M. Wilson, le proviseur du lycée de la petite ville où habitait Carol, avait auprès des lycéens la réputation d'être un mauvais conducteur. Certains disaient qu'il conduisait au beau milieu de la route pour avoir assez de place à droite et à gauche pour manœuvrer, au cas où un pneu éclaterait.
Carol aussi avait ri, mais il ne fut plus question de rire lorsqu'on lui dit, ainsi qu'à plusieurs autres élèves, que ce serait M. Wilson qui les reconduirait chez eux un soir après une réunion de travail au lycée.
Certains d'entre eux déclarèrent qu'ils préféraient plutôt rentrer chez eux à pied ou encore louer un fiacre. Carol se rendit compte qu'en dépit de toutes ces blagues, ils avaient vraiment peur. Et elle commença, elle aussi, à se sentir mal à l'aise.
A l'École du Dimanche de la Science Chrétienne, Carol avait appris à aimer le Psaume quatre-vingt-onze, et tout particulièrement ce verset: « Je dis à l'Éternel: Mon refuge et ma forteresse, mon Dieu en qui je me confie ! » Ps. 91:2. Elle savait aussi qu'elle ne faisait pas complètement confiance à Dieu si elle désobéissait à l'un de Ses commandements: « Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain. » Ex. 20:16. Honteuse de la façon dont elle s'était moquée avec les autres de M. Wilson, Carol pria jusqu'à ce qu'elle comprenne vraiment que Dieu, le bien, gouverne toute Sa création. L'Entendement divin n'allait pas la laisser prendre une décision qui ne serait pas sage, se dit-elle. Ainsi que Mary Baker Eddy le rappelle dans l'un de ses poèmes: « Son bras encercle tendrement les Siens. » Écrits divers, p. 389. Carol savait qu'aller à la réunion partait d'un bon mobile, et l'offre du proviseur de les reconduire était motivée par la gentillesse. Elle sentait qu'elle devait revenir avec M. Wilson et que personne n'aurait à souffrir de cette décision.
Réfléchissant à l'avance à ce retour en voiture, Carol se souvint qu'il y avait un endroit dangereux. Sur une route de gravier, il fallait prendre une grande descente au bas de laquelle se trouvait un virage serré et relevé dans le mauvais sens. Les habitants de l'endroit savaient qu'ils devaient ralentir presque jusqu'à l'arrêt afin de prendre le virage sans déraper sur le gravier. C'est ce que Carol expliqua avant le départ à M. Wilson et il promit de faire attention.
Après la réunion, Carol et deux autres lycéens montèrent donc dans la voiture de M. Wilson pour rentrer chez eux. Chaque fois que l'un d'entre eux exprimait de l'anxiété sur la façon de conduire de M. Wilson, Carol s'efforçait de rassurer ses amis puis affirmait pour elle-même que Dieu prenait soin de chacun d'eux.
Comme ils approchaient de la colline, Carol rappela au proviseur que l'endroit dangereux était là, tout près. Il ne fit absolument pas attention à elle. Lorsqu'ils commencèrent à descendre la côte, Carol cria: « M. Wilson, il faut absolument que vous ralentissiez ici ! » Il freina un peu, mais pas du tout assez et Carol sentit qu'elle ne pouvait rien faire de plus humainement. A cet instant, avec une conviction paisible, elle chassa toute pensée d'accident.
Elle ressentit pleinement que l'Amour divin omnipotent était là même, embrassant tout. Elle devint profondément consciente de la seule présence et du seul pouvoir de Dieu et elle se sentit complètement en paix.
Arrivé au tournant, M. Wilson freina enfin à fond. La voiture dérapa, puis fit un tonneau complet et atterrit sur ses roues dans le fond d'un fossé. Une fois la poussière retombée, les lycéens réussirent à ouvrir les portes. Aucun des étudiants n'était blessé; M. Wilson semblait un peu hébété, mais il avait seulement une petite contusion au front. Ils se dirigèrent tous lentement vers les lumières d'une auberge toute proche.
Pendant qu'ils attendaient la police, quelqu'un offrit un whisky au proviseur un peu tremblant. Carol le refusa pour lui, disant avec fermeté: « Il n'a pas besoin de ça. » Encore sous le choc, M. Wilson n'est pas en état de prendre lui-même la décision, se dit Carol. Elle pensait à ce que déclare Mary Baker Eddy: « Les boissons fortes sont incontestablement un mal, et l'on ne peut se servir modérément du mal: son moindre usage est un abus; par conséquent, la seule tempérance est l'abstinence totale. » Ibid., p. 289.
Quand l'agent de police arriva, la première chose qu'il fit fut un alcootest. Pour un membre du personnel administratif d'un lycée, être accusé d'avoir conduit en état d'ivresse alors qu'il transportait des élèves dans sa voiture aurait eu des conséquences désastreuses. Plus tard, M. Wilson remercia Carol et ses parents pour la prise de position rapide de la jeune fille.
Les gens dirent qu'ils avaient eu de la « chance » de s'en sortir indemnes, mais Carol reconnaissait dans cette circonstance non la chance mais un élément de la guérison en Science Chrétienne: la preuve de cette « douce présence, force, joie et paix » Ibid., p. 389., que Mary Baker Eddy identifie à Dieu. Les lycéens ne conservèrent de cet incident ni crainte ni condamnation et Carol sentit que M. Wilson s'efforcerait d'être plus raisonnable au volant.
Carol était certaine d'avoir appris quelque chose, à savoir: refuser d'épingler des jugements erronés sur quiquonque. Elle savait qu'elle avait été témoin de la protection de Dieu et de l'efficacité de la prière. Ainsi que l'exprime Mary Baker Eddy: « Les bonnes pensées sont une armure impénétrable; revêtus de cette armure, vous êtes totalement à l'abri des attaques de l'erreur quelle qu'en soit la nature. Et non seulement vous êtes vous-mêmes en sécurité, mais tous ceux sur qui reposent vos pensées en bénéficient. » The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 210.
Car tu es mon refuge, ô Éternel !
Tu fais du Très-Haut ta retraite.
Aucun malheur ne t'arrivera,
aucun fléau n'approchera de ta tente.
Car il ordonnera à ses anges
de te garder dans toutes tes voies ;
ils te porteront sur les mains,
de peur que ton pied ne heurte contre une pierre.
Psaume 91:9–12
