Lorsque Jésus donna le commandement: “Ne jugez pas,” il présentait une obligation que le genre humain n'a commencé à comprendre que bien des siècles plus tard et à laquelle par conséquent il a longtemps tardé à rendre entière obéissance. De la même manière, St. Paul enseigna ceci: “Toi donc, ô homme, qui que tu sois, qui juges les autres, tu es inexcusable; car, en les jugeant, tu te condamnes toi-même, puisque, toi qui les juges, tu fais les mêmes choses.” En dépit du fait que ces deux grands maîtres ont fortement appuyé sur le besoin d'éviter les jugements personnels, les hommes ont continué, à peu d'exceptions près, à juger les autres comme si le commandement: “Ne jugez pas,” n'avait jamais été énoncé. Et tout cela à cause de la croyance qu'il y a plusieurs personnes, et du sens personnel critique qui accompagne cette croyance.
Peut-être n'y a-t-il aucune coutume qui soit plus universelle parmi les hommes que celle de se juger les uns les autres concernant leurs pensées, leurs paroles et leurs actions. En effet, c'est à cela qu'ils pensent et c'est de cela qu'ils parlent la plupart du temps. Les résultats pernicieux qui s'ensuivent sont visibles, même pour l'observateur le plus superficiel. Assurément, les Chrétiens ont beaucoup parlé de l'injustice d'un jugement sévère, et depuis des siècles on prêche la bienveillance à ce propos. Néanmoins, il n'y a peut-être point de gens qui se soient permis des jugements plus cruels que certains de ceux qui se sont appelés Chrétiens,— ainsi que l'ont prouvé leurs persécutions réciproques lorsque sont survenues quelques différences de doctrine et de dogme religieux.
Bien que Jésus vécût la vérité qu'il enseignait, disant: “Moi, je ne juge personne;” bien qu'il définît même le moyen suivant lequel on devait s'abstenir de tout jugement erroné, lorsqu'il déclara: “Ne jugez pas sur l'apparence, mais jugez selon la justice,” la croyance à la personnalité a continué d'aveugler les hommes au point que la faculté de s'abstenir de juger devint si bien une lettre morte dans le code du Chrétien, que celui-ci en conclut apparemment qu'il était très légitime de juger un autre; et, de fait, que c'était une expression d'un haut degré d'intelligence que d'être à même de juger autrui.
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