L'histoire nous apprend que les détenteurs d'opinions orthodoxes ont toujours eu la tendance d'examiner d'un œil critique les vues de ceux qui se sont séparés d'eux. Cet examen, hélas, est entrepris en général dans un dessein de pure et simple répression plutôt que d'éclaircissement. Preuve en est la présence de lois contre l'hérésie dans les codes des nations. A mesure que le monde devint plus humain, la torture des hérétiques fit place à la privation des droits civiques, puis à la pression qu'exercent l'ignorance et la bigoterie de la société. Dans ses “Lettres sur l'Angleterre,” Voltaire nota avec l'ironie qu'on lui connaît le fait qu' “un Anglais, pour qui la liberté est chose naturelle, peut se rendre au ciel par la voie qu'il préfère.” Il est certain que l'Anglais, celui de la liturgie de l'Église, qu'il fût “infidèle, hérétique ou turc,” pouvait se rendre dans son ciel sans passer en chemin par la prison de Sa Majesté; mais il serait intéressant de connaître l'opinion des Dissidents, des Juifs et des Catholiques romains à l'égard des limites imposées à leur liberté de conscience quand Georges II, ce miroir de la morale, était Défenseur de la Foi en Angleterre.
Georges II a fait place à Georges V. La situation d'inférieurs faite aux Dissidents, aux Juifs et aux Catholiques romains, n'existe plus. Il y a un archevêque du rite romain à Westminster, un ministre juif de la Justice, et les représentants des Églises Libres ont été appelés à orner les chaires cathédrales. Néanmoins, pareille à la marée, la raison humaine continue d'avoir ses mouvements de flux et de reflux. S'étant dégagée du carcan de la théologie, elle s'empresse de passer dans celui de la médecine. Aux trente-neuf articles elle substitue le catalogue des maladies infectieuses, elle remplace le serment du Test par la loi sur la vaccination, et, tout en admettant que les dogmes de la transsubstantiation et de la chute peuvent être révoqués en doute, elle condamne l'hérésie à l'endroit des sérums. Mais voici venir le problème, celui de toute tentative visant à légiférer illogiquement: S'il est loisible à un homme de jouir de sa liberté de conscience en ce qui concerne la Sainte-Cène ou la doctrine paulinienne de la chute, pourquoi le priver de cette même liberté vis-à-vis des paroles de la Bible sur la question de la guérison physique?
Les rédacteurs du rapport de la Conférence de Lambeth ont commis justement ici leur erreur fondamentale, erreur qui a vicié chacune de leurs conclusions en ce qui touche à la Christian Science. L'archevêque et les trente-et-un évêques qui examinèrent la question et dressèrent un rapport, se sont rendus coupables d'avoir critiqué une science démontrable en portant leur attention sur sa théorie et en ignorant sa pratique. Telle ne fut pas l'attitude du comité que présida le doyen de Westminster en 1914. Il reconnut l'impossibilité de séparer la cause de l'effet. Composé en parties égales des représentants les plus éminents de l'Église et de la Faculté, il demanda et obtint des preuves de la guérison par la Christian Science, preuves auxquelles étaient jointes une explication des enseignements de celle-ci portant sur des questions précises, choisies par les membres eux-mêmes. En procédant de la sorte, le comité n'alla jamais à l'encontre de la déclaration de Jésus qu'un arbre doit être connu par ses fruits.
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