« La Terre est l'école du pardon. Cela commence en se pardonnant soi-même et ensuite vous pourriez commencer autour de la table du dîner », a déclaré Anne Lamott lors d’une conférence TED à Vancouver, au Canada. « Ainsi, vous pouvez faire ce travail avec un pantalon confortable. » (« Twelve truths I learned from life and writing » [Douze vérités que la vie et l’écriture m’ont enseignées] TED.com, 28 avril 2017)
Anne Lamott est une auteure chrétienne populaire que je trouve toujours drôle. Sa conférence d’où j’ai tiré la citation ci-dessus est à la fois pertinente et amusante. Mais même avec des vêtements confortables, pardonner semble difficile !
Prenez cette question posée par l’un des disciples de Jésus : « Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il péchera contre moi ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui dit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante fois sept fois. » (Matthieu 18:21, 22) Dans la Bible, le chiffre sept donne souvent l’idée de ce qui est complet, et Jésus l’utilise ici pour enseigner que le pardon est un acte d’amour complet qui n’a pas de limites.
Mais comment est-il possible de pardonner sans limites alors que le fait d’accorder son pardon ne serait-ce qu’une fois demande tant d’effort ? On risque de se heurter à un mur de résistance intérieur si l’on considère que le pardon est naïf, voire dangereux, et que cela fait de soi un paillasson face aux offenses de ceux qui semblent n’avoir aucune retenue ou ne souffrir d’aucune conséquence de leurs actes blessants. C’est grâce à une compréhension de la base spirituelle du pardon qu’on brise cette résistance au pardon.
Lors de son crucifiement, Christ Jésus déclara : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » (Luc 23:34) Son plaidoyer était inspiré par sa compassion à l’égard de ceux qui pensaient avoir quelque chose à gagner en agissant mal. Jésus comprenait que la base fondamentale du pardon est l’amour infini de Dieu envers nous, amour qui triomphe toujours du mal en le détruisant, et ce pour notre salut. L’Amour divin dispense continuellement son influence curative, submergeant les pensées limitées et autodestructrices et les actes d’ignorance et de vengeance. C’est l’ultime leçon de « l’école du pardon » terrestre.
La répugnance au pardon ou le désir de vengeance vient d’un faux sens du pardon, comme si, en pardonnant, on acceptait passivement le mal ou on l’excusait. Mais le pardon constant, plein de compassion et propice à la guérison, enseigné par Christ Jésus (voir par exemple, dans Matthieu 18:23-35, la parabole complétant la réponse de Jésus à son disciple, dont il a été question plus haut) honore Dieu en tant que seul pouvoir et reconnaît que la véritable identité de nos semblables est le reflet spirituel et pur de Dieu. Cet enseignement remet le mal à sa place en révélant son impuissance.
La répugnance au pardon ou le désir de vengeance vient d’un faux sens du pardon, comme si, en pardonnant, on acceptait passivement le mal ou on l’excusait.
Dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures, Mary Baker Eddy illustre la méthode chrétienne du pardon : « La destruction du péché constitue la méthode divine du pardon. La Vie divine détruit la mort, la Vérité détruit l’erreur et l’Amour détruit la haine. Etant détruit, le péché n’a besoin d’aucune autre forme de pardon. » (p. 339)
Le pardon nous sépare de la colère que l’on traîne parfois avec nous comme un boulet, et cette rupture est si complète que le fait de ronchonner mentalement contre le mal cesse d’être pour nous un poids. Le pardon nous retranche de la réalité apparente d’une mauvaise action, que l’on en soit responsable ou victime, car il sépare l’erreur de la personne, du lieu ou de la chose. Privé de toute entité, le mal perd son influence. On le voit pour ce qu’il est : une fausse croyance, non une terrible réalité.
Le vrai pardon, celui qui est profond et constant, projette une lumière sur chaque enfant de Dieu, lumière qui est le reflet extérieur radieux de la Vérité, de la Vie et de l’Amour divins, qu’aucune noirceur ne peut pénétrer. Ainsi tel individu se rétablit et retrouve la joie plus rapidement, et tel autre se réforme et accède au salut plus vite. Dans la mesure où l’on comprend ce processus, on reconnaît la nature spirituelle et intacte de sa propre identité, et l’on peut se débarrasser de la colère et de la crainte. On ne répugne plus à pardonner, mais on est prêt à explorer le plein pouvoir réparateur du pardon, pour soi-même et pour l’autre personne.
