Depuis que je suis enfant, j’aime courir. Au collège et au lycée, je faisais partie de l’équipe de cross-country et de l’équipe d’athlétisme, et maintenant, en tant qu’adulte, je continue de courir régulièrement et de participer à des courses. Bien que j’aime la compétition, que j’aime repousser mes limites et suivre mes progrès à l’entraînement, au fil du temps, mon intérêt pour ces courses est devenu moins axé sur la vitesse et le corps que sur ma croissance spirituelle.
Il y a quelques années, après avoir couru autour d’un lac dans ma ville natale, je me suis assis au bord de l’eau pour m’étirer. J’ai remarqué de nombreuses bouées le long du rivage qui étaient apparemment disposées sans ordre particulier. « A quoi servent-elles ? », me suis-je demandé, incapable de comprendre le sens de tout ceci. Quelques minutes plus tard, en grimpant au sommet des gradins qui se trouvaient à proximité afin d’admirer la vue sur le lac, j’ai remarqué à nouveau les bouées. J’ai été surpris de constater qu’elles étaient en fait disposées en lignes parfaitement parallèles, créant ainsi des couloirs pour une course de bateaux. Le contraste entre ma première observation des bouées et la deuxième était saisissant. Au début, je ne pouvais pas croire que je regardais la même partie du lac, mais ensuite il est apparu clairement qu’il s’agissait de la même vingtaine de marqueurs flottants positionnés exactement aux mêmes endroits. La seule chose qui avait changé, c’était mon point de vue.
Lorsque j’étais assis sur le rivage, regardant les bouées de près, je ne pouvais apercevoir aucun ordre ni aucun but dans la façon dont elles étaient placées ; leur disposition semblait être purement aléatoire. Mais ce n’était dû qu’à mon point de vue limité, qui s’est avéré trompeur. Lorsque ma compréhension de ce qui se passait s’est accrue en regardant les choses d’un point de vue plus élevé, leur disposition et leur utilité sont devenues claires.
Je me suis rendu compte qu’il en était de même pour la compréhension de Dieu et de Sa création telle qu’expliquée par la Science Chrétienne : peu importe à quel point le monde peut nous sembler confus et désordonné, il existe une vision spirituelle de la création qui est logique et parfaite, en laquelle nous pouvons avoir confiance et sur laquelle nous pouvons nous appuyer. Lorsque nous dépassons la vision inférieure – une perspective physique limitée – et que nous prions pour acquérir l’inspiration venant de Dieu, l’Entendement, nous gagnons une vision plus élevée et une meilleure compréhension de Dieu.
Plus tard, je suis tombé sur le passage suivant d’Ecrits divers 1883-1896 de Mary Baker Eddy, et cela m’a rappelé la leçon apprise des bouées : « Combattre le brouillard en frappant à droite et à gauche n’éclaircit jamais la vision ; mais lever la tête au-dessus du brouillard est un remède souverain. » (p. 355) Est-il utile de prendre les choses en main en pataugeant jusqu’aux « bouées » et en essayant de les réorganiser d’une manière qui ait du sens de notre point de vue limité ? Non. La vérité est que la création spirituelle de Dieu est déjà organisée de manière parfaite et permanente, peu importe ce qui semble être vrai depuis notre point de vue humain.
Au fil des années, j’ai souffert de blessures et d’autres problèmes souvent attribués à la course à pied, dont beaucoup ont été surmontés en priant pour élever ma pensée et pour voir les choses de la manière dont Dieu les voit – depuis le haut des gradins, pour ainsi dire - au lieu de voir ce qui apparaît à un point de vue matériel.
