Rien ne saurait mieux représenter les tendances de la nature humaine à vaciller, que la facilité avec laquelle elle prend de bonnes résolutions et le triste défaut qu'elle a de ne pas les garder. Une des causes de ce manque de stabilité est que l'individu est enclin à se féliciter d'avoir de nobles desseins, au point quelquefois même de les proclamer hautement, au lieu de profiter discrètement des moyens que Dieu met à sa disposition pour convertir ses desseins en un fait accompli.
En faisant sa déclaration verbalement, peut-être est-il poussé plus qu'il ne s'en doute par une supposition erronée que l'heureuse impulsion naît de lui-même; que la faculté de la mettre à exécution lui appartient; et que la gloire de l'avoir accomplie sera personnelle. Tout ceci exclut Dieu de l'entreprise, et amène presque inévitablement la défaite dès le début. De plus, toute agitation ou manifestation inutile, a pour effet de soulever l'adversaire et de l'inciter à mettre des obstacles sur le chemin. Les hommes qui accomplissent de grandes choses ne parlent guère de ce qu'ils vont faire. Ils se disposent intelligemment et assidûment à mettre l'entreprise à exécution, et la terminent avec succès avant que certaines prétendues forces découvrent que l'affaire est en voie de se faire.
Dans les temps passés, les résolutions que l'on prenait se bornaient surtout au domaine de la moralité; mais maintenant que la Science Chrétienne révèle que, grâce à la confiance que l'on accorde avec intelligence à la puissance divine, on est maître de sa destinée, non seulement dans la sphère de la moralité, mais aussi en ce qui concerne la santé, la noble détermination et les desseins résolus ont indiscutablement, ainsi qu'on le voit, une part importante à jouer dans le triomphe sur la maladie. Presque invariablement le commençant dans la Science Chrétienne constate une amélioration dans son état physique. Les maux de moindre importance disparaissent, et certains désordres chroniques sont amoindris sinon entièrement guéris, en raison de sa lecture décousue des publications de la Science Chrétienne, complétée, peut-être, par le secours d'un Scientiste plus expérimenté. Bien entendu, il est enchanté des résultats obtenus, et enthousiasmé de son étude et de son appréciation de la Science. Cependant, des mois et même des années pourront s'écouler avant qu'il comprenne ce que signifie cette situation. Alors, à un moment de douce méditation, peut-être, ou lors d'une crise de souffrance aiguë, se posera cette question qui exige une réponse nette: Vous fierez-vous dorénavant à la Vérité comme médecin, à l'exclusion de tous remèdes matériels?
Si ses recherches sur la Science Chrétienne l'ont mis à même d'en saisir les vérités fondamentales, sa réponse sera affirmative. Il rejettera tout argument en faveur des médicaments, parce qu'il comprend qu'ils ne renferment aucune vertu et qu'ils n'ont que le prétendu pouvoir dont la croyance humaine les revêt; et que bien qu'ils puissent momentanément paraître efficaces aux gens qui y ajoutent encore foi, ils n'ont aucune puissance pour lui, parce que sa foi, en vertu de laquelle ils eussent autrefois pu agir momentanément, a disparu et a fait place à une compréhension plus élevée.
Si l'on arrive à cette décision grâce à la prière, on ne l'annoncera pas bruyamment. On la fera reposer tranquillement et avec reconnaissance, bien que résolument, sur l'assurance calme que "Ses bras éternels ... soutiennent." Tout ce qui est de la nature de la vantardise sera supprimé, si telle chose se suggère. Qui n'a pas appris à travers de dures expériences que les déclarations de la vérité faites inutilement en temps d'argument ou d'enthousiasme ont dû être prouvées plus tard dans des circonstances plus ou moins pénibles? Il ne manquera pas d'empêchements quand il s'agira de mettre à exécution la bonne résolution, alors même qu'on la garderait sous silence. La proclamer indiscrètement ne fait que multiplier ou aggraver les obstructions. Suivre une telle voie, serait exciter l'adversaire, le défier de faire ce qu'il y a de plus mauvais. C'est voisin de la vantardise qui n'est pas un état de pensée prête à recevoir la bénédiction de Dieu.
Mais si la résolution semble, pour le moment, provoquer plutôt que diminuer les difficultés qui se présentent,— ainsi que cela peut arriver, alors même que cette résolution serait prise et judicieusement mise à exécution,— elle munira aussi l'individu d'une énergie nouvelle et d'une faculté plus grande de lutter avec les prétentions de la maladie. Aussi, toute obstruction qui s'opposera passagèrement au progrès, ne sera rien comparé au pouvoir en faveur de la santé à laquelle il s'est engagé en soutenant inflexiblement la justice. Il s'est acquis le droit d'avoir cette assurance: "Ne crains point, car je suis avec toi;" et il a gagné une perception de cette déclaration non compromettante de Mrs. Eddy que nous trouvons à la page 167 de "Science et Santé avec la Clef des Écritures": "Il n'est pas sage de vaciller et de s'arrêter à mi-chemin, ni de s'attendre à travailler également avec l'Esprit et la matière, avec la Vérité et l'erreur. ... Ce n'est qu'en s'appuyant radicalement sur la Vérité qu'on peut réaliser le pouvoir scientifique qui guérit."
