J’enseigne à des adolescents en tant que moniteur à l’école du dimanche. A l’automne 2017, je me suis trouvé face à une classe difficile. Les élèves estimaient connaître par cœur les histoires de la Bible, et la Science Chrétienne ne faisait guère de sens à leurs yeux. Pour résumer, ils pensaient qu’on ne pouvait expliquer le monde autrement qu’en disant qu’il était essentiellement composé d’atomes, ce qui ne laissait aucune place à Dieu, l’Esprit.
Non seulement les élèves ne ressentaient aucun intérêt pour les enseignements concernant Dieu et la Bible, mais ils perturbaient le cours. Ils venaient à l’école du dimanche uniquement parce que leurs parents les y obligeaient.
C’est pourquoi, en me préparant chaque semaine, je priais pour savoir qu’il ne m’appartenait pas de convaincre les enfants de la vérité, puisqu’ils étaient déjà l’expression complète de Dieu, la Vérité, et qu’ils étaient naturellement réceptifs à Dieu. Ce verset tiré d’Esaïe était très instructif : « Tous tes fils seront disciples de l’Eternel, et grande sera la prospérité de tes fils. » (54:13) J’ai également informé de la situation le directeur de l’école du dimanche et les autres moniteurs, et je leur ai demandé un soutien par la prière. Ils m’ont alors fait part d’idées spirituelles et indiqué des articles très utiles dans les périodiques de la Science Chrétienne.
La première idée inspirée qui m’est venue a été d’essayer d’innover. J’ai modifié la formule du cours. Au lieu de rester assis autour d’une table, dans la salle de l’école du dimanche, nous nous sommes installés parfois dans un parc, juste en face de l’église. Là, j’ai constitué des équipes : l’une jouait une scène de la Bible, et l’autre tentait de deviner laquelle. C’était amusant, et j’en profitais pour apporter quelques idées concernant la signification spirituelle de ces histoires. Une autre fois, nous sommes restés dans la salle de l’école du dimanche et avons passé la majeure partie du temps à deviner le nom des prophètes sur un tableau blanc. C’était tout aussi amusant, mais l’enseignement spirituel était très succinct. Nous avons continué ainsi pendant plusieurs semaines, et je leur lisais aussi des témoignages de guérison par la prière.
Tout en me réjouissant d’une amélioration dans le comportement des élèves en général, je craignais que ces jeux et la lecture de témoignages de guérison ne leur donnent pas une base spirituelle assez substantielle. Je ne pouvais pas procéder ainsi indéfiniment. J’ai donc continué de prier. Je faisais régulièrement part des progrès obtenus aux autres moniteurs de l’école du dimanche ainsi qu’au directeur, en les remerciant de leur soutien.
Il m’est alors apparu clairement que les élèves ne se rebellaient pas contre Dieu ou contre la Science Chrétienne, mais contre l’idée qu’ils étaient obligés de croire à quelque chose. Il fallait donc leur montrer qu’il n’était pas question d’adhérer ou de croire aveuglément à la Science divine du christianisme, telle qu’elle est enseignée à l’école du dimanche, mais qu’il s’agissait de la comprendre et de l’appliquer, comme c’est le cas pour n’importe quelle science.
Mary Baker Eddy, qui a fondé l’Eglise du Christ, Scientiste, avec son école du dimanche, explique, dans le Manuel d’Eglise, que cet enseignement s’adresse directement à la compréhension : « On enseignera les Ecritures aux enfants de l’Ecole du dimanche, en adaptant l’instruction à leur compréhension ou à leur aptitude à saisir les premières notions du Principe divin qu’on leur enseigne. » (p. 62) On ne s’attend donc pas à ce que les moniteurs amènent les enfants à « croire » à quoi que ce soit, car c’est de compréhension qu’il s’agit. L’école du dimanche fait partie intégrante de l’Eglise ; rien d’étonnant alors à ce que la définition de l’« Eglise », donnée par Mary Baker Eddy dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures, souligne le besoin de réveiller « des croyances matérielles la compréhension endormie en l’amenant jusqu’à la perception des idées spirituelles et à la démonstration de la Science divine, chassant ainsi les démons, l’erreur, et guérissant les malades. » (p. 583)
Le monde considère souvent que l’enseignement religieux et spirituel concerne uniquement la croyance. On entend plus souvent demander : « Croyez-vous en Dieu ? » que : « Comprenez-vous la nature de Dieu ? » Mary Baker Eddy fait remarquer qu’il est tentant de se contenter de croire à la Science Chrétienne au lieu de la comprendre, mais elle dit clairement qu’une simple croyance est préjudiciable au succès de la pratique de la Science Chrétienne (voir « Principe et Pratique », article écrit par Mary Baker Eddy en 1910 et publié dans le Héraut de la Science Chrétienne de juin 2006).
C’est pourquoi, les dimanches suivants, j’ai discuté de ce point particulier avec la classe. J’ai clairement expliqué que l’objectif de l’école du dimanche n’était pas d’inciter quiconque à croire aveuglément en Dieu ou à la Science Chrétienne, mais de comprendre l’enseignement spirituel de la Bible et de réfléchir à la façon dont on peut appliquer cet enseignement dans notre vie. Cela fait une grande différence ! A partir de ce moment, les cours se sont déroulés harmonieusement. Nous avons toujours des discussions très animées, qui soulèvent des doutes et des objections, mais j’ai l’impression que les élèves ne se sentent plus obligés de croire à quelque chose.
L’une des élèves, qui ne pratiquait plus la Science Chrétienne depuis des années, a raconté à la classe qu’un jour, elle ne se sentait pas bien, et qu’elle avait alors prié à partir des idées dont nous avions discuté tous ensemble, et qu’elle s’était sentie beaucoup mieux après. Quelques semaines plus tard, cette élève a même invité un ami à l’école du dimanche pour la première fois, et ce dernier est venu.
Qu’ajouter d’autre ? Je suis très heureux de voir que toute la classe, moi compris, continue d’apprendre et de croître en compréhension.
Alexandre Fischer
    