On peut lire la Bible en y voyant un chef d'œuvre de la littérature universelle. Elle est diverse, c'est un miroir de l'histoire et la poésie se joint à la prose pour y exprimer la profondeur des sentiments. Si on y voit une affirmation de la foi, on y découvre alors des profondeurs de sagesse et de philosphie capables de calmer, comme de soulever, les tempêtes. En tant que guide pratique pour l'existence, elle abonde de conseils et de directives qui mènent tout droit à une existence conforme à la morale.
Mais que se passera-t-il si, en lisant la Bible, on y découvre des contradictions inexpliquées: le bien opposé au mal, l'amour opposé à la colère et aux conflits, la fidélité opposée à la perfidie et à la trahison ? Si c'est ce qui nous apparaît au cours de notre lecture, alors les choses s'éclairent davantage quand nous songeons que la Bible est issue de l'existence de gens bien réels.
Nous avons des idéaux, et bon nombre d'entre eux tirent leur origine de la Bible: Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d'adultère, tu ne déroberas pas, tu ne porteras pas de faux témoignage, tu ne convoiteras pas ce qui appartient à ton prochain. Il ne s'agit pas là d'abstractions. Ces commandements sont nés de l'existence de gens qui étaient à la recherche d'un nouvel espoir, d'une liberté nouvelle. Et on finit toujours par se rendre compte qu'il faut bien un terrain commun, un moyen d'établir et de préserver la confiance, pour permettre aux individus, aux familles et aux communautés de s'établir et de survivre.
La vie n'est pas simple, et nous le savons bien. Il arrive que la confiance s'avère mal placée, que les espérances s'évanouissent, que certains se révèlent ne pas être à la hauteur de leur idéal. Mais la Bible va toujours de l'avant, elle continue d'avancer. Finalement il y a le Christ, ce pouvoir sauveur et libérateur, qui va droit au cœur et à la pensée du monde. Là où l'on avait connu de douloureux événements et de grands déboires, la reconstruction s'opère.
A mon avis, ce sont des preuves que nous recherchons. La preuve que Dieu est là, qu'Il existe. Cela confère une force à notre vie. Souvent il arrive que, plus nous avons perdu, plus nous désirons comprendre Dieu. Cela fait certes partie du message de la Bible. Les gens perdaient leur vision intérieure, ils s'égaraient en chemin. Les choses empiraient, et lorsqu'on pensait qu'elles ne sauraient aller plus mal, elles s'aggravaient encore. C'est alors même que la grâce et la puissance de Dieu éclatent, comme jamais auparavant.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy pose la question suivante: « Quel est celui qui, ayant éprouvé la perte de la paix humaine, n'a pas aspiré avec plus d'ardeur à la joie spirituelle ?... La perte des espérances et des plaisirs terrestres illumine pour bien des cœurs le chemin ascendant. Les douleurs des sens ne tardent pas à nous informer que les plaisirs des sens sont mortels et que la joie est spirituelle. » Science et Santé, p. 265. Et c'est bien ainsi que les choses se passent. Nous en avons l'expérience.
Les premiers chrétiens le savaient déjà. L'un d'eux mentionne les coups reçus, l'incarcération, les longues veilles observées, certainement pour prier et maintenir l'espoir spirituel. Pourtant « par la pureté, par la connaissance, par la longanimité, par la bonté, par un esprit saint, par une charité sincère... » II Cor. 6:6. la puissance de Dieu est entrée dans la vie de ce chrétien. Nous avons là une preuve indéniable de la façon dont Dieu agit dans une existence.
Cette preuve de la réalité spirituelle, cette sainteté imprégnant l'existence, apaisent la soif que nous savons être en nous, mais qui est si souvent malaisée à définir clairement. Et de savoir que l'homme est forcément spirituel nous met à même de renverser la matérialité — nous amène à la guérison par la Science Chrétienne. Et rien n'est aussi merveilleux que d'être témoin d'une guérison opérée par le pouvoir du Christ, la Vérité.
La guérison chrétienne n'intervient pas en général à la manière d'un coup de tonnerre. Bien qu'il soit fort émouvant de voir rétablie la santé, là où la maladie avait semblé tellement irréversible, les effets spirituels plus profonds de la Science Chrétienne modifient les affections invisibles, apaisent la colère et le désir de vengeance, dissipent la crainte et confirment les assurances données par Christ Jésus. C'est ainsi qu'il dit à une femme: « Ma fille, ta foi t'a sauvée; va en paix, et sois guérie de ton mal. » Marc 5:34. Et elle le fut.
Qu'est-ce qui produit donc ces guérisons ? C'est de savoir que l'Amour divin est vraiment ce qui nous donne la vie, et c'est pourquoi nous ne nous résignons pas au mal. Il nous faut prêter davantage d'attention à ces choses-là, au lieu d'attendre simplement que survienne une crise qui nous pousse à une recherche spirituelle. C'est que la tournure spirituelle de sa pensée est ce qui confère de la cohérence à l'existence d'un homme ou d'une femme, ce qui réunit une famille dans un amour partagé, et ce qui donne son identité à l'entité que nous appelons « la communauté », ou même l'Église.
Mary Baker Eddy écrit: « Lorsque nous comprendrons que la Vie est Esprit, qu'elle n'est jamais dans la matière ni matérielle, cette compréhension s'épanouira jusqu'à devenir complète en soi, trouvant tout en Dieu, le bien, et n'ayant besoin d'aucune autre conscience...
« La vie et la félicité spirituelles sont les seules preuves nous permettant de reconnaître l'existence véritable et de ressentir la paix inexprimable venant d'un amour spirituel qui nous absorbe entièrement. » Science et Santé, p. 264.
C'est là toute la raison d'être de la Bible. Elle présente cet amour spirituel nous absorbant entièrement qui envahit tout, qui se développe en nous, qui se développe dans le monde. Que nous ayons formé une famille, que nous soyons modernes, que nous soyons n'importe quoi (charpentier, enseignant, chauffeur de taxi, bon voisin, étudiant, membre d'une profession libérale, etc.), il faudra bien qu'un amour spirituel qui nous absorbe entièrement finisse par imprégner notre existence. Et alors, quelle que soit l'identité qui nous distingue, nous prenons conscience de ce que nous sommes réellement. Nous en arrivons à comprendre et à ressentir ce que c'est que d'être enfant de Dieu.
Nous entrevoyons alors la création spirituelle de Dieu et le peuple de Dieu cesse de ne représenter pour nous que des personnages historiques enfermés dans les pages d'un livre. Le peuple de Dieu devient le nôtre, c'est notre vraie famille, et le cercle familial s'élargit, puisant de la force dans la spiritualité qui constitue l'élan véritable de notre existence. La guérison spirituelle ne consiste pas à recoller les morceaux d'une vie pour qu'elle retourne ensuite à la même routine matérielle. C'est une existence nouvelle qui commence avec une telle guérison, et nous voyons alors que c'est la spiritualité — la sainteté — qui donne au monde sa cohésion.
C'est ce qui rend si importante la Science, ou loi divine, qui est à la base du christianisme. Elle nous permet de connaître Dieu, et de nous connaître les uns les autres, d'une façon divine. Alors on reconnaîtra que la loi de Dieu protège et entretient toute vie sur terre. Et l'humanité n'aura plus à compter sur la sombre perspective de quelque cataclysme cosmique final pour redresser les torts et révéler le royaume de Dieu sur la terre.