Quelqu’un m’a raconté un jour avoir vu un homme qui, marchant le long d’une plage, se baissait périodiquement pour ramasser des étoiles de mer échouées sur le sable. A chaque fois, l’homme rejetait avec précaution l’étoile de mer dans l’eau. Remarquant son manège, un passant demanda à l’homme si ce qu’il faisait servait vraiment à grand-chose, étant donné qu’il y avait tant de ces petites bêtes en difficulté. L’homme regarda l’étoile qu’il venait de ramasser, et la rejetant à l’eau, il répondit: « Celle-ci, en tous cas, ça lui sert à quelque chose. »
Il est indispensable de s’intéresser au bien-être des autres. Et notre sollicitude peut avoir une importance plus profonde que le simple geste humain de gentillesse. Bien que certes caractérisée par la bonté et se manifestant dans les bonnes actions, elle devrait aussi nous amener à percevoir chez autrui l’identité spirituelle et parfaite, la ressemblance de Dieu, selon les termes de la Bible. Un tel discernement spirituel marque un progrès significatif sur la simple habitude d’être prévenant envers les autres, et cette façon de voir apporte la guérison.
Christ Jésus a précisé ce que devraient être nos rapports avec notre prochain, lorsqu’il a dit: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Marc 12:31. Un jour, on lui demanda qui pouvait être considéré comme le prochain, et le Maître répondit en racontant la parabole du bon Samaritain. Voir Luc 10:30–37.
L’incident pourrait aisément être transposé dans un cadre moderne. Il s’agit de l’histoire émouvante d’un homme portant secours à un étranger qui est battu, dévalisé et abandonné au bord du chemin. Un prêtre et un Lévite voient la victime et passent outre — ne voulant pas se trouver mêlés à cette affaire — mais le Samaritain va vers l’homme, panse ses blessures et le conduit en lieu sûr. Il prend même des dispositions pour qu’on s’occupe de lui le lendemain.
L’époque à laquelle nous vivons demande le même esprit de tendresse chrétienne désintéressée. Point n’est besoin de sortir du cercle familial, du quartier ou du bureau, pour trouver l’occasion de tendre une main chrétienne. La Science ChrétienneChristian Science (’kristienn ’saïennce) enseigne que, à l’exemple du Samaritain qui s’est montré secourable, nous aussi pouvons être à l’écoute des besoins des autres et, amenés à les aider, leur communiquer le sens spirituel de l’homme, qui apporte la guérison.
Au cours de son ministère de guérison, Jésus employa souvent l’exemple du berger et de son troupeau pour illustrer la sollicitude que témoigne le Père à l’égard de ceux qui sont en difficulté. Il dit: « Si un homme a cent brebis, et que l’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres... pour aller chercher celle qui s’est égarée ? » Matth. 18:12. Puis il mentionne la grande joie qu’éprouve le berger de retrouver la brebis perdue. Les activités du berger consistaient à guider, à protéger et à ramener. A ses yeux, le troupeau ne comportait aucun élément mal aimé ou dénué de charme.
Les guérisons opérées par Christ Jésus, le Guide, se fondaient sur son amour sans réserve pour toute l’humanité, ainsi que sur sa capacité de discerner l’homme parfait créé par Dieu là où l’on croyait voir un mortel limité et malade. Cette perception pure de l’homme à l’image divine élevait les actions de Jésus bien au-delà d’un humanitarisme banal.
Et cette perception et cette puissance qui guérissaient ne se limitaient pas à Jésus. Il est clair qu’il attendait de ses disciples qu’ils saisissent cette façon de voir, qu’ils s’imprègnent de l’esprit du Christ et qu’ils guérissent. La Bible nous raconte l’histoire d’un boiteux qui était amené au temple tous les jours pour y demander l’aumône aux passants. Quand il s’adressa à Pierre et Jean, Pierre répondit: « Je n’ai ni argent, ni or; mais ce que j’ai, je te le donne: au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche. » La Bible ajoute que l’homme reçut immédiatement la force de se mettre debout et qu’il entra dans le temple, « marchant, sautant, et louant Dieu ». Actes 3:6, 8.
Le grand service que rendit Mary Baker Eddy à l’humanité fut de découvrir la Science du Christ qui est à la base de guérisons chrétiennes comme celle-ci. Fondatrice de la Science Chrétienne, elle ressentait tant d’amour pour les autres, qu’elle consacra sa vie entière à élucider les lois de Dieu qui guérissent et sauvent. Grâce à cette Science, notre perception de l’homme peut transcender l’image mortelle et appréhender l’enfant parfait de Dieu — non déchu, mais complet et libre — qui exprime à jamais la nature intégrale de l’Esprit divin toujours présent. Tandis que nous prions de cette manière, nous faisons comme Jésus, et la perception chrétiennement scientifique de l’homme guérit les malades et les indigents.
Il semblerait parfois que l’attitude la plus commune de nos jours consiste à commencer par s’occuper de soi, car aider les autres pourrait retarder l’ascension vers le succès ou paraître un signe de faiblesse. Le mouvement vers une société dépersonnalisée a eu tendance à nous désensibiliser aux besoins des autres, mais l’action curative du Christ n’est jamais hors service ni hors de propos et elle ne manque pas de bénir, et les individus et le monde.
Parfois nos efforts pour le bien peuvent sembler inefficaces — pas même appréciés — mais donner de notre personne avec un amour désintéressé, c’est en fait refléter Dieu dans notre vie, et tel est le devoir de l’homme: exprimer Sa totalité et Sa bonté. En agissant ainsi, nous sommes nous-mêmes également l’objet de bénédictions. Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy affirme: « L’affection humaine ne s’épanche pas en vain, même si elle n’est pas payée de retour. L’amour enrichit la nature de l’homme, l’élargissant, la purifiant et l’élevant. » Science et Santé, p. 57.
Comme de bons Samaritains, nous pouvons tous aller de l’avant chaque jour, portant secours à ceux qui ont été abandonnés au bord des chemins et des sentiers de la vie ou à ceux qui, pour un temps, luttent contre l’adversité. Ce n’est pas l’ampleur de l’acte, mais l’acte lui-même qui révèle l’esprit du Christ que nous manifestons. Nous observons alors le commandement biblique: « Rendez véritablement la justice, et ayez l’un pour l’autre de la bonté et de la miséricorde. » Zach. 7:9.
Le monde a besoin de nos dons, non pas un geste conventionnel, mais la guérison, non pas l’optimisme humain, mais la loi divine. Chaque acte compatissant peut être considéré comme une offrande à Dieu, dans l’esprit de ces vers d’un poème de Mary Baker Eddy:
Faire un peu de bien, chaque jour,
Aux Tiens, mon Dieu,
L’accomplir en Ton nom, Amour,
C’est là mon vœu !Écrits divers, p. 397.
