Lorsque j'étais moniteur à l'école du dimanche, il m'est arrivé parfois de demander à mes jeunes élèves s'ils priaient, quand ils le faisaient et comment ils s'y prenaient.
Très souvent c'est à l'école qu'ils s'adressaient à Dieu, généralement pour Lui demander de les aider à résoudre un problème, par exemple pendant qu'ils faisaient un devoir ou passaient un examen. D'où la question suivante que je leur posais: cela veut-il dire que c'est lorsqu'on pense ne plus être en mesure de trouver une solution soi-même que l'on s'adresse à Dieu (peut-être même sous cette forme: « Tu vois, mon Dieu, je n'y arrive pas tout seul: donne-moi un coup de main » ) ?
Il est certes bon de s'adresser à Dieu lorsqu'on se trouve face à un problème ou à une situation difficile. Mais faut-il attendre qu'une telle éventualité se présente pour le faire ? Ne vaudrait-il pas mieux affirmer constamment et systématiquement notre unité avec notre Père-Mère et réaliser que c'est Lui « qui produit en [nous] le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » Philippiens 2:13., que nous ne possédons pas un entendement personnel mais reflétons toujours l'Entendement divin et son intelligence illimitée ainsi que ses capacités infinies ? Si nous faisons cela régulièrement, nous ne croirons pas être des acteurs indépendants de notre Créateur. Comme Jésus, nous saurons que nous ne pouvons rien faire de nous-mêmes, mais que c'est Dieu qui agit toujours, partout, où que nous nous trouvions. Petit à petit, nous prendrons conscience du fait que, en réalité, nous ne sommes jamais séparés de notre Créateur. Parce que Dieu vit, l'homme vit. Parce que Dieu aime, l'homme aime. Parce que Dieu pense, l'homme pense,
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy définit l'homme comme suit: « L'idée composée de l'Esprit infini; l'image et la ressemblance spirituelles de Dieu; la représentation complète de l'Entendement. » Science et Santé, p. 591. L'auteur de cet ouvrage nous rappelle ailleurs la définition du mot « idée »: « Une image dans l'Entendement; l'objet immédiat de la compréhension. – Webster » Ibid.; p. 115.
Une analogie explique la nature parfaite de l'homme créé à la ressemblance de Dieu: c'est celle du miroir. Jean 5:19. Cela peut nous aider à réaliser que l'homme ne peut rien faire de lui-même. Lorsque nous nous contemplons dans une glace, notre reflet fait uniquement ce que nous faisons et rien d'autre: il n'enlève pas son chapeau si nous le gardons sur la tête, ou bien il ne décide pas tout à coup de se retourner et de sortir par la porte que nous voyons dans le miroir, à moins que nous ne le fassions.
Une expérience m'a particulièrement frappé. A la fin de la formation qui avait complété mes études de droit, je me suis présenté à des examens professionnels. Ceux-ci devaient durer une semaine, à raison d'un examen écrit de quatre heures chaque jour. Je m'étais bien préparé, et j'avais également demandé à un praticien de la Christian Science de me soutenir durant cette période éprouvante. Le troisième jour de ces examens, je devais donner mon avis sur un cas plutôt compliqué (il s'agissait de renseigner quelqu'un sur les conséquences que son comportement dans des circonstances données pourrait entraîner). Après deux heures, j'avais mis un point final à mon travail, qui concluait qu'un tel comportement était exempt de tout reproche. Une telle conclusion était si surprenante que j'ai commencé à paniquer... Après quelques minutes d'affolement, je me décidai à faire ce à quoi j'aurais dû penser avant de me mettre au travail: prendre conscience de mon unité avec l'Entendement divin. la seule source de toute intelligence, qui se manifestait partout, y compris dans la salle même dans laquelle je me trouvais. Je repris rapidement mon calme, déchirai ma copie et me remis à l'ouvrage. Je ne pourrai jamais oublier comment les choses se sont alors passées: durant les deux heures qui restaient à ma disposition, j'ai écrit comme sous dictée. Les idées me venaient, bien ordonnées. A midi, soit à la fin de l'examen, j'avais rédigé un avis dont les conclusions étaient diamétralement opposées à celles de mon premier essai, cela sans précipitation et dans le plus grand calme. Cet examen fut le meilleur de toute la série et fut apprécié par la meilleure note possible, comme je l'ai appris par la suite.
