La prophétie d'Ésaïe concernant l'époque où “une nation ne lèvera plus l'épée contre l'autre, et on ne s'exercera plus à faire la guerre,” a toujours donné grand espoir à l'humanité, et l'humanité commence à penser que cet espoir pourra se réaliser, même à croire qu'elle serait bien aise d'être débarrassée de la guerre. Peut-être aucune pensée ne préoccupe-t-elle davantage le monde aujourd'hui, d'une façon générale, que celle qu'il faut épargner aux nations tout conflit, présent ou futur. Assurément, les hommes apprennent qu'en réalité on ne gagne pas grand'chose à lutter, et ils se concertent sur les voies et moyens d'éviter la guerre. Ils se demandent si leurs désirs ne pourraient être satisfaits de quelque manière moins terrible que celle qui non seulement amène la destruction pour leur voisin et pour ses intérêts, mais qui, en même temps, entraîne plus ou moins de désastre pour eux-mêmes et pour leurs propres affaires. En vérité, le monde commence à s'apercevoir qu'on ne peut souffrir seul. Les intérêts de tous les hommes sont si entrelacés que si l'un est béni tous les autres le sont également, si l'un est lésé tous les autres en souffrent dans une mesure.
La Science Chrétienne montre clairement que dans un certain sens les intérêts de chacun sont identiques. Il est donc tout à fait impossible à qui que ce soit de dire: Je suis entièrement indépendant de mes semblables, aussi je ne m'inquiète guère de ce qui peut les toucher, soit pour leur détriment soit autrement. Tous les hommes sont réellement liés indissolublement entre eux, et ce n'est qu'à mesure qu'ils se réveilleront pour reconnaître ce fait, qu'ils cesseront d'aller à la poursuite de leur intérêt personnel et qu'ils commenceront à chercher leur bien dans celui de leur prochain. Lorsque les hommes apprendront qu'en bénissant leur prochain ils servent réellement leurs propres intérêts, ils reconnaîtront la sagesse que manifestait Jésus lorsqu'il appuyait si fortement sur ce commandement: “Tu aimeras ton prochain comme toi-même.”
A la page 467 de “Science et Santé avec la Clef des Écritures,” Mrs. Eddy a fait une affirmation que connaît parfaitement tout Scientiste Chrétien. Peut-être les Scientistes Chrétiens ont-ils étudié et cité celle-ci aussi fréquemment qu'aucune autre. Elle écrit: “Il faudrait bien comprendre que tous les hommes ont un Entendement, un Dieu et Père, une Vie, une Vérité et un Amour. L'humanité deviendra parfaite dans la mesure où ce fait sera manifeste, les guerres cesseront et la vraie fraternité des hommes sera établie.” La prospérité future de notre Cause dépend grandement de la mise en pratique de la vérité que présente cette affirmation. Il est certain qu'on ne saurait jamais l'examiner trop sérieusement ni s'en servir avec trop de précision. Elle renferme le sentier menant à la démonstration de l'union parfaite entre les hommes et par conséquent de l'abolition de tout ce qui entraîne la guerre. En vérité, ce n'est que par la démonstration de cette vérité que la guerre sera finalement éliminée. Les Scientistes Chrétiens devraient par conséquent se réveiller pour reconnaître la responsabilité qui leur incombe de prouver,— surtout entre eux,— que cette vérité est pratique, qu'elle peut être démontrée ici et maintenant.
Dans toute l'étendue du mouvement de la Science Chrétienne, qui nous est si chère à chacun, il n'est probablement personne qui ne reconnaisse la vérité absolue de cette affirmation de notre Leader. Nous croyons tous que nous avons le même Dieu, le même Père; que nous avons le même Entendement, la même Vie, la même Vérité, le même Amour. De plus, que nous devenons parfaits dans la mesure où nous comprenons et démontrons ceci. Nous l'avons donc tous accepté comme pierre fondamentale de notre foi. Alors, il est certain que nous ne pouvons nous empêcher de voir que les intérêts de tout Scientiste Chrétien sont — c'est-à-dire doivent être — identiques. Notre responsabilité est donc, individuellement et collectivement, de prouver ceci entre nous si nous voulons arriver jusqu'au monde qui se croit encore plus ou moins opposé à la Science Chrétienne, et d'aider à ce monde à connaître cette vérité qui abolira entièrement la guerre.
Cette question se pose alors: Si réellement nous mettions tous en pratique cette vérité que nous professons, pourrait-il jamais y avoir des dissensions parmi les Scientistes? Certainement non! Il est facile de voir alors que si jamais il y a méprise ou désaccord, c'est bien parce qu'au lieu de ne considérer que la vérité concernant notre union en Dieu, dans l'Entendement, la Vie, la Vérité, l'Amour, nous avons permis à la pensée de s'égarer dans les croyances à l'égoïsme sous une forme quelconque; nous cherchons encore, de quelque manière, notre propre bien, non celui de notre voisin.
Si dans notre cœur nous faisons la guerre à notre frère, il serait bon que nous nous souvenions et que nous nous servions de ce que dit notre Leader à la page 224 de “Miscellaneous Writings”: “C'est notre orgueil qui fait que la critique d'un autre nous paraît irritante, notre propre volonté qui rend les actes d'un autre déplaisants, notre égotisme qui se sent blessé par suite de la présomption d'un autre.” Quelles que soient les erreurs, quels que soient les torts intentionnels, quelles que soient en apparence les provocations, nous avons toujours le système de la Science Chrétienne qui nous sert à démontrer que les frères n'ont jamais besoin de se quereller. Puisque telle est la foi que nous professons, le devoir de chacun de nous est alors de chasser les croyances à l'orgueil, à la propre volonté, à l'égotisme, jusqu'à ce que nous prouvions par notre propre mode de penser la vérité de l'affirmation que “tous les hommes ont un Entendement, un Dieu et Père, une Vie, une Vérité et un Amour.” Nous montrerons par là que nous aimons notre prochain comme nous-mêmes, et le monde embrassera la Science Chrétienne avec allégresse, et accomplira ainsi cette prophétie d'Ésaïe: “Et on ne s'exercera plus à faire la guerre.”
