“La plus petite de toutes les semences”

Quand Jésus rompit le pain à Emmaüs en compagnie des deux disciples, au lendemain de la résurrection, il nous est dit que leur cœur brûlait au-dedans d'eux à mesure que le Maître leur expliquait les Écritures. Ils virent alors l'immortalité du Christ et, par cette expérience, furent capables de suivre leur grand Modèle avec une vision plus lucide qu'auparavant. Il en va de même pour nous aujourd'hui; nos cœurs brûlent à mesure que nous lisons les Écritures et les ouvrages de Mary Baker Eddy. La lumière que la Science Chrétienne jette sur la Bible nous rend ses vérités spirituelles intelligibles; celles-ci nous paraissent actuelles et à portée. En lisant pour la première fois “The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany” de Mrs. Eddy, une étudiante de la Science Chrétienne fut profondément émue et, comme les deux disciples, sentit son cœur brûler au-dedans d'elle. Un sentiment débordant de gratitude et d'amour voulait qu'elle fît de plus grands efforts pour démontrer les enseignements de la Science Chrétienne,— lui demandait un sacrifice, exigeait quelque grande œuvre comme preuve de son appréciation de ce que la Fondatrice de la Science Chrétienne avait fait pour le monde. Quelle dette ne devait-elle pas à cette femme remarquable qui s'était toute donnée et qui était allée de l'avant avec persistance jusqu'à ce qu'elle eût établi sur un roc solide l'église qui a pour mission de guérir et de sauver le genre humain.

Ce désir de faire quelque chose de grand, quelque sacrifice extrême, devint de plus en plus fort et elle se mit à chercher les moyens de l'accomplir. Ce doit être une entreprise digne d'un sérieux effort, songea-t-elle, méditant la question pendant plusieurs heures. Et voici que, soudain, comme si une voix lui avait parlé, elle entendit ces paroles: “Mais quoi, ici-même, sous tes propres yeux, une grande tâche t'attend, si tu es sincère.” “C'est vrai,” pensa la femme, “mais qu'est-ce que cela? Ne sont-ce pas les vétilles que chacun rencontre? J'entends me vouer à une tâche qui compte vraiment.” La voix dit encore: “Cette nature irritable et impatiente, n'est-elle pas à surmonter? N'y a-t-il pas, en outre, une prétention tenace de pauvreté, un petit enfant grognon et agité? Voilà qui réclame l'application de ton intelligence de cette vérité qui guérit, et l'élimination de tous ces éléments de discorde.”

La femme, là-dessus, se sentit très humble, et ces problèmes, de nature si triviale, prirent à ses yeux d'énormes proportions. La tâche apparut formidable; allait-elle se trouver à sa hauteur? Son amour et son désir étaient-ils assez profonds pour la faire persévérer jusqu'à la destruction de toutes ces erreurs? Où aurait-on pu lui trouver un plus grand travail? Toutes ces questions, elle se les posa. Avec une insistance nouvelle, la voix lui dit qu'elle avait là, devant elle, l'occasion de prouver d'emblée sa consécration. Ce qu'elle fit, en effet. L'argument d'un bébé faisant ses premières dents était déjà vieux de plusieurs semaines; il l'avait souvent défiée et découragée. Elle s'attela à ce problème, néanmoins, ayant trouvé son inspiration dans ce texte se rapportant au grain de moutarde: “C'est bien la plus petite de toutes les semences, mais quand il a poussé, il est plus grand que les légumes, et il devient un arbre, en sorte que les oiseaux du ciel viennent faire leurs nids dans ses branches.” Une guérison immédiate et permanente fut le résultat. Heure par heure, jour par jour, les autres tâches furent entreprises à leur tour. Ces paroles de Mrs. Eddy dans “Miscellaneous Writings” (p. 118) fournissent souvent force et consolation: “Prenez courage; la lutte avec nous-mêmes est grande; elle nous donne fort à faire, mais le Principe divin collabore avec nous — et l'obéissance couronne d'une impérissable victoire l'effort qui sait persévérer.”