Lorsque certaines insuffisances se font jour en nous, nous efforçons généralement d'y remédier. Et dans bien des cas nous réussissons à les surmonter. Mais comment faire dans les domaines où nous manifestons quelque sérieux défaut dont nous ne semblons guère venir à bout, en dépit d'efforts particulièrement acharnés ?
C'est le cas, par exemple, du passionné d'athlétísme qui ne possède pas les qualités requises pour percer. Ou encore, c'est le cas d'un représentant de commerce qui, en dépit de tous ses efforts, ne parviendrait pas à démontrer un réel talent de vendeur. Ce peut être aussi le cas de tout un chacun lorsque sa maison et son jardin ne ressemblent jamais, quoi qu'il fasse, aux photos de Maisons et Jardins !
En fait, quelle que soit la difficulté à vaincre, nous pensons peut-être qu'il nous faut persévérer: continuer simplement à prier et à écouter, jusqu'à ce que cela nous apporte enfin le revirement désiré. Et il se peut que cela corresponde, en effet, à ce qui est requis de nous: il ne fait pas de doute qu'à certains moments, il nous suffit de persévérer dans la même direction, sans nous laisser arrêter par les limitations dont nous semblons être entourés. Mais il est aussi des cas où la solution réside dans une approche toute différente du problème, où une position beaucoup plus radicale doit être assumée.
Imaginons quelqu'un essayant inlassablement de sauter par-dessus un mur de trois mètres de haut et qui, à chaque fois qu'il prend son élan pour sauter, retombe au sol lamentablement. Bien évidemment, c'est qu'il n'est pas encore apte à sauter aussi haut. Mais s'il se met plutôt à regarder autour de lui, peut-être va-t-il s'apercevoir qu'il a à sa disposition les matériaux et les compétences voulues pour se construire une échelle. Et il se pourrait qu'il ait intérêt à consacrer davantage de son temps et de ses réflexions à cette construction, plutôt qu'à essayer encore de sauter par-dessus le mur.
Parfois, le fait de ne pas être satisfaits de ce que nous prenons pour des imperfections ou des faiblesses graves révèle au fond le mécontentement de ne pas avoir cultivé des qualités spirituelles toutes simples. A quoi pourrait-il bien nous servir de parvenir à nos objectifs humains les plus évidents, si nous ne leur avons pas préparé auparavant les fondations nécessaires ?
Certes, une fois que nous avons mis le cap sur quelque objectif, il ne s'avère pas toujours facile de changer d'allure et de réordonner nos priorités. Mais si nous prenons suffisamment de recul pour réexaminer la situation, nous nous apercevrons qu'il existe un but que nous pouvons atteindre. Nous pouvons mettre en œuvre des capacités un peu moins ambitieuses. Lorsqu'elles auront été convenablement testées et fermement établies, alors le succès aura davantage l'occasion de se manifester au moment où nous serons en face de tâches plus importantes.
Mrs. Eddy écrit: « Il nous faut renoncer de bonne grâce à ce qui nous est refusé et poursuivre la route avec ce que nous sommes, car il ne nous est pas possible d'aller au-delà de ce que nous sommes ni de comprendre ce qui n'est pas déjà en train de mûrir en nous. Faire du bien à tous parce que nous aimons tous les hommes, et mettre au service de Dieu ce talent que nous possédons tous, c'est le seul moyen à notre portée de faire croître ce talent et le meilleur moyen de faire taire un sourd mécontentement latent à l'égard de nos défaillances. » The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 195.
Christ Jésus a parlé de l'homme qui avait reçu un seul talent. Le devoir de cet homme n'en était pas moins de faire de son mieux avec la faible somme à sa disposition, au lieu de la laisser inutilisée. Voir Matth. 25:14–29. L'humilité nous contraint parfois à faire en premier lieu quelque chose que nous avions négligé de faire en travaillant à des projets plus grandioses; ce peut être une chose aussi simple que de la compassion, de la sollicitude, de l'amour envers un autre.
Un acte de bonté fondé sur l'amour du prochain est un talent qui vaut d'être cultivé; un progrès décisif peut en découler dans notre existence, surtout si nous comprenons quelle est la source de la bonté et de l'amour. Il est toujours bénéfique de s'attacher aux valeurs et aux préceptes du christianisme, mais cela est encore plus vrai lorsqu'on y est attaché parce que l'on en comprend l'origine scientifique. Par exemple, c'est une très bonne chose que les chrétiens expriment de l'amour parce qu'ils sont persuadés que Christ Jésus indiquait la bonne voie lorsqu'il a ordonné: « Aimez-vous les uns les autres. » Jean 13:34. Mais il est encore plus important de commencer à prendre conscience qu'une Science infaillible est à la base de ce talent d'expression de l'amour. Christ Jésus comprit que Dieu est Amour et que la destinée de l'homme l'amène tout naturellement à exprimer cet Amour, il comprit qu'en réalité l'homme est le représentant parfait de l'Amour.
C'est là notre véritable raison d'aimer. Nous détourner de nos obsessions de succès personnel et placer au premier plan la démonstration d'une qualité aussi pure et simple que l'amour ne nous dispense pas de surmonter nos défaillances spécifiques; ce n'est pas non plus un moyen astucieux de parvenir à un but qui au départ était pour nous uniquement d'ordre humain. Nous apprenons à aimer simplement parce qu'aimer est une source de joie — parce que nous découvrons que Dieu est Amour et que l'homme Le représente. C'est cela qui apporte à une situation humaine l'ajustement susceptible de la guérir.
Il n'est pas nécessaire de nous sentir frustrés à cause de ce que nous n'avons pas encore pu accomplir sur le plan humain. Au contraire, nous pouvons songer avec gratitude et soulagement que les qualités spirituelles élémentaires peuvent toujours être démontrées. Elles ne se trouvent jamais hors de notre portée. Et en fait, lorsque nous avons l'humilité de regarder plus haut, en renonçant à quelque objectif apparemment grandiose au niveau humain, pour tendre vers quelque modeste action de portée spirituelle, nous nous apercevons que nos défaillances vont disparaissant.
