En examinant la question de l'Église Chrétienne, on retourne naturellement à l'origine de cette Église décrite dans les enseignements de Christ Jésus. Un jour que le grand Maître s'efforçait d'élever la pensée de ses disciples au-dessus de la contemplation de sa personne, en qualité de fils du charpentier, pour leur faire reconnaître l'oint de Dieu, il leur demanda: "Qui est le Fils de l'homme, d'après ce que les hommes en disent?" Apparemment la réponse n'était pas satisfaisante, et il les interrogea une seconde fois: "Mais vous, qui dites-vous que je suis?" Alors Pierre, dans un débordement d'illumination spirituelle, s'écria: "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant!"
Reconnaître ainsi le Christ, c'était voir le Roc spirituel sur lequel Jésus déclara que l'Église du Christ devait être bâtie pour le temps et pour l'éternité. Pour appuyer sur le caractère sacré de cette Église et sur l'inviolabilité de son fondement, Jésus ajouta: "Et les portes du Séjour des morts ne prévaudront point contre elle." Ainsi le développement initial de l'Église du Christ mit en lumière sa vraie mission en tant que compréhension et démonstration du Christ, la Vérité, qui surmonte le péché et l'enfer.
Plus tard, la "révélation de Jésus-Christ" fut donnée par son ange à Jean, le disciple bien-aimé, relativement aux sept églises de l'Asie. Dans la révélation, saint Jean vit les sept chandeliers, qui "sont les sept Églises," et au milieu de ces chandeliers "quelqu'un qui ressemblait à un fils d'homme," en qui saint Pierre avait reconnu le Christ. Le nombre sept symbolise l'intégralité; et ces chandeliers symboliques — types de l'illumination pleine et entière que le Christ accorde à son Église — indiquent exactement ce qui, dans l'Église du Christ, rend efficace le défi au péché et à l'enfer.
Seul le Christ, la Vérité, peut dévoiler ou exposer la nature du péché; et lorsque la Vérité dévoile le péché, cette même Vérité est là pour le corriger conformément à Dieu. Ce dévoilement du néant du péché appartient essentiellement au domaine de l'Église du Christ, qui a même pour ministère d'ouvrir les sept sceaux de l'erreur; et le récit du descellement de ces sceaux dans le livre de l'Apocalypse suit les messages que reçurent les sept églises. La lutte entre l'Église du Christ et les forces de l'enfer est représentée plus loin dans le douzième chapitre de l'Apocalypse par une femme dans l'enfantement, poursuivie par le grand dragon rouge.
Dans le récit du quatrième jour de la création, donné dans le premier chapitre de la Genèse, il est question de deux grands luminaires, destinés à dominer, l'un sur la nuit et l'autre sur le jour. Dans la vision prophétique de Michée, l'un de ces deux "qui doit être le chef suprême d'Israël" devait être un homme et l'autre une femme. Le Révélateur dépeint aussi l'un de ces témoins divinement élus comme une femme, dont l'enfant devait "gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer." Mary Baker Eddy, la Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne, n'hésite pas à désigner ces deux témoins sous le nom de Christ Jésus et la Science Chrétienne (voir Miscellany, p. 347). Elle les dépeint de plus à la page 41 de "Christ and Christmas" comme un homme et une femme, représentant celle-ci avec le rouleau de la Science Chrétienne à la main. Elle déclare aussi à la page 565 de "Science et Santé avec la Clef des Écritures," que "le Christ, l'idée de Dieu, régira finalement toutes les nations et tous les peuples — impérativement, absolument, définitivement — avec la Science divine."
Le grand dragon rouge, qui était "furieux contre la femme," et "s'en alla faire la guerre au reste de ses enfants," est aussi représenté par le Révélateur comme la femme de Babylone,— symbole de la convoitise de la chair et de la sensualité,— portée par la bête à sept têtes et dix cornes. Le livre de Daniel décrit cette même bête, et indique clairement que seul le Christ prévaudra sur elle. Le Révélateur confirme cette donnée, et montre que cette bête reçut une blessure mortelle, et se guérit ensuite elle-même; ce dont le monde entier s'émerveilla. Ce qui veut dire que la convoitise et l'hypnotisme prétendaient égaler les œuvres de la Vérité. Les dix cornes de cette bête sont dépeintes comme dix rois qui "reçoivent le pouvoir royal, pour une heure, avec la bête." On ne devrait pas, par conséquent, trop longuement arrêter son attention sur le pouvoir qui est à son déclin, autrement on pourrait fermer les yeux sur le premier "roi" qui viendra régner à son tour.
Il sera facile de reconnaître ces rois, parce que leur but est de faire la guerre à ceux "qui observent les commandements de Dieu et qui gardent le témoignage de Jésus." Mrs. Eddy explique dans Science et Santé que ces dix cornes, ou rois, combattent contre les Dix Commandements, soit la loi complète,— cette loi que Christ Jésus vint accomplir. Tout ce qui s'oppose à la loi de l'Église du Christ doit, par conséquent, être cette même bête avec les sept têtes et les dix cornes, qui porte la femme de Babylone.
