Aune Époque où je m’efforçais d’être plus fidèle à la Science Chrétienne, un ami m’encouragea à lire à haute voix l’Article VIII du Manuel de L’Église Mère de Mary Baker Eddy: « Vigilance face au devoir. sect. 6. Il sera du devoir de chaque membre de cette Église de se défendre journellement contre la suggestion mentale agressive, et de ne pas se laisser entraîner à oublier ou à négliger son devoir envers Dieu, envers son Leader et envers l’humanité. Par ses œuvres, il sera jugé — et justifié ou condamné. »
« Observe bien l’enchaînement ! » souligna mon ami. « Dieu vient en premier, ensuite notre Leader, puis l’humanité. » Il savait qu’en mettant de l’ordre dans mes priorités, je démontrerais mieux la Science Chrétienne. Il me suggéra en outre de lire chaque article du Manuel non seulement comme une disposition prévue par notre Leader pour l’Église, mais encore comme une règle pour ma propre démonstration et ma croissance spirituelle.
Les années qui suivirent cette conversation virent grandir mon amour pour la Science Chrétienne. Cependant, par la suite, j’eus à affronter de nouvelles épreuves, et le conseil de mon ami me revint à l’esprit. Je vis qu’il me fallait comprendre encore mieux l’importance de l’œuvre de Mary Baker Eddy et la place qu’occupe notre Leader dans l’histoire, il me fallait percevoir l’amour désintéressé et le dévouement dont elle avait fait preuve pour révéler la Science Chrétienne au monde entier.
J’entrepris de lire les mémoires des pionniers du mouvement. Dans Nous avons connu Mary Baker Eddy, par exemple, plusieurs personnes expliquent ce qu’a représenté pour elles le fait de servir la cause à cette époque. Certaines avaient travaillé dans la maison de Mary Baker Eddy. C’étaient des praticiens et des professeurs de Science Chrétienne très actifs, à qui on avait demandé d’assumer les fonctions de cuisinier, d’employé de maison ou de secrétaire... Plusieurs avaient été priés de venir dans un très bref délai. Et ceux qui avaient répondu à l’appel se trouvaient face à une discipline spirituelle qu’ils n’auraient pas pu supporter s’ils n’avaient perçu l’importance de la découverte de la Science Chrétienne et l’autorité unique de Mary Baker Eddy, son Découvreur.
Alors qu’elle posait les fondements du mouvement de la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy estimait les services de ces travailleurs si importants qu’elle inscrivit dans les statuts un article intitulé « Occasion de servir le Leader », dans lequel on peut lire: « Sur demande écrite du Pasteur Émérite, Mrs. Eddy, le Conseil des Directeurs notifiera immédiatement à une personne qui aura été membre de cette Église pendant trois ans au moins, de se rendre chez elle dans les dix jours, et il sera du devoir du membre ainsi avisé de demeurer auprès de Mrs. Eddy trois années consécutives » (Art. XXII, sect. 11).
Je me mis à réfléchir à cet article, m’interrogeant sur sa signification actuelle, Mary Baker Eddy n’étant plus parmi nous. Je comprenais qu’il avait contribué jadis à un grand dessein, mais je ne voyais pas très bien comment y obéir aujourd’hui.
C’était peut-être un peu présomptueux, mais je me demandai: « Que ferais-je si j’étais appelée au service de notre Leader dans un aussi bref délai ? » Cette question me troubla, car, en toute honnêteté, je n’avais aucune idée de la façon dont je réagirais. Mais, comme j’y songeais, une idée s’imposa naturellement à ma pensée: « Tu peux répondre à l’appel de Mary Baker Eddy tout d’abord en étudiant plus à fond la Bible, ainsi que Science et Santé et ses autres écrits, ensuite en lisant chaque jour quelque chose sur sa vie et sur son œuvre, sur tout ce qu’elle a accompli pour apporter la guérison à l’humanité. »
J’entrepris donc de lire, de manière systématique, les biographies autorisées, y compris son autobiographie, Rétrospection et Introspection. J’étudiais quelques pages chaque jour, afin de mieux comprendre la vie dont l’apogée fut la découverte de la Science Chrétienne et la fondation de l’Église, et je m’efforçais d’appliquer mes nouvelles découvertes à ma vie quotidienne. Il me fallut environ un an pour faire le tour de tous les écrits biographiques.
