La Science Chrétienne fait de notre monde splendide la terre du matin quand nous le voyons à la blanche lumière de la Vérité, et ceux qui étudient "Science et Santé avec la Clef des Écritures," par Mrs. Eddy, le Guide bien-aimé du mouvement, glanent des leçons spirituelles tout le long des sentiers qu'ils parcourent en passant des heures aux années. Un matin j'arrivai plus tôt que d'ordinaire au bureau où je travaillais. C'était une journée d'été ensoleillée et au dehors tout semblait me sourire radieusement, comme embrasé par la même gratitude que moi-même je ressentais. Me remémorant l'injonction de notre Guide: "Les actes expriment plus de reconnaissance que les paroles" (Science et Santé, p.3), je dis en mon cœur: "Cher Père, s'il y a un moyen quelconque de Te rendre service pendant ces courts instants avant que ne commence la tâche de la journée, je ferai volontiers tout ce qui pourra se présenter à moi."
Aussitôt je m'orientai, apparemment sans qu'il fût question de ma propre volition et sans rien avoir en vue, vers une suite de bureaux non occupés dans le même immeuble. Dans une pièce il y avait deux fenêtres à côté l'une de l'autre, s'ouvrant toutes deux sur le même large rebord de pierre. La fenêtre de droite était ouverte, celle de gauche était fermée. Un moineau était entré dans la pièce vide pour y trouver un abri pendant la nuit. Il avait évidemment volé incessamment ça et là et s'était efforcé désespérément avec toute la force de ses ailes effrénées de sortir par la fenêtre fermêe. Lorsque j'entrai il y eut un dernier trémoussement d'ailes pitoyable et alors la lutte cessa. Il se tenait sur le rebord, absolument épuisé par les efforts qu'il avait faits, ses yeux brillants fixés sur moi, et il ne bougea pas même quand l'ombre de ma main tomba sur lui.
Je le ramassai donc, ce pauvre oiseau, si petit, si lassé, si ébouriffé—je le ramassai lentement afin qu'il n'y eût plus aucun spasme de crainte, je le pris soigneusement et sûrement afin de ne pas lui faire de mal—et, le retirant de ce qui lui barrait le chemin, je le plaçai doucement sur le rebord de pierre en dehors de la fenêtre ouverte où il pouvait se rendre compte de sa liberté grâce au zéphyr qui le caresserait. Nous nous regardâmes, le moineau et moi, un peu plus longtemps,—nous réfléchissions. Alors, attiré par la vie du dehors, le moineau s'envola par-dessus les toits pour retrouver sa place, et moi—je m'en retournai à. la mienne.
Oh! ce moineau! Dès la première lueur de l'aube il avait essayé de franchir cette barrière qu'il ne comprenait pas et ne pouvait alors comprendre. Le monde qu'il connaissait et qu'il aimait était devant lui—il le voyait distinctement,—le ciel, les arbres, le toit,—et cependant une barrière cruelle et impitoyable se dressait entre eux et lui, privant le petit oiseau de liberté et de manger, de chanson et de joie—de tout ce qu'il voyait devant lui. D'autres moineaux volaient ça et là, en haut, en bas, dans l'allégresse de la vie et de vivre, mais pour lui—toujours la barrière. Et cependant tout ce temps le chemin menant à la liberté et au bonheur était si proche, si clair. Il n'avait qu'à cesser ses efforts effrénés et essoufflés, qu'à planer pour un instant, qu'à se tourner dans la bonne direction, là rien n'entravait le chemin menant à la liberté. Devant cette autre fenêtre il y avait le même rebord en pierre, surplombant la rue de la ville, le même monde gai et joyeux—et rien qui lui barrât le chemin.
Et lorsque le moineau avait tout fait sans rien accomplir, et qu'une main secourable l'avait ramassé, quel moment d'effroi et de désespoir il avait eu! Cette main, n'était-ce pas le dernier écrasement—la fin? Si l'ombre de cette main encore ouverte le remplissait de terreur, alors assurément la main fermée, le noir, c'était la mort. Quelle joie plus grande pour un moineau que de voir s'ouvrir cette main, de se trouver affranchi de la confusion, de la lassitude, dans la bonne chaleur du soleil, caressé par le zéphyr heureux et libre? Une pensée était venue, poussée par l'inspiration de l'amour, au moment propice comme toujours, alors qu'il n'y avait plus de force pour se jeter affolé de ci, de là, pour se heurter contre le plafond et les murs, pour tout ce qui n'était que futilité ou délai. L'Amour avait rempli le besoin, pas trop tôt, pas trop tard. Jésus ne dit-il pas: "il n'en tombe pas un seul à terre sans la volonté de votre Père"? Et le Père-Mère Dieu, l'intelligence infinie, l'Amour infini, n'arrive jamais trop tard.
Et nous, ne le réaliserons-nous pas? Cessons de nous débattre et soyons en repos. Ce que le sens mortel redoute peut bien n'être que la main de l'Amour qui approche de nous. Et ce qui vient ensuite, quoi que cela puisse sembler, n'est jamais et ne saurait jamais être l'écrasement cruel des aspirations qui planent toujours plus haut,—jamais une espérance mutilée, un cœur découragé, les ténèbres de la mort. La main de l'Amour se ferme sur nous, puis s'ouvre, pour nous donner à tout jamais la liberté. Et ainsi nous nous trouvons. Donc soyons en repos, afin d'être plus prêts pour qu'on nous trouve,—plus prêts pour la liberté; plus forts quand nous devrons prendre notre essor sur les vents des sages desseins de Dieu, au soleil de l'Âme.
