Les questions suivantes pourront se poser: Pourquoi un Juif deviendrait-il un Scientiste Chrétien? Quelle bonne chose la Science Chrétienne fournit-elle que des siècles de Judaïsme n'ont pas réussi à fournir? Lorsqu'on se rend compte du nombre toujours croissant des Juifs qui adoptent cette religion du vingtième siècle, l'on voit que ces questions sont adaptées à l'heure actuelle. Après qu'une race s'est consacrée pendant des siècles à une certaine religion, il lui faut un mobile bien puissant pour la pousser à prendre intérêt à un autre mouvement. Qu'est-ce qui justifie un pareil pas? Assurément ce doit être une influence puissante qui peut faire changer un peuple inébranlable jusqu'ici.
La spiritualité est l'élément que fournit la Science Chrétienne. C'est pour avoir cette "bonne chose" que le Juif quitte la religion de ses pères et qu'il embrasse volontiers la Science Chrétienne. Je désire humblement et sincèrement indiquer le processus mental par lequel je traversai pas à pas le chemin menant du Judaïsme à la Science Chrétienne. Dès le premier réveil de mon être conscient j'ai toujours ressenti le désir ardent pour quelque chose de plus haut, de meilleur, que ce que m'offrait la vie journalière. C'est à l'âge de deux ans que je fis le premier pas mental qui marquait ce désir. Il faisait nuit et ma jeune tante m'emmena faire une petite promenade devant notre maisonnette. Évidemment c'était la première fois que je me trouvais dehors la nuit. Je me souviens que je regardai le ciel avec un étonnement mêlé de crainte, et essayai d'exprimer en paroles le bleu sombre du ciel, l'immensité de l'espace. Je cherchai à exprimer mon sens de l'incommensurable.
Ma mère était profondément religieuse et orthodoxe. Bien que notre famille appartînt au temple, ma mère était fière du fait qu'elle observait méticuleusement tout le rituel de son éducation orthodoxe. J'avais sept ans lorsque nous partîmes pour faire, quatre ans durant, le tour des États-Unis. Ma mère ne mangea pas une seule fois pendant toute cette période une bouchée de viande "impure"; la viande qui provenait de bêtes tuées et préparées selon la loi Mosaïque était la seule qu'elle voulût manger. Je me rappelle bien les efforts que dut faire mon père pour découvrir les endroits où l'on pourrait lui procurer un repas préparé selon les formes judaïques. Bien que ma mère maigrît et devînt maladive, elle se cramponna néanmoins à son sens de fidélité à sa religion. Je cite ceci pour montrer combien les observances religieuses m'avaient été inculquées.
La première démarche que faisait ma mère en arrivant dans une ville, c'était d'y chercher la synagogue. Nous étions huit dans la famille et j'étais la seule qui allât régulièrement à l'église avec elle. Je ne puis expliquer pourquoi j'y allai si ce n'est qu'il y avait en moi un désir vague et inassouvi qui cherchait la paix et croyait la trouver dans l'église. Après ce voyage nous nous installâmes dans une ville de l'ouest et nous nous joignîmes à la synagogue de cette ville. C'est à ce moment-là que je trouvai beaucoup de réconfort dans le Livre de Prières. Ce livre était presque entièrement composé de psaumes choisis et il fut pour moi d'une grande consolation. En le lisant, ces paroles devinrent une partie intégrale de ma conscience: "Il est mon rocher, et il n'y a point en lui d'iniquité." Cette idée me nourrit de pain spirituel pendant les années maigres et stériles qui précédèrent la venue de la Science Chrétienne. Regardant en arrière, je constate que je cherchais toujours la raison pour laquelle j'existais. Je pris l'habitude de demander à mes camarades d'école quelles étaient leurs vues sur la religion, et cela aida à briser petit à petit l'étroit ritualisme des enseignements que je recevais chez moi.
