir remercier Dieu d'avoir ces opportunités — quelque formidables qu'elles puissent sembler — prouver le pouvoir de l'Esprit sur la matière, du bien sur le mal, de l'Amour sur la haine, de la santé sur la maladie, de la foi sur la crainte: c'est savoir que nous marchons sur le chemin de la Vie, de cette Vie qui ne connaît pas la mort.
Pareilles actions de grâces assureront toujours la victoire sur toute croyance au mal, et feront de chacun de nos jours d'heureux jours d'actions de grâces!