La crainte impuissante

Sans une compréhension correcte de Dieu, l'existence humaine est dénuée d'une joie ou d'une paix durable, parce que les mortels ignorent le fait que le bien seul est réel, et est l'unique pouvoir. Il y a des gens plus profondément immergés que d'autres dans la croyance que le mal a une puissance; aussi cet article est-il écrit dans l'espoir de leur venir en aide. Dès ma tendre enfance la crainte me rendit misérable. Il m'a toujours paru naturel de considérer le côté sombre des choses, et de m'attendre à tout instant à des ennuis pour les miens et pour moi. L'instruction religieuse ne me fit pas défaut, mais elle ne m'apporta ni paix ni consolation; de fait, les conceptions scholastiques de Dieu qui me furent offertes me Le rendirent plus effrayant que n'importe quoi. De nombreuses années s'écoulèrent dans cette ignorance “sans espérance et sans Dieu dans le monde,” jusqu'à ce que, en fin de compte, je fusse amenée à étudier la Science Chrétienne.

Ma première vision de la vérité fut si satisfaisante et si pleine d'inspiration que je fus transportée au sommet de la montagne, y demeurant heureuse et apparemment sans crainte pour un temps. Je fus obligée toutefois de redescendre dans la vallée et de prouver pour moi-même que le bien est le seul pouvoir. Dans “Science et Santé avec la Clef des Écritures,” notre Leader nous dit: “Le péché dont on a fait son ami intime, revient finalement vers soi avec une force accrue, car le diable sait qu'il ne lui reste que peu de temps.” Ceci est très vrai, car en m'apercevant que le danger consistait en la crainte du mal plus qu'en le mal lui-même, j'eus peur de la crainte autant qu'auparavant des germes matériels, du climat, etc. Ce fut pire encore, certes, car je ne pouvais pas m'échapper des suggestions mauvaises comme on s'enfuit d'un objet ou d'un lieu, et, d'autre part, je ne pouvais pas me permettre de trouver comme par le passé une issue en ne cessant d'exprimer l'erreur. Cette lutte dura bien des années et lors même que mes progrès me semblèrent fort lents je ne me décourageai pas, mais j'affrontais continuellement les suggestions de la crainte avec l'affirmation que le bien seul est puissance. Quoique cela me parût souvent une pure et simple répétition de mots, je déclairais la vérité sans répit, car je me disais que de même que l'enfant apprend à comprendre la table de multiplication en répétant les applications de la règle, de même je pouvais apprendre la vérité à l'égard de Dieu si j'avais suffisamment de patience et de persévérance.

Je suis heureuse de dire que mes efforts pour m'attacher à Dieu ont été généreusement récompensés, car je réalisai un jour avec netteté que mon salut s'élaborait de façon magnifique, qu'en dépit de mes craintes et tremblements les malades avaient été guéris et le foyer régénéré. Depuis lors je n'ai plus été pareillement assujettie à la crainte, car j'ai prouvé dans une faible mesure ce que notre Leader a dit à la page 273 de Science et Santé: “La Science montre que les opinions et les croyances matérielles, contradictoires et mortelles, émettent en tous temps les effets de l'erreur, mais cette atmosphère de l'entendement mortel ne peut détruire les mœurs et la santé, si on lui oppose promptement et avec persistance la Science Chrétienne.” Que les natures inquiètes se réjouissent donc de ce que nous ayons une assurance aussi réconfortante. S'il ne nous est pas possible de faire taire à l'instant ces suggestions de la crainte, nous savons que nous pouvons en dernier ressort les nullifier en nous attachant avec promptitude et persévérance à la vérité.