Pensez un instant à ce que serait la vie si la religion n'avait pour vous aucun sens — en supposant que vous ne croyiez absolument pas en un Être suprême. La différence serait probablement encore plus grande qu'on ne le croit, parce que, pour bien des gens, l'amour de Dieu est au cœur même de la pensée.
Quiconque s'est penché sur la carte de l'histoire des religions sait que sa « topographie » englobe tant des sommets d'intelligence que des abîmes d'obscurantisme. Et pourtant, c'est bien la religion qui a donné lieu à l'exploration la plus importante de la Vérité ultime. D'une certaine façon, on peut comparer la religion à un feu d'artifice. Une fusée s'élève vers le ciel et explose, formant un bouquet de couleurs; et de chacune des lumières vient un autre jaillissement qui illumine la nuit et qui sera bientôt suivi d'un autre.
On pourrait sans doute affirmer que Moïse a légué à l'humanité un grand rayonnement de discernement religieux lorsqu'il a reconnu qu'il y a un seul Dieu vrai. Le Sauveur de l'univers, Christ Jésus, a lancé la lumière la plus brillante, lorsqu'il a mis la religion sur une trajectoire véritablement éclairée et absolument irréversible. Et, bien que le fait ne soit pas encore largement reconnu, la Science ChrétienneChristian Science (’kristienn ’saïennce) fournit un rayonnement dont l'éclat provient de l'explication complète qu'elle donne des enseignements de Jésus. En fait, l'un des objectifs de la Science divine est d'élever toute la pensée religieuse grâce au Principe pur du Christ.
La religion peut être quelque chose de très intérieur, de très personnel; elle peut être quelque chose de collectif, de très vaste. Quelque porteuse de progrès et perspicace qu'elle soit à un moment donné, la religion nécessite d'être nourrie de façon réfléchie par ceux qui pensent qu'elle est essentielle à la libération de l'humanité; elle mérite d'être protégée et fortifiée. Tout le monde ne s'en rend pas compte, mais la soif de connaître Dieu, de sentir Sa présence, est une aspiration inhérente à tous les cœurs. Nous devrions encourager les plus hautes possibilités de la religion: sa capacité de satisfaire vraiment la soif spirituelle de tous.
Il est évident que cela ne signifie pas mettre de plus en plus l'accent sur le côté institution et organisation. Cela signifie en fait soutenir tout ce qui développe la découverte individuelle de la relation de l'homme à Dieu; cela signifie fortifier et vivifier les voies par lesquelles une personne s'éveille à la suprématie de Dieu. Ce processus de découverte, cet éveil spirituel profond, voilà ce qui constitue la recherche de la liberté véritable.
Une attitude d'attachement au monde et un penser matérialiste s'opposent à la religion — c'est-à-dire essayent d'attaquer l'inclination naturelle de l'homme à comprendre Dieu. La Science Chrétienne définit cette agression contre la croissance spirituelle comme magnétisme animal: une attraction erronée vers les instincts charnels et matériels. Cette attraction entrave; elle ne libère jamais. En certaines circonstances, les attaques contre les richesses spirituelles que la religion peut offrir à l'humanité viennent de « l'intérieur »; prenant la forme d'un zèle exagéré, elles égarent ceux-là même parfois qui font le plus profession d'aimer Dieu. Mais en d'autres cas, l'attaque se présente sous forme de prises de position athées venant de l'extérieur.
Quelle attitude adoptons-nous vis-à-vis des opinions qui se proposent de dénigrer le désir profond de connaître Dieu ? Par exemple, que faisons-nous face à la poussée de plus en plus agressive du matérialisme dialectique ? Réfléchissez à cette déclaration qui, depuis plus d'un siècle, maintenant en est malheureusement arrivée à symboliser l'attitude de millions de personnes à l'égard de ceux qui recherchent Dieu — en fait est virtuellement devenue leur doctrine: « La religion... est l'opium des peuples. » Marx, Contribution à la critique de la « Philosophie du droit » de Hegel ef. Great Treasury of Western Thought, Mortimer J. Adler et Charles Van Doren, éditeurs. (New York: R. R. Bowker Co., 1977), p. 1276.
