Les nombreux et divers bienfaits qui se sont réalisés par la Science Chrétienne me font éprouver une grande reconnaissance; cependant, rien ne réveille en moi, à l'heure qu'il est, une gratitude aussi profonde que le nouveau concept d'église qu'elle m'a révélé. Récemment j'ai eu une expérience qui m'a montré d'une manière convaincante jusqu'à quel point mon ancienne conception s'est élevée et spiritualisée. Lorsqu'on donna ordre de fermer toutes les églises en raison de l'épidémie régnante, j'en éprouvai beaucoup de ressentiment et de révolte. Le culte de l'église était pour moi d'une si grande importance, et je savais qu'il l'était également pour une foule de gens, que je me demandai avec indignation s'il était juste que nous fussions privés du secours de ces services au moment où nous en avions le plus besoin. Je me dis que mon indignation était bien justifiée, que non seulement il était injuste mais absurde que les gens fussent privés d'un culte dont la seule mission, le seul but, est de guérir la maladie et le péché et de bannir la crainte, parce que peut-être quelques personnes non-éclairées ne comprenaient pas, et ne voulaient pas comprendre, que ce culte ne pouvait absolument pas répandre la maladie, mais que, de par sa nature même, il devait plutôt la détruire en raison des déclarations de la loi divine qu'on y entend et qu'on accepte.
En prenant cette attitude mentale, je cherchais simplement à me tromper moi-même, puisque je savais qu'il n'existe pas de juste colère, car la vraie justice, qui est le penser juste et spirituel, ne connaît et n'éprouve ni indignation ni colère. Je savais fort bien aussi que si je me livrais à ces pensées de révolte, cela ne ferait de bien à personne, et que cela ne tendrait certainement pas à ouvrir les portes d'aucune église; alors je pris la résolution de mieux faire, de trouver le moyen de penser juste. Je savais que ceci aiderait à ramener au point les choses sur le plan humain, de sorte que le bien et la justice prévaudraient pour tout le monde, et que personne ne serait frustré du ministère guérisseur du culte de notre église.
Ainsi que le font invariablement ceux qui étudient la Science Chrétienne, je cherchai un refuge dans le livre de texte, "Science et Santé avec la Clef des Écritures," et j'y trouvai la définition d'église à la page 583. Je croyais déjà suffisamment comprendre cette définition, mais je découvris bientôt que je n'avais encore fait que le premier pas. Comme je lisais ces paroles bien connues: "La structure de la Vérité et de l'Amour; tout ce qui repose sur le Principe divin et en procède," je me rendis subitement compte que personne n'avait jamais été et ne pourrait jamais être privé de "la structure de la Vérité et de l'Amour," que cette structure est une idée divine toujours présente dans la conscience spirituelle de l'homme, que l'église est quelque chose de vital dans notre propre conscience et quelque chose dont nous ne pourrons jamais être privés. Les portes de cette structure n'ont jamais été fermées et ne pourront jamais l'être; elles sont éternellement ouvertes; ce qui "repose sur le Principe divin et en procède," n'a jamais été frappé d'interdiction et ne saurait jamais l'être, car c'est l'expression de la loi éternelle, immuable, toujours présente et opérant sans cesse, cette loi qui renie et bannit absolument et pour toujours la croyance à la maladie, quels qu'en soient le nom et la nature.
Puis je me rendis compte que puisque l'église est quelque chose que l'on peut toujours avoir avec soi, on ne peut jamais être privé de son ministère bienfaisant et guérisseur pendant un seul instant. Ainsi je compris dans une certaine mesure que j'étais à ce moment même en possession de cette église, cette idée divine qui exprime pour toujours, et par conséquent reflète, la loi et l'activité qui doivent nier et détruire la prétendue croyance à l'épidémie; et qu'en possédant ceci, je pouvais m'employer au ministère et au culte guérisseurs de cette église pour ceux qui feraient appel à moi.
J'examinai ensuite le second paragraphe de cette définition d'église: "L'Église est cette institution qui donne des preuves de son utilité et que l'on trouve ennoblissant la race, réveillant de ses croyances matérielles la compréhension endormie jusqu'à comprendre les idées spirituelles." Je jetai ensuite un coup d'œil sur les quelques lignes qui précèdent et je lus la définition suivante qui me remplit toujours de respect et d'admiration: "Christ. La manifestation divine de Dieu, qui vient à la chair pour détruire l'erreur incarnée." Alors, je compris mieux que jamais que l'église de la Science Chrétienne représente actuellement cette manifestation divine que le concept spirituel d'église a apportée à l'humanité; je vis qu'elle est l'expression de ce concept amélioré dans la conscience humaine par l'activité et la loi de l'idée juste de l'église. Cette église donne vraiment "des preuves de son utilité," parce qu'elle apporte le Christ à la chair; elle bannit les croyances matérielles erronées à l'aide des idées spirituelles, "chassant ainsi les démons, ou l'erreur," et par conséquent "guérissant les malades."
Le cœur tout joyeux, je pris alors le Quarterly, je l'ouvris à la Leçon-Sermon de la semaine, et je commençai aussitôt le culte. Un ancien proverbe dit que l'amour rit des serruriers, et assurément ce sens plus élevé et plus divin de l'amour put à ce moment-là rire des interdictions et des ordres; car le culte se faisait là dans son intégralité, et les portes de l'église étaient grandes ouvertes. Ce culte aide à l'humanité saisie d'une terreur panique, car il fait abondamment preuve de son utilité,— il chasse les erreurs et guérit les malades. De plus, il contribue à apporter la manifestation du bien et de la justice dans les affaires humaines, et les portes des églises de la Science Chrétienne sont de nouveau grandes ouvertes.
Lorsque j'allai porter ce message d'Amour et de guérison, j'eus la joie indescriptible de savoir que j'emportais avec moi l'activité curative de cette église; cette expérience me donna un sens plus élevé et plus saint de ce qu'est le privilège d'appartenir à l'église, et je vis clairement qu'en réalité je ne puis "appartenir" à l'Église du Christ, Scientiste, que dans la mesure où elle m'appartient,— où elle fait réellement partie de moi. Cette expérience fut pour moi d'une grande importance, car je vis aussitôt cette conception d'église chasser les démons de la crainte et d'une maladie épidémique. Un chant d'allégresse s'éleva dans mon cœur et j'entendis résonner ces paroles d'un de nos cantiques que nous trouvons à la page 44 de notre "Hymnal":—
Indiquer ce chemin vivant,
Énoncer cette vérité "qui affranchit les hommes,"
Apporter des cieux cette vie vivifiante,
Tel est le ministère le plus élevé.