Par exemple, il n’y a pas si longtemps, je courais sur un trottoir étroit et j’ai vu un cycliste venir rapidement vers moi. Je suis descendu du trottoir pour lui faire de la place et je me suis blessé à la cheville sur un sol inégal caché par de hautes herbes. Je ne pouvais pas dire s’il s’agissait d’une entorse ou d’une élongation, mais la douleur a été instantanée et intense. Malgré cela, j’ai fait confiance à la sollicitude toujours présente de Dieu pendant que je rentrais chez moi. Ma cheville était enflée et avait changé de couleur, et je n’ai plus été capable de marcher facilement pendant le reste de la journée. Quand j’ai réalisé que j’éprouvais du ressentiment envers le cycliste pour ne pas avoir ralenti ou cédé le passage, j’ai prié pour acquérir une vision spirituelle tant à son sujet qu’au sujet de ses actions : pour le voir comme un enfant de Dieu, et pour voir chacun de nous comme le reflet parfait de Dieu. Après avoir orienté ma prière de cette manière, j’ai senti mon amertume envers lui s’estomper ; elle a été remplacée par l’amour fraternel. En conséquence, j’ai pu recommencer à courir peu de temps après, sans douleur ni gêne.
En une autre occasion, une vision spirituelle plus élevée m’a apporté un changement de perspective graduel mais permanent. Il y a quelques années, dans un magasin spécialisé pour les chaussures de course à pied, on m’a diagnostiqué une fasciite plantaire, une inflammation de la voûte plantaire, qui me gênait depuis un certain temps. Après encore une semaine ou deux d’inconfort quand je marchais ou quand je courais, malgré le port des nouvelles chaussures que j’avais achetées, j’ai appelé un praticien de la Science Chrétienne. Même si j’avais fréquenté régulièrement des églises de la Science Chrétienne toute ma vie, c’était peut-être la première fois que je passais un tel appel téléphonique.
Lors de mon échange avec le praticien, celui-ci m’a rappelé qu’en Science Chrétienne l’inflammation est associée à la peur. Or, j’avais peur de ne plus jamais pouvoir courir à cause de la douleur aiguë et persistante que je ressentais dans les pieds. J’ai été surpris de me retrouver à pleurer lorsque le praticien m’a expliqué que j’étais un enfant de Dieu et que les qualités spirituelles de Dieu que je reflétais ne pouvaient être affectées par quelque condition matérielle ou diagnostic que ce soit.
Au fur et à mesure que les idées spirituelles évoquées durant cet appel téléphonique ont pénétré en moi au cours des jours suivants, je me suis vu abandonner mon identité de simple coureur et acquérir une idée plus claire de ma véritable identité en tant qu’idée spirituelle de Dieu. En conséquence, la fierté que je trouvais dans le sport et l’obsession que j’en avais se sont lentement estompées, tout comme l’inflammation plantaire. Ma perspective concernant cette situation est passée d’un point de vue inférieur basé sur la matière, à un point de vue plus élevé, plus proche de la véritable réalité spirituelle de mon être. En repensant à cette guérison, je me rends compte que c’est ce qui a commencé à détourner mon attention des aspects physiques de la course à pied vers les qualités spirituelles, telles que la joie, la vitalité et l’agilité.
Une façon de prier qui est venue à ma pensée a consisté à mettre des synonymes de Dieu, tels que soulignés dans la Bible et dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures, de Mary Baker Eddy, à la fin de l’expression « animé par » et de réfléchir à ce que signifie être « animé par » Dieu. Par exemple, je prie parfois ainsi : « Cette course est animée par le Principe, la loi divine et la base de l’activité de toutes les idées de Dieu ; cette course est animée par la Vérité, et non par la volonté humaine, et elle est l’exercice et l’application de tout ce qui est juste et vrai ; cette course est animée par l’Amour, et l’amour toujours présent de Dieu prend tendrement soin de toute l’humanité, la protège et la guide éternellement. »
Aujourd’hui, j’aime toujours courir, participer à des courses et à d’autres activités sportives exigeantes chaque fois que je le peux. Je repense régulièrement à la leçon que j’ai apprise grâce aux bouées au bord du lac, qui m’ont permis d’acquérir une perspective plus élevée. Et j’aime consacrer une partie de chaque course à affirmer pour moi-même, pour les autres coureurs et pour le monde, que Dieu, le bien omniprésent et omnipotent, gouverne parfaitement toute activité.