Un matin, peu après avoir mené cette entreprise à bien, je téléphonai à une amie qui habitait dans un État éloigné. Nous avions l’habitude de nous téléphoner régulièrement. Cependant, au cours de la conversation, je me rendis compte qu'elle avait un problème et je lui promis de la rappeler au bout de quelques jours pour constater ses progrès. Au cours de ce deuxième entretien, je lui proposai de lui rendre visite. Mon amie ne pensait pas, alors, avoir besoin d’aide, mais le sens spirituel nous incite à être à l’écoute. Devais-je y aller ? Je n’hésitai pas longtemps, bien que cela me demandât de quitter famille et emploi pour ainsi dire sans délai. L’Amour divin ouvrit la voie, et des solutions furent trouvées tant à la maison qu’au travail. L’après-midi même, j’étais dans l’avion, et j’arrivai chez mon amie dans la soirée.
Par la suite, les événements démontrèrent que mon intuition spirituelle avait été juste. Comme la situation s’aggravait, il s’avéra que j’étais particulièrement bien préparée pour répondre aux besoins de mon amie. Alors qu’un praticien de la Science Chrétienne l’aidait par la prière, je fus à même de prendre soin d’elle, de faire la cuisine et le ménage, tout en respectant l’objectif élevé de la guérison spirituelle. Je ne la quittai que lorsqu’elle fut à nouveau capable de demeurer seule, ce qui demanda environ quatre semaines. Peu après, la guérison était complète. Non seulement j’ai eu la joie immense de voir s’opérer la guérison, mais j’ai aussi reçu des leçons de sollicitude et d’amour qui continuent de nous bénir tous, ma famille, ceux qui m’entourent et moi-même.
Cet incident m’a permis de mieux comprendre la règle du Manuel « Occasion de servir le Leader » et de voir comment chacun peut la mettre en pratique aujourd'hui. Il n’est pas indispensable d’aller vivre chez quelqu’un qui a besoin d’aide, comme je le fis dans ce cas précis. En effet, ne servons-nous pas notre Leader chaque fois que nous mettons l’amour désintéressé et la guérison par la Science Chrétienne au premier plan de notre vie ? Le désir de servir Dieu au moyen de Sa loi spirituelle, joint à l’amour désintéressé, doit avoir pour nous la priorité absolue, afin que la Science Chrétienne remplisse le rôle si important auquel la destinait notre Leader et qu’elle bénisse ainsi l’humanité.
Percevoir, même en partie, les sacrifices que Mary Baker Eddy consentit en faveur de la mission curative et rédemptrice de cette Science nous incite à affermir notre engagement de disciple. Notre Leader voyait dans la Science une exigence divine, et non une directive humaine. Ce qu’elle recommande dans son Message to The Mother Church for 1902: « Je le répète une fois encore, ne suivez votre Leader que dans la mesure où elle suit le Christ » nous aide à mieux comprendre le caractère impératif de ces paroles de notre Maître: « Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites » (Matthieu).
La portée pratique du conseil que mon ami m’avait donné des années plus tôt m’a incitée à examiner chaque jour mes priorités à la lumière de la règle du Manuel « Vigilance face au devoir ». En acquérant un concept plus précis de Dieu grâce à mon étude de la Bible et des écrits de Mary Baker Eddy, j’ai éprouvé davantage de respect pour notre Leader et d’estime pour tout ce qui lui en a coûté de donner la Science Chrétienne au monde. Cela m’a permis d’aider le genre humain en m’appuyant sur une base métaphysique solide.
Le métaphysicien scrupuleux pourrait se demander si l’étude de la vie de notre Leader et de son rôle dans l’histoire n’est pas en désaccord avec le passage suivant de The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, dans lequel elle nous met en garde: « Ceux qui me recherchent en personne, ou ailleurs que dans mes écrits, me perdent au lieu de me trouver. » Elle ne l’est pas si l’on comprend que, loin de se préoccuper de la personne, elle donne une meilleure perception des épreuves, de la discipline et des sacrifices qui ont permis à Mary Baker Eddy de recevoir la pleine révélation de la Science du Christ de nous en donner l’exposé définitif.
