“Prouver logiquement la vérité,” telle est l'une des significations que le dictionnaire donne du verbe “démontrer.” Il est par conséquent certain que, si la matière est une fausse représentation dans l'esprit mortel, nulle chose matérielle ne saurait être démontrée. La seule démonstration possible est celle du Principe, car la Vérité seule peut résister à l'épreuve. Toutefois, quand une démonstration du Principe devient un fait d'expérience, le résultat est souvent pris pour la cause, et l'avantage matériel pour la démonstration elle-même, au lieu d'être considéré comme ce qui la suit. Aussi est-il nécessaire de maintenir très nettement dans sa pensée le fait que c'est la plénitude de Dieu qui doit être démontrée, et non pas tel ou tel résultat matériel escompté, bien que celui-ci suivra certainement s'il est le bon. Mais l'esprit humain, étant “inimitié contre Dieu,” est incapable de déterminer les solutions les meilleures, et souvent se représente quelque avantage matériel qu'il cherche ensuite à “démontrer;” et s'il n'est pas “démontré” aisément, recours est fait à la volonté humaine censée produire, par pur argument de la force, en quelque sorte, la démonstration considérée la meilleure. De cette façon, sous la parure de déclarations touchant l'omniscience et l'omnipotence de Dieu, l'esprit humain cherche à plier les circonstances à sa guise, plutôt que de se soumettre docilement à la loi divine. On entend dire parfois qu'une maison doit être “démontrée,” ou bien une bicyclette, une machine à écrire, cent choses encore.
En réalité, ce qu'il importe de démontrer c'est le fait que l'Amour divin subvient à tous les besoins, mais quant à la solution exacte, elle ne saurait être aperçue que quand la démonstration est complète. Aussi, ne sert-il de rien de tordre les circonstances pour satisfaire les convenances du moment, même quand cela semble faisable; car, à moins que le changement de circonstances se fasse naturellement et inévitablement, comme “le signe extérieur et visible d'une grâce intérieure et spirituelle,” il n'est en aucune façon une démonstration du Principe, mais simplement une expression des vœux de la pensée humaine, et dans ce cas les progrès ne sauraient continuer, puisque les conditions mentales ne sont pas meilleures. Aussi, si l'on se trouve dans un milieu antagoniste, il ne sert à rien de déclarer: “L'harmonie est mon droit, c'est pourquoi je ne resterai pas ici au sein de la discorde.” Aussi longtemps qu'on croira en l'inharmonie, celle-ci fera son apparition dans notre milieu, inexorablement et invariablement, quel que soit le nombre de nos changements. Modifiez la pensée, néanmoins, et guérissez la croyance en l'inharmonie, et alors ou l'entourage précédemment hostile devient favorable ou bien, d'une façon parfaitement naturelle et harmonieuse, l'on est transporté dans une sphère meilleure.
Les événements ne sont que l'expression externe des croyances de l'esprit humain, et leurs transformations résultent de celles de la pensée. Il est certain que le seul moyen de permettre aux événements de prendre un cours systématiquement meilleur, c'est d'établir en soi-même de meilleures conditions mentales. Rien alors ne saurait s'opposer à la manifestation de l'harmonie, puisque nous avons la force nécessaire pour travailler à notre propre salut par la soumission à la loi de Dieu.
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