Or, appliquons cette leçon à l'expérience actuelle. Tous les Chrétiens admettront que la mission de l'Église Chrétienne est de défier et de vaincre le péché et l'enfer. En vérité, supprimons l'organisation de l'église, et il ne reste pas de quoi défier et vaincre la bête et les faux prophètes. Nous apprenons dans la Science Chrétienne qu' "une connaissance de l'erreur et de ses opérations doit précéder cette compréhension de la Vérité qui détruit l'erreur" (Science et Santé, p. 252). Nous apprenons aussi que lorsque l'église, ou une personne qui est reconnue par elle comme membre ou comme officier, défie le péché, ce dernier, étant donné sa nature, impute le mensonge à son accusateur, si c'est possible. Il est donc nécessaire d'apprendre à se protéger dans cette lutte. Lorsque la foule menaça de jeter Jésus du "sommet de la montagne" en raison de la colère que ses paroles allumèrent en eux, sa compréhension était suffisante pour supporter leur attaque, et pour lui permettre de passer au milieu de la foule sans être atteint.
Sachant qu'il ne lui reste que peu de temps, la bête se tourne naturellement contre son destructeur pour le déchirer. Si la bête le pouvait, elle désagrégerait, romperait ou détruirait même l'organisation de l'église, qui est devenue son bourreau. Un de ses systèmes est de détacher de l'église les membres qui ne sont pas aussi sages que l'était Jésus, afin de se protéger contre pareille attaque. Du temps des pionniers de l'Ouest, lorsque les chariots avançaient lentement à travers les plaines jusqu'au littoral de l'océan Pacifique, ceux qui ne pouvaient supporter la discipline nécessaire à un si grand mouvement s'en retournèrent et furent tués par les Indiens. Leur sécurité, aussi longtemps qu'ils étaient exposés aux grands dangers qui, ainsi qu'on le savait, existaient le long du chemin, n'était assurée que s'ils avançaient comme une unité, une organisation harmonieuse. Cela les obligeait à renoncer au moi et à apprendre à travailler harmonieusement avec les autres et à obéir aux règles indispensables à l'existence de l'organisation.
Pendant que notre Leader était avec nous personnellement, guidant et dirigeant son troupeau, toute tentative de chercher querelle à Mrs. Eddy indiquait inévitablement que l'on perdait la vraie conception de la Science Chrétienne. Aujourd'hui on peut être certain de perdre cette vraie conception si l'on trouve à redire aux activités qu'elle a instituées. Lorsque, pour différentes raisons, on commence à perdre son estime pour le Manuel de L'Église Mère, et que l'on devient un membre discordant et désobéissant, on se met, dans la mesure où l'on agit de la sorte, au niveau des intentions de la bête. Ceux qui laissent entrer pareille semence dans la pensée découvriront peut-être que cela même pourra les secouer hors de leur place. Un jour que Jésus s'était rendu compte que certains de ceux qui se disaient ses disciples devenaient mécontents et ne croyaient pas, il donna une loi qui devait déterminer le moyen d'arriver au salut. Il dit à cet effet: "Personne ne peut venir à moi, si cela ne lui a pas été donné par le Père." Évidemment, cet enseignement eut un résultat immédiat; car le verset qui vient aussitôt après dit: "Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent et ils n'allaient plus avec lui." Cet ébranlement continue à se produire, "afin que subsiste ce qui est inébranlable."
Toutes choses nécessaires à cette entière compréhension de l'idée-Christ qui nous apporte le salut à tous, nous viennent par les larges canaux de l'organisation de l'église de la Science Chrétienne. Lorsqu'on se détourne de cette organisation, que l'on prétend avoir une révélation avancée, ou que l'organisation n'est plus nécessaire, on est aveuglé et l'on ne s'aperçoit pas de sa propre désobéissance et du manque de bonne volonté d'observer la discipline essentielle à sa propre croissance spirituelle dans l'organisation. De plus, on devrait se rappeler que les deux témoins dont les fonctions sont de diriger ou de gouverner, furent simultanément institués avec la création. Les Scientistes Chrétiens qui sont disposés à reconnaître la femme de l'Apocalypse respecteront l'église fondée par Mary Baker Eddy, et obéiront d'autant plus promptement à ses règles de gouvernement. Mrs. Eddy dit à la page 203 de Miscellany: "Les lois de l'église auxquelles on obéit sans mutinerie sont des lois de Dieu." L'on comprendra alors pourquoi il faut que le Fondateur de l'Église du Christ, Scientiste, soit une femme portant le message de la Science Chrétienne, message qui est doux dans la bouche, mais amer aux entrailles.
Comme la mission de l'Église du Christ, Scientiste, se révélait à Jean, il vit se dérouler devant lui le summum du péché humain et sa destruction finale. Mais il ne se laissa ni troubler ni impressionner par ce dévoilement du mal, parce qu'il n'avait pas perdu de vue un seul instant la toute-présence et l'omnipotence de l'Amour divin. Un jour ou l'autre, tous les gens devront comprendre la vraie signification de l'Église ainsi que saint Jean la comprit lorsqu'il écrivit le livre de l'Apocalypse. Alors ils ne se laisseront plus troubler au sujet de la lutte avec le mal, et le but de l'organisation de l'église sera rempli.
L'heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité: ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité.— Jean 4:23, 24.