L’édition initiale de Science et Santé nous révèle ses premiers progrès et la compréhension qu’elle avait à ce moment-là, alors que la dernière révision couronne des années d’étude de la Bible, de prière, de pratique de la guérison et d’expérience dans le christianisme. C’est cette croissance spirituelle qui lui permit d’apporter au monde la révélation définitive de la Science absolue de la guérison mentale. Mary Baker Eddy conservait un souvenir ému de toutes ces épreuves et de tous ces sacrifices. Elle nous dit: « Avant d’écrire cet ouvrage, Science et Santé, l’auteur rédigea de nombreuses notes sur l’Écriture, notes qui n’ont jamais été publiées. C’était pendant les années 1867 et 1868. Ces efforts montrent combien elle jusqu’à cette époque relativement dans l’ignorance du prodigieux problème de la Vie, et par quels degrés elle arriva finalement à le résoudre; mais elle apprécie ces notes tout comme les parents peuvent chérir les souvenirs des progrès de leurs enfants, et elle ne voudrait pas qu'on les modifiât. »
Cela veut-il dire qu’on ne peut démontrer la Science Chrétienne sans s’engager dans une étude systématique de la vie de Mary Baker Eddy comparable à celle que j’entrepris ? Bien sûr que non ! Mais plus on aime la mission de la Science Chrétienne et plus on se consacre à l’accomplissement de la prophétie que fit notre Leader pour le XXe siècle (voir Pulpit and Press 22:9–15), plus on aspire à mieux saisir, dans toute son ampleur, le caractère universel de la découverte et de l’œuvre de Mary Baker Eddy. Mieux connaître la vie et les œuvres de notre Leader en lisant ses moindres détails de la vie quotidienne, ainsi qu'elle l’enseigna aux gens de sa maison, plutôt que de vouer un culte à sa personnalité.
Notre Maître, Christ Jésus, discerna bien la tendance qu’a l’entendement humain à personnaliser la vérité, et il renvoyait toujours ses disciples au Principe qu’il démontra dans l’existence. Vers la fin de sa carrière, il rassembla ses disciples à Césarée de Philippe et il leur demanda: « Qui dit-on que je suis ? » Il s’attendait sans aucun doute aux réponses qu’ils lui firent; on pensait qu’il était Élie, ou Jérémie, ou l’un des prophètes revenu sur terre. S’efforçant de détourner leur pensée de sa personne, il leur demanda ce qu’ils pensaient, eux. Pierre répondit: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Matthieu).
Cette affirmation de Pierre faisait ressortir le fait spirituel que ce n’est pas la personnalité humaine, mais Dieu, qui guérit par Son Christ. Nous aimons toutes les leçons qui avaient amené Pierre au point où il en était et, pleins d’humilité, nous apprécions à leur juste valeur tout ce qu’il eut encore à apprendre en accomplissant le devoir dont l’avait chargé son Maître. Jésus lui a en effet demandé de nourrir ses brebis, c’est-à-dire de répondre aux besoins de l’humanité. Les luttes que les disciples, Paul et les premiers chrétiens eurent à remporter pour s’élever vers l’Esprit, et le fait de reconnaître leur place dans l’histoire du christianisme, nous permettent d’apprécier et de reconnaître notre propre rôle de disciple chrétien avec plus de patience et de compassion.
Mary Baker Eddy nous dit dans Rudiments de la Science divine: « La vraie compréhension de la guérison-Entedement de la Science Chrétienne n’a jamais eu pour origine l’orgueil, les rivalités ni la déification du moi. Celle qui a découvert cette Science pourrait vous parler de la timidité, de la méfiance de soi, de l’isolement, des labeurs, des angoisses et des victoires sous le poids desquels une perception miraculeuse lui fut nécessaire pour la soutenir alors qu’elle faisait ses premiers pas dans cette Science. »
L’étude de sa vie et de ses œuvres ne nous rapprochera-t-elle pas tous de notre Leader, comme si c’était elle-même qui nous parlait « de la timidité, de la méfiance de soi, de l’isolement, des labeurs, des angoisses et des victoires » qui donnèrent naissance à la révélation complète et définitive de la Science Chrétienne ? Et la meilleure compréhension qui en découlera ne nous encouragera-t-elle pas à mieux démontrer la Science Chrétienne, à nous engager de tout notre cœur dans cette action qui embrasse toute l’humanité dans l’amour infini de Dieu, ainsi que l’a prévu notre Leader ?