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Article de couverture

Vivre dans les mains de Dieu

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mars 2001


Je suis musulmane, née en Algérie. Quand je suis arrivée en France pour faire des études supérieures de droit, j'ai travaillé à la fin de mes études à la Mosquée de Paris. C'est peut-être paradoxal, mais c'est la rencontre d'un homme qui m'a fait redécouvrir ma religion.

Cet homme était le recteur de la Mosquée. Quand vous travaillez avec un grand théologien qui vous dit: l'islam, c'est 2 + 2 = 4, et si ce n'est pas aussi logi que cela, ce n'est pas l;islam, cela vous intéresse, surtout en tant que femme, quand on sait que généralement au nom de la religion on nous enferme.

A ses côtés, je n'ai pas eu du tout ce sentiment. J'ai vraiment pu m'épanouir, j'ai pu m'exprimer, j'ai pu réfléchir. J'ai pu apprendre un islam qui m'a permis et qui me permet aujourd'hui de le vivre d'une manière sereine, libre, surtout libre. La liberté vous amène à être plus fort quand vous êtes attaché à vos valeurs, c'est dans la liberté qu'on est amené à réfléchir.

Comme toutes les autres religions, l'islam c'est un idéal à atteindre et donc le chemin est long et difficile. J'ai appris à regarder la religion de manière dynamique, intelligente et moderne.

C'est peut-être aussi une force de Dieu — cela je ne le nie pas car je crois qu'elle est réelle qui me donne le courage et l'envie de rester ce que je suis, c'est-à-dire une musulmane croyante malgré les résistances, malgré les versions que l'on me donne de tel ou tel verset du Coran, malgré les condamnations.

La religion, pourquoi faire ? Il faut que ce soit pratique, il faut que cela vous permette de vivre et d'évoluer dans le contexte historique et géographique dans lequel vous êtes. Pour donner un exemple, c'est un exemple typique dans notre religion: c'est la situation des femmes par rapport au voile. Au nom du voile, des femmes s'arrêtent de faire des études et en s'arrêtant de faire des études elles sont forcées de contrevenir à une obligation fondamentale dans l'islam qui est l'obligation du savoir, et elles sont placées dans une précarité beaucoup plus grande. Quand j'ai exprimé, en mon âme et conscience, mes positions sur le voile, j'ai eu des critiques très dures de certains qui considéraient que j'étais ignorante, et pourtant je discute avec eux sur la base du Coran. Je n'invente rien. Le verset auquel je fais référence, c'est un verset qui dit: « Dieu n'impose à l'âme que ce qu'elle peut supporter. » Dieu ne demande pas l'impossible.

Ma conviction est très forte sur ces sujets-là. On a parfois des doutes — je ne crois pas que les croyants ont des certitudes sur tout — mais sur ces questions-là, sur les positions que je prends sur la situation des femmes, ma conviction est basée sur une étude sérieuse du Coran et de la jurisprudence musulmane. Je travaille aussi énormément, et cela me passionne, sur le parcours des femmes musulmanes dans l'histoire, sur les grandes oubliées de l'histoire. Il y a un gros travail à faire là-dessus.

A la mort du recteur, j'ai dû quitter la Mosquée de Paris dans des conditions très tristes, après avoir été chef de cabinet pendant cinq ans. C'est vrai que sur le moment cela a été une blessure profonde. Mais avec le temps je remercie Dieu de ce qui s'est passé pour moi, parce que cela m'a confortée dans la liberté. Avec le recul, je vois qu'il ne faut pas désespérer. Cela m'a permis de renforcer mes recherches, d'approfondir mes centres d'intérêt en toute liberté, sans être influencée par des prises de positions institutionnelles. Et cela a renforcé ma foi, cela m'a fait grandir dans tous les sens.

Ce que je faisais déjà à la Mosquée, je le faisais pour Dieu. J'ai continué à le faire après, dans mon travail d'avocate. Je considère qu'il n'y a pas de double comportement. Je suis une croyante partout où je suis. Dans le monde du travail, vous rencontrez des situations malheureuses et si vous les traitez en technocrate froid, ce n'est pas la peine après d'aller prier Dieu et de parler d'amour et de miséricorde. Si je n'applique pas les valeurs auxquelles je crois par ma religion, à quoi me servirait celle-ci ?

Je remercie Dieu pour beaucoup de choses vraiment. Pour la vie qu'Il m'a donnée, pour les choix professionnels que j'ai faits, pour la famille, pour les rencontres que j'ai faites. Dieu m'a fait découvrir ce que je considère comme étant fondamental, c'est-à-dire le fin fond de l'homme: le spirituel, ses valeurs, et cela relativise beaucoup de choses.

Dans mon travail pour les femmes, je leur donne le conseil de garder leur emploi. Il ne faut pas rester chez soi et dire « Dieu va m'aider ». Dieu encourage le travail ! Du temps du Prophète, une femme a été nommée directrice de marché. Or on sait qu'un marché dans ce contexte-là est une activité commerciale importante. Une femme a aussi été nommée ministre de la justice, de la charia. Et son passage au ministère de la justice a été marqué par la lutte contre la corruption. En fait, j'invite les femmes musulmanes à mieux connaître les droits que Dieu leur a donnés.

Mais pour moi l'égalité, ce n'est pas forcément d'avoir le même statut que l'homme. L'égalité, c'est d'avoir un statut différent en fonction de nos spécificités. La maternité, c'est un don de Dieu. J'attache beaucoup d'importance au fait d'être avec mes enfants. Mais quand parfois je dois prendre quelqu'un pour les garder et que les choses se compliquent, je sais qu'il y aura une solution, parce que Dieu est là. J'ai confiance.

Ma religion me donne de la sérénité. Pour moi, Dieu est tout-puissant, tous les jours, en tout. Nous devons tous apprendre à vivre entre les mains de Dieu.

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