Pour peu qu'on y prenne garde, la nature nous enseigne de merveilleuses leçons.
Prenons, par exemple, les splendides tulipes qui, au printemps, parent les jardins de si belles couleurs. Chacune provient d'un oignon ou bulbe qui est en terre depuis des mois. Mais c'est au printemps seulement que nous en voyons la manifestation. Pendant des mois, il n'y a donc aucun signe apparent de leur existence. Et pourtant, en général, il ne vient à l'idée de personne de creuser la terre pour voir si ces bulbes sont toujours là et si quelque chose se passe. Cette absence de manifestation apparente n'a jamais affecté l'assurance que nous avons de voir des fleurs arriver au printemps. Et si nous avons planté une sorte de tulipe, d'une couleur particulière, d'une hauteur définie et qui doit fleurir à une certaine période, nous croyons et savons que nous allons voir pousser cette fleur, de l'espèce et de la couleur prévues, à la période prévue.
Alors, quand « voyons-nous » nos tulipes ? Seulement quand les feuilles sortent de terre ou que les fleurs ouvrent leur corolle ? En d'autres termes: quand les sens physiques (nos yeux) l'attestent?
Non, certainement pas. En fait, avant même que nous ne plantions l'oignon, nous savons déjà ce que nous allons obtenir. Alors que nous mettons en terre un bulbe qui – du point de vue de l'apparence - n'a strictement rien à voir avec une tulipe, nous n'avons aucun doute quant à la fleur qui poussera dans le jardin. Nous en sommes tellement convaincus... qu'il ne nous viendrait certainement pas à l'idée de prier pour fortifier notre confiance. C'est simplement une évidence. Nous croyons au résultat bien avant de le voir.
L'exemple de l'oignon de tulipe peut nous être très utile dans notre vie quotidienne, dans la mesure où, par la prière et la foi en Dieu, nous sommes aussi amenés à croire avant de voir ou à voir au-delà des apparences humaines.
Discerner spirituellement ce qui n'est pas perceptible aux sens humains mais que Dieu nous révèle dans Sa Science, puis s'attendre à la manifestation du bien, là où nous sommes, c'est ce qu'enseignait Jésus.
À Thomas, qui doutait de sa résurrection, Jésus dit: « Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru ! » (Jean 20:29) C'est-à-dire, ceux qui, bien qu'ils n'aient pas vu Jésus de leurs yeux, sont restés confiants et ont cru que le Christ était toujours présent. Cela est vrai également pour nous, qui ne voyons plus l'homme Jésus, mais qui pouvons cependant reconnaître et accepter la présence du Christ éternel à chaque instant. Jésus dit aussi à l'officier qui lui demandait de venir guérir son fils: « Si vous ne voyez des miracles et des prodiges, vous ne croyez point. » (Jean 4:48) En d'autres termes: si vos sens humains ne discernent pas l'objet de vos pensées ou de vos espérances, vous n'en acceptez pas la réalité. Jésus insiste vraiment sur le fait que nous devons croire, accepter la Vérité, le fait spirituel, la bénédiction divine toujours présente, avant même d'en voir la manifestation humaine. Il serait certainement juste aussi de dire: sans tenir aucun compte de la matière ni de son apparence.
Rappelez-vous qu'il n'a pas accompagné le père du jeune homme mourant, comme celui-ci le lui demandait pourtant avec insistance et de tout son cœur. Jésus manquait-il de l'élémentaire compassion qui aurait voulu qu'il suive ce père ? Pourquoi ne l'a-t-il pas accompagné ?
Vous aurez peut-être noté qu'à deux reprises cet homme invite Jésus à « descendre » auprès de son fils mourant. Il aurait simplement pu dire « viens !», mais il dit « descends ! ». Ce que Jésus refuse de faire. Même si la configuration de la région nécessitait effectivement que l'on descende pour se rendre à Capernaüm, on peut aussi comprendre la demande comme: « descends au niveau des pensées du monde, de la croyance à la vie dans la matière; viens te rendre compte de la situation dramatique dans laquelle se trouve mon fils et sauvele! » C'est cela que Jésus refuse. Non pas de sauver le fils, mais de descendre au niveau des pensées du monde, de ce qu'il sait être l'illusion d'un homme mortel, malade ou mourant. Il reste sur la « hauteur » de la vision spirituelle – la réalité divine – où l'homme est révélé à l'image et à la ressemblance de Dieu, donc parfait.
Il lui dit « Va, ton fils vit ». Il énonce la vérité, le fait spirituel absolu. À cet instant même, le jeune homme était guéri, mais le père ne pouvait en avoir aucune confirmation humaine. La Bible relate que cet homme crut en la parole de Jésus et qu'il retourna chez lui. Il se peut qu'il n'était pas encore absolument certain de la guérison de son fils, mais il se sentait fortifié et plein d'espérance, ouvert à cette vérité dont les sens humains ne pouvaient lui donner témoignage ni confirmation. Le récit précise que sur le chemin du retour il rencontra des gens de sa maison venus à sa rencontre pour lui annoncer la merveilleuse nouvelle de la guérison de son fils. Bien qu'il ne l'ait toujours pas vu, c'est à ce moment-là qu'il crût, qu'il acceptât complètement et avec joie ce que Jésus lui avait dit au sujet de son enfant.
