Le panneau devant mon immeuble portait l’inscription : « Voir, c’est croire ! » Ce slogan publicitaire visait à inciter les locataires potentiels à envisager d’habiter ici, mais je le remarquais à peine. Du reste, je ne faisais plus attention à grand-chose.
Mon cœur s’est brisé le jour où mon père est décédé. Je n’arrivais plus à prier. J’ai cessé d’étudier la Bible. Je ne suis plus allée à l’église. Et j’ai commencé à mener une vie insouciante : je mangeais peu, j’étais en perpétuel mouvement et je fréquentais n’importe qui. Mais un soir, alors que je marchais dans le désert de Sonora, à la tombée du jour sous un ciel pastel, cette pensée m’est venue : « Jennifer, voir “n’est pas” croire. » J’ai été guérie sur le champ de mon chagrin. Je me sentais à nouveau légère !
Peu après, j’ai repris mon étude spirituelle et j’ai recommencé à fréquenter l’église. Je sentais la présence de Dieu comme jamais auparavant.
Tout en m’estimant vraiment bénie par cette expérience, je me demandais souvent pourquoi ce simple message, « voir n’est pas croire », qui émanait clairement de Dieu, m’avait libérée. Ce n’est qu’un an plus tard que j’ai compris.
Cette compréhension m’est soudain venue alors que j’assistais au service d’Actions de Grâces de mon église. Mon cœur s’était brisé parce que j’avais vu et cru quelque chose qu’il ne fallait pas croire. J’avais été impressionnée par une image de mon père en proie à la souffrance, à la peur et à la tristesse. Mais lors de cette marche dans le désert, j’ai entrevu quelque chose que j’avais appris en étudiant la Science Chrétienne : les cinq sens physiques ne sont pas une source d’information fiable. Ils ne sauraient nous dire ce qui est vrai à notre sujet ou au sujet de ceux qui nous sont chers. Dieu est Vérité, aussi Lui seul peut-Il nous dire ce qui est vrai. C’est grâce au sens spirituel qui nous vient de Lui que nous voyons et croyons ce qui est vrai. Ce discernement spirituel met en lumière le fait divin que l’homme est créé à l’image de Dieu et qu’il est par conséquent spirituel et harmonieux. Seule cette vision mérite qu’on la croie vraie.
Mary Baker Eddy, la découvreuse de la Science Chrétienne, explique dans son livre Science et Santé avec la Clef des Ecritures : « Ce que l’on appelle sens matériel ne peut témoigner que d’un sens mortel et temporaire des choses, tandis que le sens spirituel ne peut témoigner que de la Vérité. Pour le sens matériel, l’irréel est le réel jusqu’à ce que ce sens soit corrigé par la Science Chrétienne. » (p. 298)
Ce que j’avais vu au sujet de mon père n’était pas fondé sur la vérité spirituelle, mais sur une désinformation matérielle. Alors que j’étais assise dans l’église ce matin-là, j’ai vu plus clairement que jamais ce qui était effectivement vrai : mon père était toujours l’expression de l’Esprit, Dieu, et il était donc spirituel ; il n’avait jamais vécu dans un corps matériel en bonne ou en mauvaise santé et, en tant que reflet spirituel de Dieu, il ne souffrait jamais. Il n’avait jamais peur non plus. Mon père était toujours l’enfant de Dieu chéri, protégé et parfait. Cela continue d’être vrai, puisque la Vie, qui est Dieu, est éternelle.
Voir la vérité au sujet de mon père m’a guérie de mon chagrin. Quelle libération ! Je me suis mise à appliquer cette vision spirituelle aux situations difficiles, en temps réel. Lorsque je fais face à des images effrayantes qui ont à voir avec le danger, la destruction ou la misère, j’affirme mentalement et avec assurance : « Voir (avec les sens physiques), ce n’est pas du tout croire ! » Puis je regarde au-delà du témoignage des cinq sens pour découvrir ce que Dieu voit et connaît à mon sujet – au sujet de chacun de Ses enfants.
C’est grâce au sens spirituel qui nous vient de Dieu que nous voyons et croyons ce qui est vrai.
Par exemple, alors que j’allais mettre au monde mon plus jeune fils, la sage-femme m’a dit que le cordon ombilical s’était rompu et que nous devions nous rendre tout de suite aux urgences de l’hôpital. Durant le trajet, elle m’a dit : « Vous devriez prier comme vous le faites en Science Chrétienne, car je suis à peu près sûre que votre bébé est mort. » S’il y eut jamais un moment pour se rebeller contre le tableau matériel, c’était bien celui-là. J’ai alors affirmé à voix haute : « Dieu est la vie de cet enfant, et la Vie divine est la seule Vie qui soit ! Rien ne me convaincra du contraire ! » Je n’ai pas arrêté de prier ainsi jusqu’à notre arrivée à l’hôpital.
La sage-femme m’a dit plus tard que le personnel hospitalier présent à la naissance avait également cru que mon fils était mort. Quand ils se sont aperçus qu’il était vivant et en bonne santé, ils ont tous pleuré.
Dans un essai publié dans son livre Ecrits divers 1883-1896, Mary Baker Eddy écrit : « Il est joliment brave, celui qui, à notre époque, ose réfuter le témoignage des sens matériels par les faits de la Science, et il parviendra, en agissant ainsi, à l’état véritable de l’homme. » (p. 183)
Christ Jésus était certainement « joliment brave », et il nous a montré comment l’être aussi. Il n’a jamais reculé face à la désinformation matérielle. Il est le parfait exemple de calme et d’absence de crainte au milieu des drames de l’existence humaine. Je l’imagine ressuscitant Lazare, guérissant le démoniaque qui vivait parmi les tombes des Gadaréniens, restaurant la santé de la belle-mère de Pierre, et faisant bien d’autres choses encore. Jamais dupé par le tableau matériel, Jésus fixait son regard sur la relation indestructible qui existe entre l’Amour divin et l’expression de l’Amour, qui est notre identité spirituelle à tous. Cette compréhension spirituelle du créateur et de sa création permit à Christ Jésus, le Fils de Dieu, de démontrer le pouvoir de guérir de la Vérité. Cette même compréhension nous permet aujourd’hui de démontrer le pouvoir de guérir du Christ, la Vérité.
Lorsque nous sommes aux prises avec le chagrin, la maladie, la perte de quelqu’un, ou une autre inharmonie, demandons-nous donc : « Qu’est-ce qui se passe réellement ? Est-ce que je me laisse impressionner par l’image que me présentent les cinq sens, ou est-ce que je connais la vérité de l’être selon laquelle l’homme, l’idée de Dieu, possède la substance de l’Esprit et exprime la santé, la perfection et la joie ? »
Il faut un certain courage moral pour suivre l’exemple de Jésus en se rebellant contre le témoignage des sens matériels, face à l’adversité. Mais le Christ, qui énonce la Vérité éternelle, vient au cœur réceptif avec ce message de guérison, au moment où on a le plus besoin de l’entendre : « Voir n’est pas croire. » La guérison du chagrin et la guérison de mon fils à sa naissance me rappellent toujours avec force que, comme Jésus le démontra, c’est seulement ce que Dieu, le bien, connaît à notre sujet, qui mérite d’être cru.
