Il est difficile de concevoir l'innocence en dehors de la gaieté. Le petit enfant, élevé avec la tendre sollicitude de l'amour maternel, étranger aux pratiques du mal, est souvent la véritable incarnation de la gaieté. Étant sans crainte, il vous salue avec un sourire heureux, se prend d'amitié pour vous avant que vous vous en aperceviez, et désire que vous partagiez tout de suite avec lui la joie, oui, l'allégresse de la vie, que, comme lui, vous soyez libre de soucis, plein de confiance, plein d'amour. L'innocence de l'enfance que Jésus cita comme exemple à ceux qui discutaient entre eux au sujet de la préséance, se manifeste de bien des manières, par la pureté, la simplicité, la douceur; et à travers toutes ces grâces on entend toujours résonner la musique de son hilarité, tantôt faible, tantôt exubérante, toujours animée par l'amour reflété de l'Amour.
La Bible contient de nombreux passages où l'on parle de la joie et de la gaieté. Le Nouveau Testament montre jusqu'à quel point on faisait allusion à ces expériences de bonheur dans les premiers temps du Christianisme. Christ Jésus n'a-t-il pas dit un jour à ses disciples: “Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit parfaite;” et à une autre occasion: “Votre cœur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie”? La consolation qu'il leur donnait par la vérité qu'il leur communiquait, devait leur apporter la joie qui était la sienne,— la joie qu'ils ne pouvaient perdre. N'est-ce pas St. Pierre qui, dans son grand sermon du jour de la Pentecôte, rendit ce témoignage: “Tu m'as fait connaître les sentiers de la vie; tu me rempliras de joie par ta présence”? Et St. Paul, qui faisait toujours des progrès, même au milieu des circonstances les plus adverses, a pu dire aux Romains avec pleine assurance: “Mais encore nous nous glorifions [réjouissons] en Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ,” et il a pu rappeler aux Galates que la joie était un des fruits de l'Esprit. Est-il possible de penser à l'un ou l'autre de ces pionniers du Christianisme sans avoir le sentiment que la joie qui était la leur, en vertu de la compréhension spirituelle qu'ils possédaient, a dû constamment se manifester extérieurement par des sourires et par une joyeuse hilarité?
Lorsque l'enjouement disparaît des yeux, c'est un signe que quelque chose va de travers. Un jour, Mrs. Eddy faisant allusion à certains mensonges que l'on faisait courir concernant sa santé, dit à ses lecteurs (Miscellaneous Writings, p. 239): “Passez au Massachusetts Metaphysical College en 1889, et jugez par vous-mêmes si je puis parler — et rire également!” Et son esprit vif et son humeur se montrèrent assurément dans les paroles qui suivent immédiatement les précédentes: “Faire des conférences, écrire, prêcher, enseigner, etc., sont une preuve suffisante que mon ombre ne diminue pas; et la substance prend de plus grandes proportions.” Nous nous représentons son joyeux éclat de rire se transformant en un bénin sourire de compassion tandis qu'elle écrivait ces mots. Mrs. Eddy aimait le sourire. Elle le contemplait partout dans tout ce que l'on appelle la nature, comme étant le symbole de cette beauté qui vient de Dieu. Elle parle dans ses ouvrages du sourire de la fleur et de la fontaine. Il ne pouvait en être autrement pour une personne qui aimait le beau et le bien, parce qu'elle savait si bien que Dieu est Amour et que Son amour est partout, qu'il est illimité, infini, souriant en quelque sorte à travers tous les symboles matériels que, dans ses limitations, le soi-disant entendement humain confond avec Ses idées spirituelles parfaites.
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