Je ne voyais vraiment pas ce que j'avais fait pour que ma collègue me déteste autant. Je venais de changer de travail. Les critiques et les commérages injustifiés pleuvaient. Mes tentatives de l'amadouer avaient échoué lamentablement.
Un jour, dans la salle des photocopieuses, elle m'a lancé une remarque acerbe, puis elle est sortie d'un air dédaigneux en me claquant la porte au nez ! J'étais fortement tentée de réagir, soit en me mettant en colère soit en m'apitoyant sur mon sort.
Une autre collègue est entrée dans la pièce, a mis son bras autour de mes équales et m'a dit: « Tu sais, nous sommes tous de ton côté. Nous ne comprenons pas ce qui lui arrive, mais tu as notre soutien. » Plus tard, dans la même journée, mon chef m'a convoquée dans son bureau pour me demander si je souhaitais déposer une plainte contre ma collègue pour m'avoir harcelée verbalement et avoir créé un environnement professionnel hostile. J'ai vraiment envisagé cette possibilité.
A ce moment-là, j'ai décidé d'appeler une praticienne de la Christian Science* pour qu'elle m'aide à prier. Elle m'a mentionné un passage de la Bible, I Corinthiens, chap. 13, où l'apôtre Paul parle de l'amour semblable à celui du Christ. En voice des extraits: « La charité est patiente, elle est pleine de bonté... elle ne fait rien de malhonnête, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s'irrite point, elle ne soupçonne point le mal... La charité ne périt jamais. Les prophéties prendront fin, les langues cesseront... » C'était la réponse dont j'avais besoin ! D'abord, j'ai compris qu'il n'était pas nécessaire que je cherche mon intérêt. J'ai décidé de ne pas porter plainte contre ma collègue. Deuxièmement, ces versets de la Bible m'ont rappelé que je ne pouvais pas m'irriter ni être provoquée. Ils me promettaient aussi que les langues cesseraient.
La praticienne et moi, nous nous sommes accrochées fermement au fait qu'en réalité nous sommes tous frères et sœurs, créés par le seul Dieu infini. J'ai commencé à mieux comprendre que si Dieu est Amour et ne change pas, comme le dit la Bible, Sa création entière est forcément aimante et digne d'être aimée.
J'ai beaucoup pensé au poème de Mary Baker Eddy intitulé « Amour ». En voici la première strophe:
Sous Ton aile, ô Dieu tout-puissant,
Garde nos cœurs unis,
Ainsi que des oiseaux aimants
Blottis au même abri !
Qui prie et veille n'a recours
A d'autres armes que l'amour.
(Écrits divers, p. 387)
C'est ce que je désirais: manifester davantage l'esprit du Christ et voir nos pensées unies comme des oiseaux aimants.
J'ai prié afin de voir que la jalousie, la compétition malsaine et la rancune n'avaient aucune place dans la création de Dieu, parce que nous sommes créés à Son image. Dans Écrits divers, Mary Baker Eddy déclare: « Dieu, le Principe divin de la Science Chrétienne, gouverne littéralement les buts, l'ambition et les actes du Scientiste, grâce à l'accession de celui-ci à la spiritualité. Le gouvernement divin donne prudence et énergie; il bannit à jamais toute envie, toute rivalité, toute mauvaise façon de penser, toute mauvaise façon de parler et d'agir; ainsi purifié, l'entendement mortel obtient la paix et le pouvoir en dehors de luimême. » (p. 204) Je savais que je pouvais m'en remettre au « gouvernement divin » de l'Amour omnipotent qui était totalement maître de cette situation. Ma collègue et moi allions retirer de grands bienfaits de tout cela, ainsi que le bureau entier. Et c'est bien ce qui s'est passé.
J'avais des affaires personnelles à régler et j'allais donc être absente de mon travail pendant plusieurs jours. Ces journées ont été remplies d'inspiration et j'ai eu la certitude que l'amour finirait par triompher. Quand je suis retournée travailler, ma collègue était à la réception, ce qui était inhabituel. Elle fut la première personne que j'ai vue. J'étais déterminée à voir en elle l'enfant de Dieu, aimée, aimante et digne d'être aimée. Je l'ai saluée d'un joyeux « bonjour » comme j'en avais l'habitude. Elle m'a répondu avec amabilité. C'était un nouveau départ pour nous.
Ayant été absente du bureau plusieurs jours, j'avais énormément de travail à faire. Bientôt, elle est venue me proposer son aide. Elle m'a même offert une boisson ! Son comportement envers moi manifestait un revirement total. J'ai appris plus tard qu'aucun supérieur ne lui avait parlé au sujet de la situation. A partir de ce moment, et pendant toutes les années que j'ai passées dans cette compagnie, elle s'est montrée amicale, toujours prête à aider et pleine d'attention envers moi et les autres employés. En outre, tous les employés du service en ont retiré un bénéfice supplémentaire: les bavardages et commérages superflus ont complètement cessé.