La vie m'ouvrit son livre à un chapitre nouveau de développement mental lorsque j'entrai à l'école supérieure. La leçon la plus précieuse que je reçus me vint lorsqu'on me présenta le Nouveau Testament. Pendant la lecture de la Bible dans la chapelle j'écoutais souvent des paroles secourables et "pleines de grâce." Un jour il me vint à l'idée d'en découvrir la source. Lors de la prochaine lecture de la Bible je fis bien attention au titre du passage choisi. Il arriva que le passage était tiré du Sermon sur la Montagne. Ce fut pour moi la révélation du véritable caractère de Christ Jésus. Je savais que ces paroles ne pouvaient venir que d'un homme bon et sage,—surtout d'un homme bon. Je réfléchissais beaucoup sur cette nouvelle représentation de Jésus. Il ne me vint jamais à l'idée d'avoir aucun doute sur la décision à laquelle j'arrivai—que Jésus était un homme bon et juste. Je me rendis bien compte, cependant, qu'il avait été fort méconnu par les Juifs.
A ce moment-là ma tante, la femme d'un rabbin, vint nous voir. Je lui demandai de m'éclairer sur un point qui me troublait beaucoup. Je lui posai la question: "Un bon Juif peut-il être un Chrétien?" La pauvre chère dame fut scandalisée. Le visage plein de frayeur elle s'écria: "Ne dis plus jamais cela." Elle en était toute bouleversée. Elle avait peur pour moi parce que j'avais osé formuler une question aussi hérétique. Je désirais réellement savoir si un bon Juif pouvait être Chrétien à l'exemple de Jésus, dont la voie me paraissait si simple et si juste; mais je ne posai plus jamais cette question. Plus tard, la Science Chrétienne me donna la réponse pleine et complète, et voici quelle fut cette réponse: Oui! Mais dans la mesure où un Juif devient semblable au Christ il avance hors du Judaïsme pour pénétrer dans la Science du Christianisme.
Mrs. Eddy a exposé ceci très clairement à la page 360 de Science et Santé, dans les paroles suivantes: "Jadis, les Juifs mirent à mort le Prophète Galiléen, le meilleur Chrétien de la terre, pour avoir énoncé et démontré la vérité, tandis qu'aujourd'hui, le Juif et le Chrétien peuvent s'unir dans la doctrine et la dénomination, sur la base même des paroles et des œuvres de Jésus. ... Le Juif qui croit au Premier Commandement est un monothéiste; il a un Dieu omniprésent. Ainsi le Juif est d'accord avec la doctrine du Chrétien suivant laquelle Dieu est venu et est présent maintenant et pour toujours. Le Chrétien qui croit au Premier Commandement est un monothéiste. Ainsi virtuellement il est d'accord avec la croyance du Juif qu'il y a un Dieu, et il reconnaît que Jésus-Christ n'est pas Dieu, ainsi que le déclara Jésus lui-même, mais qu'il est le Fils de Dieu."
Lorsque j'eus fini mes classes j'allai habiter une petite ville qui avait une très petite synagogue et je me mis ardemment à l'œuvre pour l'aider dans ses divers travaux; je fus secrétaire de son club et bibliothécaire, j'enseignai dans son école du dimanche, et ce fut moi qui jouai du piano;—bref je faisais tout ce qui se présentait à moi. Je désirais tellement faire du bien, aider, que je dois avoir mis quelque peu l'esprit-Christ dans mon travail, car les enfants m'aimaient, se rattachaient à moi, me suivaient. Ils me donnèrent un réconfort bien beau, un réconfort dont je ressentis bientôt le besoin de plus en plus, car ce fut durant cette époque d'une année environ, pendant que je travaillais dans la vigne judaïque, que je me rendis compte combien elle était creuse. Elle était désolée, stérile; il n'y avait aucun fruit, rien que poussière et cendres. Il y avait à chaque pas la profession et les cérémonies, mais guère d'amour, et j'en étais assoiffée.
Il m'est difficile de m'arrêter sur l'amertume et le vide de ces mois de tristesse. Ils m'apprirent non seulement que l'église judaïque ne possédait pas l'amour et l'esprit que je désirais si ardemment, mais que le Judaïsme ne pouvait me donner ce que je cherchais, que le Judaïsme, tel qu'on le pratiquait, était dépourvu d'amour et d'esprit. Voilà qui pourra paraître surprenant; mais c'est un fait. Je l'ai prouvé.
