Dans le onzième chapitre de Marc, nous lisons ces paroles du Maître si profondément significatives: “Quand vous vous levez pour prier, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnez, afin que votre Père, qui est dans les cieux, vous pardonne aussi vos fautes. Mais si vous ne pardonnez pas, votre Père, qui est dans les cieux, ne vous pardonnera pas non plus vos fautes.” Quelqu'un vous a-t-il causé grand dommage? A-t-il manqué de christianisme à votre égard? Vous le pensez et vous vous demandez si, par complaisance, il faut passer outre. Et cependant, pourquoi ne pas dire à l'offenseur ses torts les plus évidents? Nous pouvons toujours reconnaître la vérité qui détruit l'erreur et raisonner avec celui qui, à notre avis, a commis une offense. Devriez-vous médire de lui auprès des autres? Non! Jésus, en raison de sa compréhension spirituelle, fut peut-être le meilleur critique que le monde ait connu. Mrs. Eddy en était également un remarquable, mais l'un comme l'autre ne jugeait qu'à bon escient. Leur façon de critiquer séparait le bien du mal, montrant l'un réel et l'autre un néant. Au fait, personne ne peut être sincère et droit et ne pas être en même temps un excellent critique. Il faut savoir différencier ce qui est juste d'avec ce qui ne l'est pas. C'est là une chose à faire tout d'abord et en grande partie dans notre propre pensée, sans aller médire de quelqu'un. Le mal n'est pas une personne; le mal n'est pas une chose. Sans avoir à étaler les fautes d'autrui devant nos voisins, devant les membres de l'église, ou devant qui que ce soit, nous pouvons toujours, si nos pensées sont pleines d'amour, contribuer à la correction des fautes de ce monde, soit d'une façon ouverte, soit en sachant et en pensant la Vérité dans notre for intérieur.
Jésus nous a enseigné à prier: “Délivre-nous du mal.” Il n'a pas dit de prier afin d'être délivré de certaines personnes. C'est la malveillance, le ressentiment, la susceptibilité, une erreur enfin de quelque espèce, qui amènent la maladie et les ennuis. Jésus n'a jamais permis au péché, ou au diable comme il s'appelait si souvent alors, d'entrer comme réel dans sa pensée. Sa claire perception de l'irréalité de la maladie ou du péché les détruisait, et cette destruction était toujours ordonnée avec une parfaite autorité. Sa façon d'annuler le péché en pensée fut le véritable pardon, la vraie rémission; car le péché et la maladie n'existent pas en réalité mais seulement en croyance. Cette croyance détruite, le patient était pardonné et sa santé retrouvée, car ses péchés avaient été effacés,— y compris celui qui avait provoqué la maladie.
La destruction du péché est le véritable pardon et la véritable rémission. Si quelqu'un dit: “Je vous pardonne,” tout en continuant à faire une réalité du mal, il ne le pardonne pas vraiment. Ressentir un tort fait par autrui, c'est se rendre ce tort réel à soi-même, c'est souffrir peut-être davantage que celui qui nous en a voulu. “Car on vous jugera comme vous jugez, et on se servira pour vous de la mesure avec laquelle vous mesurez.” Il est facile de voir les péchés apparents, surtout quand il s'agit du prochain; mais ce sont les fautes secrètes, les péchés tapis au fond de nous-mêmes qui, à moins que nous ne vivions bien près du cœur de l'Amour, ne sont pas aisément perceptibles. Ces fautes secrètes peuvent empoisonner notre façon de penser avant que nous n'en ayons conscience. Aussi, à juste titre, nous demanderons-nous pourquoi nos patients ne sont pas guéris, ou pourquoi nous ne sommes pas nous-mêmes affranchis de quelque maladie ou autre chose fâcheuse! Il est subtil le mal qui consiste à ne pas vouloir pardonner aux autres comme nous voudrions être pardonnés nous-mêmes. Condamner notre prochain peut sembler une petite affaire, mais c'est un péché dangereux, un péché dont le genre humain a été plus ou moins la victime, et faute de l'éviter, nous irons contre des brisants et ferons naufrage.
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