Étant donné qu'il y a eu des milliers de mères qui ont été comme moi dans l'obligation de se séparer de leurs fils lors de la récente conscription sélective générale, la même épreuve par laquelle j'ai passé s'est sans doute produite dans maints foyers des États-Unis d'Amérique. Toute pensée, toute conversation par rapport à la guerre avaient été soigneusement exclues de notre intérieur depuis bien des années. Je me rappelle que du temps de la Guerre des Boers, je caressais la tête bouclée de mon garçon en pensant que jamais il ne verrait la guerre, car le monde devenait certainement meilleur d'année en année. J'éprouvais un profond sentiment de sécurité.
Les années se passèrent et toute éducation se fit avec la perspective d'un avenir paisible. Les événements des dernières années se sont amoncelés et sont devenus de plus en plus menaçants, jusqu'à ce que nous nous trouvions enfin entraînés dans le tourbillon de la guerre mondiale. En me réveillant un matin j'appris que mon garçon, qui est maintenant un homme robuste, avait été pris au premier tirage de la conscription. Alors se présenta pour une mère Scientiste Chrétienne une tâche qui demandait "la prière et le jeûne," et devait complètement modifier une vie entière de pensées et d'actions. Lorsque je me remémore ces jours de luttes, je suis remplie d'un grand sentiment de gratitude, de ce que, grâce aux enseignements de la Science Chrétienne, j'aie appris à résoudre ces problèmes conformément à la loi de Dieu.
Il fallut tout d'abord se débarrasser du sens personnel de possession. Mon garçon ne m'avait jamais appartenu, car Dieu est le seul Père-Mère de nous tous. Il fallut ensuite traverser les eaux profondes du sens de séparation. Ayant Dieu pour Père-Mère, où pouvait-il aller sinon dans le royaume de son Père où tout est harmonieux! A ce point de mon travail mental, l'Oraison Dominicale avec son interprétation spirituelle donnée par Mrs. Eddy aux pages 16 et 17 de Science et Santé m'apporta un soulagement et un réconfort indescriptibles, et la "grâce pour aujourd'hui" se manifesta. Je regardai en face les pensées de propre-commisération ainsi que la crainte de l'avenir, et elles furent défaites; et lorsque vint l'heure du départ, l'abîme de la crainte et de la séparation fut franchi, et un sentiment de sécurité et de calme prit le dessus.
Lorsque je me rendis compte que toute pensée de chagrin et de désir ardent venant de ma part ne ferait que mettre un fardeau sur celui qui avait le plus grand devoir à accomplir, l'amour maternel désintéressé rendit possible la tâche de chasser de telles pensées de la conscience. Des pensées de courage et de force doivent seules émaner de nous comme anges gardiens. Il suffit de dire que l'éducation de bien des années pendant lesquelles je m'étais appliquée à bien penser, comme la Science Chrétienne nous enseigne à le faire, me mit à même de résister à ce moment d'épreuve; car il n'y eut ni larmes ni désirs douloureux de le retenir lors de son départ, et il n'y a eu aucune tentation de ce genre depuis.
A travers cette épreuve le passage connu et réconfortant du livre de texte de la Science Chrétienne (Science et Santé, p. 494) qui est inscrit sur le mur d'un si grand nombre de nos églises: "L'Amour divin a toujours répondu à tout besoin humain, et y répondra toujours," a revêtu pour moi une signification nouvelle et prophétique, et je sais que l'invisible pouvoir spirituel qui nous a soutenus jusqu'ici est capable de remplir tout besoin humain.
