Lorsque Jésus dit: “Ne vous mettez donc pas en souci pour le lendemain; car le lendemain aura soin de ce qui le regarde,” il énonça un commandement que le genre humain a été bien lent à accepter et à mettre en pratique. Ce qu'enseigne ce commandement est trop incompatible avec les croyances générales du prétendu entendement humain qui ne considère que ses propres pensées, pour que les mortels comprennent tout de suite comment ils doivent obéir au commandement de Jésus, même s'ils en avaient le désir. Si l'on se place au point de vue des concepts erronés concernant la responsabilité, comme le fait le genre humain qui croit à la nécessité de préparer sans cesse des projets pour l'avenir, on aura de la peine à croire que Jésus ait pensé ce qu'il disait lorsqu'il prononça ces paroles. Le sens humain est accablé par la croyance qu'il doit toujours pourvoir d'avance à sa nourriture, à son entretien et à ses propres affaires, jusqu'à ce qu'il dise: Je meurs. Ensuite il s'imagine que c'est Dieu qui, de quelque manière inconnue, exécutera les plans.
Quelle pitié de voir le genre humain enchaîné par la croyance que, pendant de longues et pénibles années, toutes choses dépendent de lui et de ses pauvres et chétifs efforts! Il commence, dès sa tendre jeunesse, à se figurer qu'il a du plaisir à faire ses plans lui-même; il en prend volontiers la responsabilité et prétend qu'il est de son devoir de le faire, à tel point que la croyance à cette nécessité absolue devient un fait établi. Il trouvera donc absolument impossible de mettre journellement sa confiance en Dieu. Bien qu'en général, la croyance humaine ait reçu une éducation religieuse l'amenant à croire qu'il est important de se laisser guider par Dieu, elle ne va guère plus loin que de penser qu'Il confère à chacun quelque degré de sagesse et lui permet ensuite de l'employer d'une manière indépendante.
C'est à ce moment même que la Science Chrétienne intervient avec sa merveilleuse illumination et nous explique comment nous pouvons tous prétendre à l'activité continuelle de l'Entendement divin en tant qu'omni-présence perpétuellement utilisable. A la page 28 de “Retrospection and Introspection,” notre Leader bien-aimée, Mrs. Eddy, a dit: “Il [Dieu] doit être nôtre pratiquement, et guider chacune de nos pensées et de nos actions,”— non hier et peut-être encore demain, mais à chaque instant, partout et en toutes circonstances. C'est là une leçon très importante à apprendre, et même pour la mettre tant soit peu en pratique, nous avons besoin non seulement de beaucoup d'humilité, mais aussi d'une grande fermeté dans nos efforts. Toutefois, débuter dans cette direction, c'est commencer à détruire immédiatement la crainte et l'anxiété qui sont les compagnons constants de la fausse confiance que nous avons en nos propres efforts quand nous cherchons à accomplir, sans secours, une chose n'offrant selon toute évidence qu'une perspective beaucoup trop incertaine.
Si en commençant la journée nous comprenons que Dieu, l'Entendement divin, sera avec nous à toute heure, qu'Il nous donnera la sagesse, l'intelligence et l'amour, pouvant seuls résoudre tout problème, nous irons de l'avant avec courage et nous aurons l'assurance d'un succès complet. Nous ne serons pas accablés en pensant à l'avenir, mais nous pourrons nous consacrer entièrement aux occupations qui nous attendent. “A chaque jour suffit sa peine,” dit Jésus; et Mrs. Eddy écrit à la page 161 de “The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany”: “Nous ne pouvons point présumer du lendemain; à chaque jour suffit son devoir.” Aussitôt que nous reconnaîtrons que chaque jour nous donne l'occasion de combattre et de vaincre toute erreur que nous sommes prêts à traiter comme il convient, nous nous réjouirons de la simplicité de notre travail. Les problèmes actuels occupent suffisamment toutes nos pensées et toute notre attention, et en même temps, ils nous font mettre à profit les qualités divines que nous pouvons utiliser aujourd'hui.
En observant strictement les exigences du jour, nous ne limiterons aucunement notre capacité de prévoir le mal ni celle de le prévenir. Au contraire, cela nous unira si étroitement à l'Entendement divin que nous pourrons comprendre que “tout est à nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte.” Nous serons également à même de faire tout travail qui nous sera réservé. Le fait est que, même si nous désirions agir autrement, nous ne pourrions nous occuper que du moment présent. Aucun autre ne nous appartient. Si nous protégeons notre pensée du moment, si nous reflétons les activités mentales de la Vérité et de l'Amour comme la Science Chrétienne nous enseigne à le faire, tout ira bien, tout devra bien aller, plus tard. Si nous mettons à profit les qualités divinement mentales que Dieu nous dispense aujourd'hui, il nous sera possible de faire une démonstration plus parfaite le lendemain.
En apprenant à obéir plus complètement à ce commandement de Jésus, nous trouverons peut-être que le problème d'aujourd'hui renferme une grande partie de ce qui semble concerner le problème de demain. Il se peut qu'aujourd'hui, la sagesse nous dévoile jusqu'à un certain point un besoin futur qui exige que nous prenions présentement quelques mesures. Cependant, dans la proportion où nous surveillons notre penser de plus près et nous nous efforçons toujours de n'avoir que des pensées qui résident dans l'Entendement divin et lui appartiennent, nous découvrirons, peu à peu, que nous pouvons mieux distinguer entre ce qui fait partie d'aujourd'hui et ce qui peut être remis à plus tard. De sorte que s'il nous paraît nécessaire aujourd'hui de faire un travail préparatoire pour demain, nous devrions toujours reconnaître que — même dans ce cas — nous travaillons à exprimer notre penser d'aujourd'hui et à remplir notre devoir d'aujourd'hui, et que le pas du lendemain devra être fait avec la sagesse que le lendemain nous déroulera. Si, laissant l'avenir aux soins de Dieu, il apparaît des conditions auxquelles nous ne nous attendions pas, lorsque arrive enfin cet avenir, des voies différentes se présenteront et une lumière nouvelle transformera la vision du passé à tel point, que le résultat sera bien plus merveilleux qu'on n'aurait pu l'espérer.
Dans la mesure où nous nous déchargerons ainsi sur Lui de tous nos soucis, parce qu'Il a soin de nous, nous participerons de plus en plus complètement à la sagesse parfaite que notre Leader exprima, lorsque, conformément au commandement de Jésus, elle écrivit à la page 307 de “Miscellaneous Writings”: “Ne demandez jamais rien pour le lendemain: il suffit que l'Amour divin soit un secours toujours présent; et si vous attendez, sans avoir aucun doute, vous aurez à chaque instant tout ce dont vous avez besoin. Quel héritage merveilleux nous recevons grâce à la compréhension de l'Amour omniprésent! Nous ne pouvons pas en demander davantage; nous n'en désirons pas davantage; nous ne pouvons pas n recevoir davantage. Ces paroles: ‘Tais-toi, sois tranquille,’ sont une douce assurance pour alléger toute crainte humaine, toute douleur, quelles qu'elles soient.”
