Lumières et Liberté

Au déclin d'un jour d'été, en revenant à plusieurs d'une partie de plaisir, nous entrâmes dans le port de New York. Comme nous regardions les magnificences du couchant je me rappelle avoir vu dans le lointain, pour la première fois, la majestueuse statue de la Liberté, toute embrasée des rayons reflétés du soleil. Je me tournai vers mon frère qui avait affectueusement arrangé cette excursion et m'écriai: "Oh! voilà la Liberté éclairant le monde." Il garda le silence pendant un moment, puis il me répondit: "Oui, ou plutôt les Lumières libérant le monde." Cette pensée des lumières qui affranchissent les hommes fit sur moi une profonde impression, et alors me vint la réalisation que la Science Chrétienne est la vraie Science éclairant et émancipant le genre human de la servitude. Jésus déclara que la vérité qu'il enseignait affranchirait les hommes, et il dit aussi: "Je suis la lumière du monde."

Après bien des années, pendant lesquelles je m'efforçai de m'affranchir de l'esclavage de la maladie à la fois mentale et physique, je commençai à me rendre tant soit peu compte de ce qu'implique réellement éclairer la pensée. Je découvris qu'on ne pouvait le faire par la simple lecture de notre livre de texte, "Science et Santé avec la Clef des Écritures" par Mrs. Eddy, ni même par des heures passées à étudier la Science Chrétienne, si l'on n'appliquait pas les règles qu'elle renferme, et si on ne les mettait pas en pratique dans la vie journalière. Donc le travail d'éclairer les humains ne pouvait se faire en un moment; mais il fallait des débuts modestes et des efforts persistants pour que la lumière de l'Entendement divin balaie finalement, avec l'illumination spirituelle du pouvoir de l'Amour, toutes les ténèbres du penser erroné. Je voyais bien le but ultime, mais le travail qu'il fallait accomplir avant d'arriver à ce but paraissait immense au sens humain.

Une parfaite santé devrait se manifester comme résultat de la lumière spirituelle, et c'est là ce dont j'avais grand besoin. J'avais entendu parler de maints cas merveilleux de guérison qui avaient été opérés par la simple lecture de "Science et Santé avec la Clef des Écritures." J'en conclus que ces personnes heureuses qui se libéraient si facilement et si naturellement, devaient posséder une qualité quelconque de la pensée dont je paraissais être dépourvue, mais en m'efforçant de connaître la vérité concernant Dieu et l'homme, je découvris l'erreur qui paraissait m'entraver. Je vis que ces personnes devaient être réceptives de la vraie idée, sans quoi leur guérison n'eût pas été opérée si promptement. Ayant découvert cela, j'en conclus naturellement que mon manque de démonstration venait de ce que mon état mental n'était pas réceptif. Alors un sentiment de découragement essaya de s'emparer de ma pensée, mais après de nombreuses luttes il fut chassé et dissipé par la pensée que "Dieu ne fait point acception de personnes." Je vis aussi, comme jamais auparavant qu'on ne peut même pas semer la petite graine de vérité jusqu'à ce qu'il y ait au moins un petit bout de bon terrain où on puisse la planter et la cultiver avec soin. Mon travail était donc de bêcher profondément et de déraciner l'ivraie que des années de penser erroné avaient planté. Lorsque j'en arrivai là je me mis sérieusement à déraciner et à semer. La tâche me sembla ardue, mais je me sens heureuse lorsque je regarde en arrière et que je vois le bien qui a été accompli. C'est avec une gratitude infinie que je me rappelle les paroles de Mrs. Eddy à la page 518 de Science et Sante: "L'Amour donne à la moindre idée spirituelle la force, l'immortalité, et la bonté qui brillent à travers tout comme la fleur qui se révèle déjà dans le bouton."