Alors, l'individu commence sérieusement à étudier la Bible et les écrits de notre Leader, s'il ne l'a pas fait jusqu'alors, parce qu'il comprend que son salut et celui des autres qui pourront s'adresser à lui pour avoir de l'aide se reposent sur ce qu'il sait concernant la Science divine et sur ce qu'il en pratique. Mais s'il a assumé des responsabilités, il a aussi pris possession des moyens de les remplir, parce qu'il a mis de côté cet état incertain de la pensée qui invite précisément les éventualités des craintes, et il s'est mis exactement au niveau de cette impulsion de la Vérité qui annihile toute erreur, y compris les croyances à la maladie.
Quiconque partage sa fidélité entre deux systèmes sanitaires n'est susceptible de réussir avec aucun, et il est probable qu'il s'en tiendra finalement au plus matériel. Un médecin allopathe dit un jour à l'auteur que l'homéopathie a pour ainsi dire perdu son identité comme école de médecine distincte et s'est fondue avec l'allopathie, parce que ses praticiens ne se sont pas contentés de se reposer sur ses remèdes, mais qu'ils ont, à l'occasion, eu recours aux remèdes allopathes. Il dit aussi que, de la la même façon, l'allopathie renversera tous les autres systèmes curatifs, y compris la Science Chrétienne. Le Scientiste doutera peut-être de cette déduction concernant la fin de l'homéopathie, et il refusera certainement de croire que pareil sort soit réservé à la Science Chrétienne; mais il ne fermera pas les yeux sur la signification néfaste de l'argument. Cela le fera peut-être bien réfléchir, si à un moment quelconque il est tenté d'avoir recours au diagnostic ou au traitement matériels. Et bien qu'il ne condamne pas ceux qui pourront chanceler de ce côté-là, ne sachant pas contre quelles difficultés ils peuvent avoir à lutter, il s'attachera lui-même fermement à la foi, sachant que s'il en dévie il ne fera que prolonger ses difficultés. Il regardera au delà du soulagement momentané et douteux, et verra finalement qu'il n'y a pour lui aucun autre appui que Dieu; et il recherchera cette compréhension qui révèle qu'aucun autre secours n'est nécessaire, ni même possible, à aucun moment.
Toute hésitation de mettre son entière confiance en la Science Chrétienne est due à la répugnance du prétendu entendement humain à accepter tout ce qu'implique la Science Chrétienne. Il admet que la vérité peut corriger quelques erreurs, peut-être même la plus grande partie, mais il doute qu'elle puisse les corriger toutes. Il y a, par exemple, la tendance à recourir à la dentisterie matérielle, sans guère tenir compte de la puissance de la Science Chrétienne en cette matière, sinon d'admettre qu'elle peut soulager la douleur. Toute croyance erronée, dans quelque partie du système humain qu'elle prétende se loger, cède à la réalisation que la Vie est Dieu et que, par conséquent, elle fonctionne parfaitement en tous temps et en tous lieux. Un état sain et la stabilité ne sauraient être atteints ni diminués, car ce sont des qualités de cette substance indestructible qui constitue l'homme. Un jour, nous mettrons à profit cette vérité dans toute sa plénitude. En attendant nous pourrons du moins faire un bon commencement dans le sens où nous examinons la question, et ceci avant que quelques difficultés avec les dents s'imposent vraiment à nous. Les résultats satisfaisants déjà obtenus dans des cas individuels donnent cette assurance appréciable, si toutefois il y a lieu, que la Science Chrétienne est capable de remplir tous besoins, tant ici qu'ailleurs. Mrs. Eddy ne met aucune restriction à la déclaration qu'elle fait à la page 425 de Science et Santé: "Corrigez la croyance matérielle par l'intelligence spirituelle, et l'Esprit vous reconstituera."
On pourra s'excuser d'avoir manqué de s'être déclaré en faveur de la Vérité en disant qu'on manque de la compréhension et de la bonté nécessaires pour s'assurer l'aide divine, oubliant ainsi que l'intelligence et la justice sont précisément les qualités dont l'homme est doué en tant qu'image et ressemblance de Dieu. On ne saurait échapper à la conclusion que puisque Dieu est Entendement, Vie et Amour, Sa manifestation, l'homme spirituel ou réel, revêt la santé et la bonté, et sait qu'il en est ainsi. Que l'on s'attache résolument à cette grande vérité, et graduellement on la manifestera dans sa propre expérience. On ne sera pas longtemps déçu par l'argument de l'entendement mortel disant que bien que d'autres arrivent à sortir de leurs difficultés, il ne peut échapper aux siennes, parce qu'il n'en est pas digne ou qu'il n'a pas de discernement.
Il y aurait peu d'espoir pour aucun de nous s'il nous fallait être parfaits avant de pouvoir profiter des avantages de la Science Chrétienne. Elle nous enseigne que les pensées destructives réagissent pour détruire celui dont elles émanent; tandis que les pensées d'amour et de compassion favorisent infailliblement la santé et la longévité. En vérité, la Science Chrétienne nous donne une idée plus approfondie de tous les phénomènes de l'existence, et nous met ainsi à même de donner une orientation plus véritable à notre vie. Elle nous permet de prendre des résolutions sages et nous donne la force de les mettre à exécution, en ce qu'elle n'accorde de réalité qu'au bien, et qu'elle révèle que, alors que nous ne pouvons rien de nous-mêmes, nous sommes à même de dire comme saint Paul: "Je puis tout par Celui qui me fortifie."