L'amour humain me vint un an plus tard, et j'eus l'espoir que le mariage ferait peut-être taire ce cri du cœur que rien ne semblait étouffer. Je me mariai, et j'aurais dû être suprêmement heureuse et satisfaite selon le sens matériel, mais ce fut après plusieurs années de mariage et après avoir eu des enfants, que je commençai réellement à désespérer de tout; car bien que j'eusse tout ce que pouvait m'offrir la vie mortelle, le vide au dedans de moi n'avait jamais été comblé. Quand me vint la réalisation que la terre m'avait donné tout ce qu'elle avait à offrir et que mon désir était encore inassouvi, alors je ne savais plus vers quel point m'orienter. "Il est mon rocher, et il n'y a point en lui d'iniquité,"—telle fut ma seule consolation durant bien des mois. Ce ne fut plus pour moi qu'une simple forme de me rendre à la synagogue. Je ne m'attendais plus à ce qu'elle m'aidât, mais dans la mesure où je ne me fiais plus à une église, je commençais à m'appuyer davantage sur Dieu, et Il me délivra finalement "en étendant sa main."
Mon frère, que je n'avais pas revu depuis plusieurs années, vint passer quelque temps auprès de moi. Il ne pouvait parler que d'un sujet nouveau—la Science Chrétienne. Je n'en savais pour ainsi dire rien, mais il m'en parlait et me lisait "Science et Santé avec la Clef des Écritures" par Mary Baker Eddy pendant que je m'occupais du ménage. La première impression distincte que fit sur moi ce livre, c'est que la logique en était irréfutable. C'était une logique primordiale, qui satisfaisait absolument le sens développé que j'avais de l'exactitude. Je saisis cette vérité entre d'autres: "Il n'y a pas de sensation dans la matière," comme le dit le livre de texte à la page 237. Un jour, comme je mettais les lunettes que j'avais portées presque constamment pendant plus de vingt ans, cette pensée m'arrêta net: "S'il n'y a pas de sensation dans la matière comment mes yeux pourraient-ils me faire souffrir? Et de toutes façons, comment les lunettes leur aideraient-elles?" Mes yeux furent guéris à ce moment même, et ne m'ont plus jamais fait mal depuis lors, bien qu'ils eussent été déclarés incurables par plusieurs spécialistes. J'appris plus tard qu'on appellerait ceci une démonstration du pouvoir de la Vérité, mais à ce moment-là ce fut simplement pour moi la conclusion logique de cette prémisse: "Il n'y a pas de sensation dans la matière."
Dès lors je me mis à appliquer cette Science aussi rapidement que je la comprenais. Je ne réalisais pas du tout à quoi aboutirait cette pratique, mais j'en démontrais la logique comme j'aurais démontré un théorème en géométrie, et après m'être procuré le livre, Science et Santé, je. me mis à l'étudier sérieusement. Je me rendis bien vite compte combien ses enseignements étaient diamétralement opposés à mes idées préconçues de Dieu et de la religion, mais il ne me vint pas à l'idée de renoncer au Judaïsme. Mon cœur dans son improbité non châtiée raisonnait ainsi: "Je prendrais tout le bien que ce livre peut m'offrir, mais je ne suis forcée de reconnaître Jésus en aucune façon." En d'autres termes je me proposais de m'approprier les résultats de son labeur d'amour si admirablement interprété par Mrs. Eddy, sans exprimer aucune gratitude. Mais une lecture suivie m'éclaircit la vision, et me fit voir clairement qu'il me fallait décider de quel côté je me placerai.
