Quel formidable retentissement de courage font résonner d'un bout à l'autre les Béatitudes du Maître,— un courage calme et triomphant, profondément enraciné dans la fibre morale, un courage émanant de la compréhension la plus claire du véritable être spirituel qui ait jamais illuminé l'humanité. La huitième béatitude au chapitre cinq de l'Évangile selon saint Matthieu est ainsi conçue: “Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice; car le royaume des cieux est à eux! Vous serez heureux, lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi. Réjouissez-vous et tressaillez de joie, parce que votre récompense sera grande dans les cieux; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui sont venus avant vous.”
Or, il est impossible que Christ Jésus, dans cette merveilleuse déclaration, glorifiât la persécution pour l'amour de la persécution. Celui qui, par sa connaissance de Dieu, Principe divin, et de la loi parfaite de Dieu, dénonça le mal sous quelque forme qu'il se pratiquât, celui qui guérit les afflictions de l'humanité, quoi qu'elles prétendissent être, ne saurait être soupçonné d'avoir soutenu ou approuvé quelque pensée, parole ou action participant de la nature de la persécution. C'est précisément la pensée de ceci qui doit avoir mis sur ses lèvres une prière demandant la destruction du mal. Il savait bien, comme l'a si admirablement dit Mrs. Eddy, à la page 191 de The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, que “la persécution est la faiblesse des tyrans, que leur crainte a engendrée, et l'amour la bannira.”
Jusqu'à présent il n'a jamais existé un bienfaiteur de la race humaine qui n'ait eu des ennemis s'efforçant de le persécuter. Toutes les fois qu'il s'est montré des hommes ayant un courage moral assez grand pour essayer de redresser les erreurs humaines, ils ont rencontré l'opposition des malfaiteurs, et ont souvent été persécutés avec toute la violence insensée dont l'esprit humain non régénéré est capable. Témoin les nombreux martyrs Chrétiens depuis l'époque du Calvaire jusqu'à nos jours! Témoin les épreuves et les souffrances de ceux qui, ainsi que le montre toute l'histoire, se sont littéralement sacrifiés afin que leurs semblables pussent jouir de lois plus justes et de traitements plus équitables comme citoyens des nations dont ils sortaient. C'est affirmer un truisme de dire que chaque réforme, soit religieuse, politique ou sociale, s'est faite en faveur de l'humanité, au prix, quelquefois énorme pour le réformateur, d'une souffrance, mentale ou physique, ou même des deux.
Et comment se fait-il que la persécution morde toujours le talon du progrès de ce monde, essayant de l'entraver? Il n'est pas difficile d'en trouver la raison. La Science Chrétienne déclare que, alors que le bien est infini et omniprésent, le mal, le contraire hypothétique du bien, prétend toujours être omniprésent. De là, toutes les fois qu'une tentative est faite pour démontrer le fait spirituel de la présence et de l'utilité du bien en améliorant les lois et les institutions humaines, pour en faire bénéficier la famille humaine, le mal, qui prétend généralement agir par des personnes, paraît se dresser en opposition à la manifestation du bien. Alors, à moins que le réformateur ne connaisse métaphysiquement ce qui semble se passer, et que par sa compréhension de la Science divine il ne neutralise les fausses croyances du mal, il souffrira.
Mais quoique la persécution soit exécrable, elle a bien des fois été indirectement une bénédiction pour quelques membres de la race humaine. Saint Paul a dit à l'Église de Corinthe qu'il s'était complu “dans les faiblesses, dans les outrages, dans les détresses, dans les persécutions, dans les afflictions extrêmes, pour Christ,” et il ajouta: “Car, lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort.” L'apôtre déclara la véracité de ce que le Scientiste Chrétien a pu prouver dans bien des cas, c'est-à-dire, que lorsqu'il avait été dans l'affliction, souffrant peut-être d'une persécution injuste, il avait été poussé à s'attacher plus fermement que jamais au Christ, la Vérité, que la Science Chrétienne lui a révélé, et qu'il avait pu se réjouir même au milieu de ce semblant de tribulations. Il a prouvé la véracité des paroles de Mrs. Eddy à la page 8 de Miscellaneous Writings: “Tout ce qui purifie, sanctifie et qui rend la vie humaine sacrée, n'est pas un ennemi, quelque grandes que soient nos souffrances dans la marche du progrès.”
Il est de la plus haute importance que tous les hommes connaissent ce que la Science Chrétienne enseigne au sujet de la totalité du bien et de l'irréalité du mal. Savoir que le mal est irréel est une connaissance d'une valeur inestimable pour ceux qui se croient persécutés. Puisque Dieu est le bien infini, le mal ne saurait être réel. Le mal n'est qu'une conception erronée du soi-disant entendement humain. Toute soi-disant activité à laquelle croit l'entendement humain n'a qu'une existence supposée. Qu'adviendrait-il de la persécution si tous les hommes réalisaient la vérité concernant la totalité du bien? Pourrait-elle même sembler se produire? On ne perd pas de vue la prétention du mal dans la pratique de la Science Chrétienne; elle y est au contraire scientifiquement combattue ou traitée comme nulle à la lumière de la compréhension de la totalité du bien.
Les Scientistes Chrétiens doivent être sur leurs gardes. La propre commisération favorise simplement les desseins du prétendu persécuteur. Le conseil que donne notre vénérée Leader à la page de Miscellany déjà citée a une profonde signification: “Éloignez sans cesse de votre vue la personnalité, et cette bénédiction de Christ: ‘vous serez heureux,’ scellera votre apostolat de son sceau.”