Cette expérience m'a rempli et continue de me remplir de gratitude. Elle m'a permis en effet de mieux percevoir la véritable nature de l'homme, notre véritable nature. Elle m'a enseigné à ne pas me considérer comme un être séparé de Dieu, avec sa propre intelligence, ses propres qualités et capacités: « ... le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. » Voir Science et Santé, p. 301. Savoir cela ne diminue en rien la satisfaction que l'on éprouve dans ses activités. Loin d'être frustré par la reconnaissance de la source de toute intelligence et de toute action, l'on éprouve la joie profonde que donne la conscience de son unité avec son Père-Mère Dieu.
La conscience de cette unité avec Dieu nous confère en outre une grande sérénité. Elle dissipe les craintes qui parfois voudraient nous assaillir. Se sentir un avec l'Amour omniprésent, omniscient et omnipotent nous donne la certitude de la sollicitude active de notre Créateur, qui prend soin de Ses idées. Celles-ci ne peuvent jamais être séparées de l'Entendement qui les conçoit, les guide et les contrôle éternellement. Il suffit parfois d'un instant de conscience de cette présence de l'Amour pour acquérir la conviction que notre Père-Mère Dieu prend soin de nous. J'en ai fait l'expérience peu après avoir passé les examens professionnels dont il a été question plus haut.
J'étais en vacances d'hiver avec mon épouse et des amis pour pratiquer le ski. Alors que je me trouvais seul sur un remonte-pente, la pensée m'est venue: Que feras-tu lorsque tu auras réussi tes examens ? Presque immédiatement un passage de Science et Santé m'est venu à l'esprit qui m'assurait que Dieu prenait tendrement soin des Siens et qu'il avait pourvu à tous mes besoins: « L'Amour divin a toujours répondu à tout besoin humain et y répondra toujours. » Ibid., p. 494. Un grand calme et une grande joie ont alors rempli ma conscience.
De retour à la maison, nous avons eu la visite d'un ami, prévue de longue date. La première chose qu'il m'a dite en arrivant, c'est qu'il avait promis à l'un de ses proches d'attirer mon attention sur un emploi qui était offert dans la partie de notre pays où l'on parle l'allemand. Je lui avais pourtant déclaré à plusieurs reprises qu'il n'était pas question pour moi d'aller travailler dans cette région. C'est pourquoi ses premières paroles avaient été: « Je sais que cela ne t'intéressera pas, mais je me suis engagé à t'en parler tout de même. » Or l'emploi en question s'inscrivait dans le cadre de ma formation, dans une localité où existait de plus une église de la Christian Science. Ma femme et moi n'avons eu aucune hésitation: j'ai proposé mes services, qui ont été acceptés. J'ai passé les vingt années suivantes dans cet emploi, qui m'a apporté, ainsi qu'à ma famille, de grandes satisfactions. Cela nous a permis, à mon épouse et à moi-même, d'être actifs dans une petite église, et d'en récolter de nombreuses bénédictions.
Ce qui me frappe particulièrement, lorsque je repense à cette expérience, c'est le calme et la joie qui ont suivi ma brève réalisation du fait que notre Père-Mère Dieu prenait soin de Ses enfants, et que je n'avais donc aucun souci à me faire. Ce qui me frappe aussi, c'est l'attitude de mon ami, qui aurait eu une excellente raison de ne pas me transmettre le message, puisque je lui avais déclaré à plusieurs reprises que je ne ferais pas carrière ailleurs qu'à l'endroit où j'avais étudié et reçu ma formation professionnelle. De fait, ce qu'il m'avait transmis répondait exactement à la question que je m'étais posée en songeant à mon avenir professionnel.
Ces deux expériences me font penser aux paroles de Mary Baker Eddy: « Ne demandez jamais pour demain: il suffit que l'Amour divin soit un secours toujours présent; et si vous attendez, sans jamais douter, vous aurez à chaque instant tout ce dont vous avez besoin. Quel glorieux héritage nous est donné grâce à la compréhension de l'Amour omniprésent ! » Écrits divers, p. 307.