Le premier service de la Science Chrétienne auquel j'assistai hâta mon choix. Il me semblait qu'à ce culte presque chaque mot qu'on prononçait était "Jésus." Il était question de Jésus dans les cantiques ainsi que dans les lectures. Et comme comble de tout, dans la bénédiction qui terminait le culte, on prononça aussi son nom. J'étais tellement furieuse en quittant l'église que j'en suffoquais. J'étais imprégnée de siècles de Judaïsme, et ils criaient tout haut leurs protestations. Shema yisroel adnoy elohenu adnoy ehod. L'Éternel est notre Dieu, l'Éternel est un. Cette pierre angulaire du Judaïsme ne voulait pas qu'on la reniât. Il est vrai que ceux qui bâtissaient (le Judaïsme moderne) avaient négligé l'esprit de cette vérité fondamentale de la religion judaïque, mais cet esprit criait tout haut pour qu'on le revendiquât. Je marchai pendant quelque temps pour rassembler mes idées. Puis je me dis: "Venez maintenant et débattons nos droits."
Pourquoi suis-je en colère?—Réponse: Parce qu'il me semble que Jésus a été déifié.—Est-ce lui qui s'est déifié?—Non.—Enseigna-t-il un seul Dieu?—Oui.—Se glorifia-t-il jamais?—Non.—Qu'enseigna-t-il?—Un seul Dieu; à aimer Dieu avant tout et suprêmement.—Est-ce que cela est bon?—Oui.—La Science Chrétienne enseigne-t-elle cela?—Oui.—Alors pourquoi es-tu en colère?—Je ne suis pas en colère.—Et après avoir raisonné de la sorte je découvris en effet que je n'étais plus en colère.
Alors je me rendis compte que le nom de Jésus avait été prononcé si souvent parce qu'il avait été question de ses œuvres. Ainsi qu'il le dit lui-même aux Juifs: "J'ai fait sous vos yeux beaucoup de bonnes œuvres de la part du Père; pour laquelle me lapidez-vous?" Un amour fraternel pour Jésus s'alluma dès lors en mon cœur. Le mesmérisme produit par des siècles de la religion juive fut brisé ce mémorable dimanche matin, bien que je misse deux ans à me défaire de l'étreinte des coutumes des fêtes. "La Pâque" et le "Jour d'Expiation" ne disparurent point en tant que cérémonies avant que j'en eusse appris la signification spirituelle, savoir: de traverser la mer de l'erreur sous la conduite de Dieu, et d'être en union avec Dieu en tous temps. Alors les cérémonies matérielles furent entièrement dépouillées.
Je me rendis compte que la Science Chrétienne est le processus de la spiritualisation de la pensée, et qu'elle détruit ainsi tout ce qui souille ou qui se livre qu mensonge. Grâce à elle j'ai appris à connaître un Dieu qui est ici et maintenant—un Dieu auquel je puis m'adresser en tous temps, "une aide toujours présente dans les détresses." Durant les six ans que j'ai étudié la Science Chrétienne, j'ai trouvé qu'elle résout tout problème de la vie journalière auquel on l'applique. Elle est toujours efficace, mais il faut l'appliquer comme on applique la science des nombres à un problème en mathématiques pour le résoudre.
La Science Chrétienne m'a révélé un Dieu auquel je puis m'adresser en fous temps, et en tous lieux,—et jamais en vain. Elle m'apprend le vrai Christianisme. Les fins et le but de ce don de Dieu sont d'apprendre au genre humain à aimer et à exprimer leur amour. C'est là sa raison d'être. J'ai toujours désiré faire le bien. La Science Chrétienne m'apprend comment le faire. La perception spirituelle m'apprend à reconnaître le besoin de mon frère et à remplir ce besoin par la grâce de Dieu. La Science Chrétienne a donné à ma vie l'élément de spiritualité qui lui manquait. Je ne cherche plus à combler le vide,—la Vérité divine a assurément rempli ma coupe à tel point qu'elle déborde.
Je remercie Dieu très sincèrement de son don plein de grâce de la Science Chrétienne. Elle est la Vérité. Elle est le Messie impersonnel du Judaïsme, l'accomplissement de toutes les promesses du Judaïsme. Or, je considère que je ne me suis pas détournée du Judaïsme, mais que j'ai progressé en m'élevant au-dessus du Judaïsme pour entrer dans la Science Chrétienne.