Il y a plusieurs années, j’ai été victime d’une tromperie qui a changé ma vie. J’avais du mal à pardonner. Comme hypnotisée, je ressassais régulièrement ce qui était arrivé et ce que je pensais avoir perdu.
Une conscience progressive de la bonté absolue de Dieu m’a sortie de ces sombres pensées. J’ai appris à voir que Dieu est l’Amour divin qui environne chacun de Ses enfants, et ne permet pas au mal de toucher son être véritable. C’est pourquoi le tort qu’une personne nous cause ou tente de nous causer ne peut en réalité affecter l’identité que Dieu nous a donnée. Même si l’acte répréhensible semble nous avoir causé un préjudice, nous pouvons nous élever au-dessus de ce récit mortel grâce au pouvoir purificateur du pardon sans limites, reflet de l’amour perpétuel de Dieu qui détruit le péché et nous rétablit. « Aucune puissance ne peut résister à l’Amour divin. » (Science et Santé, p. 224)
J’ai compris que rien de ce que Dieu, le bien, donne, ne peut jamais m’être enlevé et que personne ne pourra jamais contrôler ma vie ni mes perspectives d’avenir. Dans le même temps, j’ai vu qu’il ne m’appartenait pas de travailler pour le salut des autres ou d’essayer de contrôler leurs actions. « Si l’on vous a causé de graves torts, pardonnez et oubliez : Dieu compensera cette injustice et punira plus sévèrement que vous ne le pourriez celui qui s’est efforcé de vous nuire. » (Mary Baker Eddy, Ecrits divers 1883-1896, p. 12) L’Amour divin gouverne tout le monde avec fermeté et fournit tout ce dont on a besoin. Cela signifie que la noblesse de pensée, la bonté, la justice réparatrice et la réforme constituent des objectifs que tous peuvent atteindre.
Je me suis aussi efforcée de comprendre pourquoi j’avais résisté au pardon pendant si longtemps. Ma répugnance venait d’une crainte tenace : je pensais que le mal avait un véritable pouvoir qui m’avait causé du tort et qu’il pouvait encore me nuire. J’avais le net sentiment que certains pouvaient mal agir en toute impunité et en tirer profit. Un raisonnement subtil me faisait également penser qu’en demandant réparation dans un esprit de vengeance, je pourrais faire jaillir la justice d’une façon ou d’une autre.
Je suis sortie de cette impasse lorsque j’ai compris que puisque mon être spirituel, en tant que reflet de Dieu, n’était jamais touché par le mal, je pouvais être débarrassée de toutes les séquelles persistantes de cette histoire. La souffrance vient du fait qu’on s’accroche à la colère ou qu’on croit tirer avantage du tort que l’on fait aux autres. Mais le mal que l’on commet ou auquel on s’accroche ne nuit qu’à celui qui croit à sa réalité. C’est un péché en soi. Le pardon repose sur la compréhension du fait que le péché n’a pas été créé par Dieu et qu’il ne fait partie de la véritable nature spirituelle de personne.
Lorsque je me suis acceptée en tant qu’enfant bien-aimée de Dieu, j’ai accepté de pardonner à l’autre personne, et je ne m’en suis plus voulu de m’être mise dans cette situation. Je me suis alors libérée du passé, et j’ai été soulagée de cette charge émotionnelle. Grâce à ce pardon sincère, je me suis sentie forte, pure, libre et prête à envisager de nouvelles perspectives de vie.
Le pardon – illimité, aussi transformateur qu’il est complet – se réjouit de la félicité originelle de notre identité spirituelle intacte. Il ouvre la porte à la justice divine, qui guide les efforts concrets que nous accomplissons vers une restauration, une réconciliation et une réforme de notre caractère. Il nous rend libres d’être tels que Dieu nous a créés : intelligents, parfaits et intacts.
« Pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Ces propos de Jésus découlent d’une attitude triomphale pleine de grâce, exprimée par un amour détaché du moi à l’égard de l’humanité. C’est une attitude que l’on peut adopter dès maintenant. Briser les murs de la résistance et pardonner volontiers aussi souvent que nécessaire, c’est ce qui permet – à soi et à tous ceux qu’on accueille dans ses prières – de connaître la liberté purificatrice qu’apporte le pardon sans limites.
