Pendant combien d'heures doit-on laisser un enfant de douze ans regarder la télévision ? Julia est-elle assez avertie pour sortir avec un homme de six ans son aîné ? Les parents ont-ils le droit de choisir les copains et les activités de leurs enfants ?
Ce genre de questions complexes se posent à la plupart des parents et des jeunes et rendent parfois la vie infernale à tout le monde. De même que chaque enfant est unique et a des besoins (qui changent) et des façons de voir (qui évoluent aussi), de même chaque parent et chaque famille est unique et a des nécessités changeantes et une indulgence variable. Bien des familles aspirent ardemment à trouver un système de référence leur permettant de trancher en toute équité — et dans la bonne humeur — parmi la pléthore des opinions et des influences.
Un tel critère existe. Il s'agit d'une prise de conscience du fait que Dieu est en réalité le seul Père et la seule Mère de tous. Il est l'Entendement divin, la seule cause et loi de l'être. De ce Parent, nous tenons la vie et l'intelligence non dans des formes physiques, mais dans une conscience spirituelle et seulement en tant que telle. La base de notre confiance, c'est ce que le Père divin communique concernant Sa création et ce qu'Il en connaît.
Recherchant le point de vue de la juridiction divine — la juridiction sage et toute aimante que Dieu exerce sur Son enfant — nous pouvons abandonner des vues limitées des choses. Nous pouvons apprendre à compter sur le Père-Mère véritable et toujours présent de nos enfants (et le nôtre). Et avoir comme bon mobile de discerner et de suivre la volonté de cet Entendement pur — en priant quotidiennement pour être dirigé par Dieu — apporte assurément des résultats.
L'un des premiers effets lorsqu'on apprend à traiter la vie familiale en se plaçant de ce point de vue spirituel est de libérer les parents de leur crainte constante concernant le bien-être moral et physique de leurs enfants.
Faire confiance à Dieu (la Bible nous conseille: « Confie-toi en l'Éternel de tout ton cœur, et ne t'appuie pas sur ta sagesse » Prov. 3:5.), a un peu le même effet que lorsqu'un nageur débutant perd sa crainte de l'eau. Débarrassé de sa peur, le nageur se détend et son corps est naturellement soutenu par l'eau. Et lorsqu'il est prêt à mettre la tête sous l'eau, de nouvelles façons merveilleuses de bien s'amuser et d'apprendre à nager s'offrent à lui. Les caractéristiques de l'eau et du corps demeurent inchangées. Mais passer d'une position de crainte à la confiance change l'action du corps dans l'eau.
Bien entendu, les analogies sont rarement exactes si on les pousse trop loin. Mais celle-ci suggère peut-être bien comment le fait de compter sur la bonté de Dieu est susceptible de soulager les parents de leurs anxiétés. Considérant que Dieu est l'unique Entendement, les parents (et les enfants) commencent à sortir de l'attitude crispée du « J'ai peur » et du « Moi, ce que je veux », et à ressentir l'appui caractéristique de l'Amour infini.
Aucune loi scientifique n'édicte que l'on doive craindre l'eau, mais la crainte est ordinairement le premier facteur auquel on s'affronte lorsqu'on enseigne à des débutants. D'une façon à peu près similaire, il n'existe aucune loi digne de foi d'après laquelle la crainte et les conflits doivent se perpétuer dans les familles. Dans la mesure où les membres de la famille commencent à accepter les critères de la loi divine d'équilibre et d'ajustements pleins d'amour, ils sont moins enclins à rester obstinément sur leur position au cours d'une discussion; « Je sais ce qui est bon pour toi; j'ai plus d'expérience » ou: Pourquoi ne pouvons-nous pas faire ce que font les autres ? », ces positions cèdent à affection et même à la gaîté des prises de décision.
Mais dans certaines situations, les parents doivent, en qualité d'adultes veillant au danger, faire preuve de discernement et avoir le sens des responsabilités. Certains pouvoirs et certaines influences qui aujourd'hui séduisent le monde doivent être affrontés par les parents et expliqués aux jeunes. Toutefois, ici à nouveau, le facteur principal à faire disparaître, c'est la crainte. Si nous sommes motivés par la crainte du pouvoir et de la ruse prétentieux du mal, nous pouvons en venir à donner des ordres sur un ton et en des termes qui fassent que la connaissance du mal pique la curiosité de nos enfants et que les mises en garde des parents leur semblent injustifiées. Nous paraissons toujours dire « non », mais rarement offrir une alternative acceptable ou un cœur compréhensif.