Discerner spirituellement ce qui n'est pas perceptible aux sens humains mais que Dieu nous révèle dans Sa Science, puis s'attendre à la manifestation du bien là où nous sommes, c'est ce qu'enseignait Jésus.
Dans un autre cas, Jésus dit à Jaïrus, à qui l'on venait d'annoncer la mort de sa fille: « Ne crains pas, crois seulement, et elle sera sauvée. » (Luc 8:50)
« Croire en Dieu, c'est une façon de posséder déjà les biens qu'on espère, c'est être persuadé que les choses qu'on ne voit pas existent vraiment », peuton lire dans l'Épitre aux Hébreux (11:1, d'après la version Parole de Vie).
Dans le même ordre d'idée voici ce qu'écrit Mary Baker Eddy: « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. En cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades. » (Science et Santé, p. 476)
Alors même que le sens mortel, le sens humain de la vue ou la connaissance humaine, présentait un mortel pécheur ou malade, mourant ou même mort, « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait ». Il n'accordait donc aucun pouvoir à l'apparence physique, aux diagnostics ou aux « fautes » concernant les personnes qui avaient besoin de son aide. Il savait discerner instantanément, au-delà de cette apparence, la nature spirituelle de l'être, à l'image et à la ressemblance de Dieu. Et « cette vue correcte de l'homme guérissait les malades » !
Il est donc essentiel de bien comprendre qu'il ne peut y avoir deux vérités radicalement différentes pour une même chose, au même moment. Ce fait est clairement illustré par le mirage. Il ne peut y avoir au même moment et au même endroit une étendue d'eau et le désert. Une seule de ces choses est réelle, et ce n'est pas celle qui apparaît de la façon la plus évidente au sens humain de la vue. Il s'agit donc de voir, au-delà de l'apparence d'une étendue d'eau, le fait absolu que le désert est la seule réalité. Se fier à l'apparence peut nous égarer et même nous perdre. S'attacher avec assurance à ce que nous savons être vrai nous amène à voir l'irréalité et la disparition du mirage.
Prenons maintenant un exemple qui nous touche tous de plus près: vous vous tenez devant un miroir et voyez votre image, l'image d'un mortel avec ses limites. Puis vous regardez la définition de l'homme que donne Mary Baker Eddy dans Science et Santé (page 475) et vous lisez: « L'homme n'est pas matière; il n'est pas composé de cerveau, de sang, d'os et d'autres éléments matériels. Les Écritures nous apprennent que l'homme est fait à l'image et à la ressemblance de Dieu. La matière n'est pas cette ressemblance. La ressemblance de l'Esprit ne peut être si dissemblable à l'Esprit. L'homme est spirituel et parfait, et, parce qu'il est spirituel et parfait, il faut le comprendre ainsi en Science Chrétienne. » Il semble dès lors qu'il y ait deux « définitions » de vous-même. Pourtant une seule est vraie, une seule est réelle. L'autre est illusion. Voir dans la Science, c'est précisément abandonner l'image dans le miroir ou s'en détourner et s'attacher à la ressemblance même de Dieu, spirituelle et parfaite.
Il y a bien années, ma maman avait avait fait une chute et son visage avait heurté violemment la chaussée. Quand je l'ai vue, quelques minutes plus tard, l'image que présentait son visage ensanglanté n'était pas belle du tout. J'ai instantanément refusé de croire et d'accepter cette image et me suis attaché aux qualités spirituelles qui, je le savais, constituaient son être véritable. Littéralement je « voyais dans la Science » ce qu'elle était réellement: l'expression de qualités divines telles que l'amour, la bonté, la douceur, l'humilité, la tendresse, et d'autres encore qui étaient si manifestes en elle.
J'ai donc refusé de « descendre » au niveau des pensées humaines et suis resté sur « la montagne de la spiritualité », là où l'homme est toujours, et exclusivement, l'image et la ressemblance de Dieu. Le fait de ne pas croire ce qui apparaissait au sens humain de la vue me donnait une grande paix et une grande assurance. Ainsi la crainte fut rapidement éliminée. Très vite aussi les douleurs disparurent et ma maman put reprendre son activité normale. La guérison complète fut effectuée en quelques jours. (Voir ce témoignage paru dans le Héraut de mai 1993.)
La Science Chrétienne apprend à « voir », à discerner spirituellement, au-delà de ce que les sens humains présentent, la réalité des œuvres de Dieu, œuvres qu'Il a déclarées très bonnes pour l'éternité. Et cette vision spirituelle des choses apporte la guérison, aussi certainement que nous voyons fleurir les belles tulipes au printemps.
 
    