matérialisme dialectique: Doctrine selon laquelle la matière est indépendante de la pensée (qui n'est elle-même que la matière prenant conscience de soi) et se développe dans le temps par une succession d'oppositions ou de négations. Quid 1983
Nous pourrions être tentés d'écarter tout simplement une telle absurdité car nous savons, pour l'avoir vécu, quel éveil profond et quel effet stimulant a la religion véritable sur la conscience. Mais si nous sommes avisés, nous reconnaîtrons que de telles paroles peuvent être beaucoup plus qu'une simple accusation ou qu'un simple sarcasme. Lorsque la croyance est cultivée et portée au niveau d'une vérité par ceux qui y croient, elle devient de la mauvaise pratique, de la volonté mentale malveillante, dirigée contre ceux qui prient pour obtenir un discernement plus pur de Dieu. D'où la nécessité de défendre le but légitime de la religion et le sens qu'elle est susceptible d'avoir pour ceux dont le cœur est assoiffé de Vérité.
Que pouvons-nous faire spécifiquement ? Nous pouvons être vigilants afin de contrecarrer et d'éliminer tout manque d'intérêt, toute incertitude ou toute obscurité qui tenterait de s'infiltrer dans une compréhension vivante des vérités spirituelles. Nous pouvons refuser de nous laisser intoxiquer ou endormir, car cela limiterait notre étude d'un concept plus clair de Dieu. Refusons la tentation de nous assoupir lors d'activités destinées justement à affiner nos sens spirituels. Par notre amour pour Dieu, renversons le mensonge qui tenterait de profaner ou de corrompre le but légitime de la religion. Et nous contrecarrerons la suggestion que la mauvaise pratique pourrait aussi trouver à s'accomplir par une suggestion inverse: « Les stupéfiants sont la religion des peuples. »
La religion scientifique ouvre la voie au Christ, nous éveillant à la présence de Dieu. Dans un message à son Église, Mary Baker Eddy encourage un réveil de la pensée humaine: « Beaucoup dorment qui devraient se tenir éveillés et réveiller le monde. » Message to The Mother Church for 1902, p. 17. Et l'apôtre Paul stimula ses auditeurs par cette promesse: « Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et Christ t'éclairera. » Éph. 5:14.
Ni un individu ni une société entière ne peuvent avoir leur sens spirituel réduit au silence par les suggestions agressives du magnétisme animal lorsqu'il est reconnu que Dieu est l'Esprit infini, un pouvoir libérateur, une substance vivifiante.
La religion spirituelle scientifique est l'opposé même d'une influence soporifique. Au lieu de produire sur la pensée l'effet d'un sédatif, elle éveille et stimule celui qui en toute honnêteté recherche Dieu. Dans la mesure où nous en arrivons à comprendre ce qu'est le Christ, nous commençons à voir pourquoi celui qui s'intéresse à la religion de façon sincère est tellement vif, tellement stimulé, tandis qu'il prie pour faire pénétrer la vérité dans sa vie. Le Christ est la présence de l'activité de la lumière divine dans la conscience humaine; c'est le message de la Vérité se manifestant ouvertement dans la pensée, révélant la liberté, la bonté, la pureté innées de l'homme. Au fur et à mesure que le Christ, la Vérité, devient plus clair pour nous, se fait plus insistant, nous discernons une création de Dieu toute de perfection et un homme qui est l'expression parfaite de Dieu. Cette découverte, c'est précisément une expérience religieuse. C'est une expérience profondément chrétienne. Et elle est spirituellement scientifique; elle nous vivifie et nous stimule.
Moïse a ressenti cette présence éclatante du Christ de Dieu et il en résulta pour lui un éveil spirituel suffisant pour qu'il accueillît la vérité que l'homme a un seul vrai Dieu. Cette vérité a eu un effet fracassant sur la pensée matérialiste endormie. La vie et les actes de Jésus manifestaient la présence vivifiante du Christ. Il vivait et démontrait si pleinement le Christ que, au moment de l'ascension, toute évidence de matérialité disparut. Aujourd'hui, il est possible, et même nécessaire, pour chacun de nous de commencer à s'éveiller du « coma » du matérialisme. La religion, dans la mesure où elle est imprégnée du Christ, encourage chacun à reconnaître la totalité de Dieu et nous incite à démontrer cela activement.
Dans la mesure où nous permettrons au Christ de s'étendre à toute notre conscience, nous guérirons les maux et libérerons les pécheurs plus rapidement, et finalement nous ressusciterons les morts. Tous ces actes religieux sont très éloignés de l'apathie et de la léthargie du matérialisme. Ils illustrent la pensée éveillée.