Notre vrai critère est un tel amour tranquille pour l'Esprit et l'attraction qu'il exerce (à toute heure de la nuit ou du jour), une telle confiance immuable dans l'ordre irrésistible de l'Amour (que ce soit pour les plans à long terme ou les détails infimes) que la joie et la tendresse engloutissent la crainte que la mal puisse être tentant.
J'ai entendu des adolescents dire que le raisonnement adulte semble parfois agir a contrario. Les jeunes reçoivent le message que le mal est tellement effrayant qu'il conduit les adultes à battre en retraite vers le bien en désespoir de cause. Ce n'est plus une prise de position affirmative en faveur du bien, mais un effondrement négatif dans le camp du bien en dernier ressort. Les jeunes ont le sentiment qu'il serait bien plus convaincant de voir les adultes vivre comme si le bien était si vital, si amusant, que, par comparaison, le mal perd simplement tout intérêt.
« Heureux le peuple qui connaît le son de la trompette; il marche à la clarté de ta face, ô Éternel ! Il se réjouit sans cesse de ton nom, et il se glorifie de ta justice » Ps. 89:16, 17., chantait le Psalmiste.
Si nous pouvons nous réjouir de ce que notre Père-Mère est le Principe, nous pouvons libérer notre sens spirituel et découvrir quels moyens et quels mots utiliser. Il devient alors plus aisé de reconnaître que notre tâche n'est pas de contrôler les pensées de nos enfants, mais de les aider à voir qu'ils peuvent à juste titre choisir leurs propres pensées. Et la priorité revient à notre responsabilité de définir le bien par nos propres actes.
Dans un paragraphe de Science et Santé avec la Clef des Écritures (sous la rubrique marginale « Point de vue révélé »), Mary Baker Eddy, Découvreur et Fondateur de la Science ChrétienneChristian Science (’kristienn ’saïennce), proclame: « Pour déterminer nos progrès, il faut que nous sachions où sont placées nos affections, qui nous reconnaissons et à qui nous obéissons en tant que Dieu. Si l'Amour divin devient pour nous plus proche, plus cher et plus réel, alors la matière est en voie de se soumettre à l'Esprit. Les buts que nous poursuivons et l'esprit que nous manifestons révèlent notre point de vue et montrent ce que nous gagnons. » Science et Santé, p. 239.
Parfois, nous nous appuyons humblement sur Dieu, mais ne pouvons traduire dans nos entretiens avec nos enfants ce que nous ressentons à l'égard de Dieu et combien Il est proche de nous. Néanmoins, ils perçoivent l'honnêteté paisible de notre prière. Il arrive même à certains adultes qui s'efforcent de refléter l'Entendement qui connaît tout plutôt que d'être des parents rabâcheurs, de se voir consultés pour donner leur avis!
Au fur et à mesure qu'il nous devient plus naturel de prier à propos des décisions familiales, l'Amour divin nous donne les intuitions spirituelles nécessaires. En une certaine occasion, il est possible que nous décidions d'imposer moins de règles à notre fille; un autre jour, nous déciderons peut-être de trouver des compromis avec un fils rebelle. Une autre fois encore, notre intuition pourra nous dicter de rester ferme et de dire: « Ma position est inflexible sur ce sujet. » Sur la piste du cirque quotidien de la famille, il peut sembler un peu grandiloquent de parler d'instants de conviction spirituelle ou de la présence de l'Amour infini. Il semble que tant de choses relèvent du domaine physique, qu'elles se nichent dans les interstices du temps, s'expriment en termes de kilos de linge à laver, de factures, de dates de remise des devoirs, de la tyrannie du téléphone. Et néanmoins, démontrer que Dieu, le bien, n'est pas éloigné, est l'une des aptitudes précieuses de la Science Chrétienne. Qu'est-ce qui pourrait relever plus du domaine pratique que la nécessité de nourrir les gens, de guérir les malades, de payer les dettes, d'enseigner « tes péchés te sont pardonnés » ? C'est exactement ce genre de ministère qu'accomplissait Jésus: il offrit l'exemple parfait de celui qui aime vraiment Dieu et Lui fait confiance.
Science et Santé déclare: « Le pouvoir de la Science Chrétienne et de l'Amour divin est omnipotent. Il est en effet à même de faire lâcher prise à la maladie, au péché et à la mort, et de les détruire. » Ibid., p. 412. L'autorité spirituelle détrône toute autre autorité. L'amour de Dieu peut toucher la pensée et les sentiments en tous lieux, dans n'importe quelle circonstance. Les élans spirituels d'amour restaurent immanquablement l'harmonie, et tout comme cela a été prouvé en Judée il y a près de deux mille ans, cela peut être prouvé cette semaine à Marseille, ou Belfast, ou Zurich, ou dans un quartier de Chicago.