C'etait le jour de Hallowe'en (veille de la Toussaint), et un petit garçon avait dressé un “fantôme” dans sa chambre à jouer. Il avait placé au haut d'une petite échelle un potiron qui avait l'air de ricaner, couvert cette échelle d'un drap blanc et ajouté à cela une paire de bras maigres en carton qui s'étendaient. Le tout avait un aspect grotesque. Durant l'après-midi et la première partie de la soirée, l'enfant s'amusait beaucoup à jouer autour du fantôme et faisait semblant d'être effrayé. Mais à mesure que les ombres s'allongeaient dans la chambre, un sentiment de crainte commençait à assombrir le visage du petit garçon, et le plaisir que lui avait procuré l'image diminuait dans les mêmes proportions. On fit de la lumière, et pendant quelques moments la crainte fut allégée. Cependant, il se glissa enfin aux côtés de sa mère et lui dit tous bas: “Mère, j'ai peur du fantôme.” “Comment?” répondit la mère, “peur du fantôme que tu as fait toi-même?” “Oui,” répliqua l'enfant; “il est si laid que je crains même de le toucher.”
Là-dessus, la mère prit l'enfant par la main et, le conduisant vers l'image, elle lui dit: “Vois-tu, mon fils, il n'y a aucunement de quoi s'effrayer. Ta mère restera là pendant que tu déferas ceci, et puis tu verras que ce n'est autre chose qu'une échelle, un drap et un drôle de vieux potiron.” De ses doigts l'enfant commença à détacher la draperie avec quelque répugnance. Elle tomba et découvrit de nouveau les contours de l'échelle qu'il connaissait si bien. Ensuite, il enleva les mains de carton et éteignit la bougie allumée dans le potiron ricaneur. Alors, tout radieux, l'enfant regarda sa mère et poussa un long soupir de soulagement. “Mère,” dit-il, “je n'ai pas de crainte maintenant. Je vois que c'était le fantôme que j'avais fait moi-même.”
Ce simple incident expliquera peut-être une situation à laquelle nous — les enfants plus âgés — avons souvent à faire face. Lorsque la lumière de la Science Chrétienne se fait intérieurement, elle dévoile fréquemment dans notre conscience une créature qui nous effraie horriblement. C'est une chose terrible, pensons-nous, ayant une forme définie et un pouvoir sinistre. Elle s'appellera ou “maladie” ou “désastre,” ou “mort,” peut-être même. Bien qu'elle ne se compose que d'un grand nombre de fausses croyances, elle n'en semble pas moins formidable pour cela. En la contemplant, nous pourrons même craindre de nous en approcher et d'y toucher, afin de la descendre de sa place où elle semble avoir du pouvoir. Cependant, de même que Moïse fut autorisé par Dieu à ramasser le serpent devant lequel il avait fui, de même, si nous voulons bannir la chose que nous craignons, nous devrons l'examiner, la disséquer et la prendre pour ce qu'elle est,— un néant sans nom, une créature fabuleuse de concepts erronés, qui n'a non plus ni substance ni réalité. Mais nous trouverons également, ainsi que le découvrit Moïse lorsque le serpent qu'il avait craint devint un bâton utile, que notre bonne volonté de défier la crainte nous a apporté la force et le courage qui accompagnent la vraie victoire.
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