a été élevée et a fait ses études à Bombay, Inde. Elle devint pédiâtre et se consacra entièrement à sa profession. En plus de l'enseignement qu'elle dispensait à l'hôpital municipal, elle s'occupait d'une très nombreuse clientèle privée; elle était spécialisée en cardiologie pour enfants. Dans cette interview, elle explique comment s'est effectué son passage de la médecine à la Science Chrétienne.
Comment avez-vous entendu parler de la Science Chrétienne alors que vous étiez totalement plongée dans la médecine ?
Il y a onze ans, une voisine m'a donné à lire quelques exemplaires du Christian Science Sentinel. Tout d'abord le fait même de les recevoir ne m'enchantait guère, mais je les ai acceptés par politesse. (Comme beaucoup de gens en Inde, j'étais rebutée par le mot « chrétien ».) Deux semaines plus tard, cette dame m'a demandé si j'avais lu ces Sentinels; ce que j'ai fait finalement, toujours par simple politesse.
Très vite je me suis rendu compte que ce n'était pas une publication missionnaire d'un genre habituel: sa logique et sa clarté la mettaient tout à fait à part. La Science Chrétienne expliquait les choses. C'est alors que je me suis procuré Science et Santé de Mrs. Eddy et que j'ai commencé à le lire jusqu'à une heure très avancée de la nuit. Ce livre m'intéressa tellement que je pus difficilement arrêter ma lecture.
Vous étiez-vous intéressée à des études religieuses ou philosophiques auparavant ?
Bien au contraire. Je n'avais jamais pensé à Dieu et n'avais jamais cru en Lui. Je voyais tellement de mal dans le monde ! Si Dieu existait, pensais-je, quelle sorte de Dieu pourrait-Il être ? J'avais le sentiment que la plupart des religions n'étaient que des rites — quelque chose que je ne pouvais accepter. Mes parents m'encourageaient à prier, mais je ne savais comment. Leurs prières étaient énoncées en une langue ancienne, « morte », et je n'allais pas me mettre à marmonner des sons qui me semblaient n'avoir aucun sens. Je lus divers livres sur la religion; chacun renfermait de très belles paroles mais rien de plus. Il n'y avait rien là de substantiel à comprendre, et ce qui est dépourvu de substance, je ne pouvais l'accepter.
La Science Chrétienne, elle, est substantielle; aussi j'ai commencé à l'accepter. Chaque preuve de sa vérité était un facteur convaincant. A cette époque, je portais des lunettes tant pour lire que pour voir de loin. Un jour, j'étudiais alors Science et Santé depuis environ quatre mois, les lunettes tombèrent et se brisèrent. Je me proposais d'aller en acheter une nouvelle paire immédiatement, mais j'étais très occupée et remis l'achat à plus tard. Deux semaines s'écoulèrent avant que je me rendisse compte que je n'en avais plus besoin. Je compris que cette guérison avait été obtenue grâce à la Science Chrétienne, bien que je n'eusse pas prié pour que ma vue s'améliorât. J'avais commencé à voir le monde plus clairement: il était donc normal que je puisse voir les choses plus clairement !
Comment vos amis et vos collègues ont-ils considéré votre intérêt pour des idées aussi opposées aux enseignements médicaux ?
Je n'avais dit à personne que j'étudiais la Science Chrétienne. Seules ma mère et la voisine qui m'avait donné les Sentinels le savaient. Chaque fois que j'avais une maladie ou un problème de relations humaines à guérir, je me servais de la Bible et des écrits de Mrs. Eddy. C'est ainsi que la grippe, une maladie de peau et beaucoup d'autres choses on été guéries. Après des années, j'en arrivai au point où je ne pouvais plus rester dans une prudente réserve. Je devais apprendre à abandonner la volonté humaine et à me poser les questions suivantes: « Crois-tu ce que tu lis ? L'as-tu compris ou non ? »
C'est au cours d'une visite à l'un des hôpitaux de la ville de New York, où j'avais fait de la recherche après mon doctorat quatorze ans auparavant, que se renforça ma conviction de la véracité de la Science. J'avais revu certains des patients d'alors et j'avais même retrouvé les notes que j'avais inscrites dans leurs dossiers. « Pauvres enfants, pensais-je, quelle existence ! Passer ainsi toutes leurs années de formation en allant d'un hôpital à l'autre. » Cela semblait tellement vain: cette énorme ville avec ses équipements de grande puissance et les prétendus progrès de la médecine moderne.
En 1976, j'ai démissionné du poste que j'occupais à l'hôpital où j'enseignais: mon travail d'enseignement nécessitait en effet que je lise des ouvrages médicaux et que je prépare des notes pour des conférences. Auparavant, j'avais déjà essayé de me démettre de mes fonctions, mais le directeur de l'hôpital avait pensé que j'étais impressionnable et m'avait pressée de réfléchir avant d'en arriver là.
D'après vous, quelles étaient les incompatibilités entre la Science Chrétienne et la médecine ?
Plusieurs choses sont évidentes. Premièrement, les théories médicales changent d'année en année. Des livres écrits il y a dix ans sont presque totalement dépassés maintenant. Il n'existe pas de loi immuable sur laquelle asseoir ces théories alors que la Science Chrétienne est fermement ancrée sur le Principe immuable, Dieu. La parabole de Christ Jésus, où il est question de bâtir sur le sable ou sur le roc me vint avec force (voir Matth. 7:24–27).
De plus, les traitements et les concepts médicaux varient non seulement d'année en année, mais encore d'une partie du monde à l'autre. Par exemple, en Inde, on croit que donner du jus de fruit aux enfants est susceptible de leur faire prendre froid et de les faire tousser. Au cours des deux ans où j'ai travaillé dans cet hôpital municipal de New York, on donnait à chaque enfant enrhumé une pleine carafe de jus d'orange !
Deuxièmement, certains effets secondaires des médicaments et des drogues sont dangereux. Il y a quelques années, les médecins considéraient que les antibiotiques comme la pénicilline étaient très bons. A l'heure actuelle, on hésite de plus en plus à employer la pénicilline en raison des réactions négatives qu'elle est susceptible d'entraîner. Je connais bien des médecins qui ne prennent pas eux-mêmes de médicaments, ou en très petite quantité. Ils savent jusqu'où peuvent aller les troubles iatrogènes — c'est ainsi qu'ils désignent les maladies qui résultent d'un traitement médical.
Le traitement en Science Chrétienne n'a pour sa part que des effets bienfaisants. Il peut arriver qu'après avoir prié pour un problème particulier, vous découvriez que quelque chose de plus a été guéri, une chose à laquelle vous ne pensiez même pas.
Un Scientiste Chrétien inverse automatiquement dans sa pensée les croyances générales concernant l'état physique et les épidémies qui peuvent se manifester dans la localité et de cette façon, il est protégé de bien des désagréments qui semblent affliger les gens. Cela peut être d'un réel avantage à une époque où les média foisonnent de nouvelles qui effraient les gens. Mrs. Eddy écrit: « La prophylaxie et la thérapeutique (c'est-à-dire l'art de prévenir et celui de guérir) appartiennent indubitablement à la Science Chrétienne, comme il serait facile de le constater si la psychologie, ou la Science de l'Esprit, Dieu, était comprise. »Science et Santé, p. 369;
Par-dessus tout, en Science Chrétienne, chaque cas est tout à fait spécifique. Médicalement, il vous est possible de traiter dix enfants ayant la même difficulté avec la même médication. Mais il peut y avoir dix craintes différentes, soit dans la pensée des enfants soit dans celle de leurs parents, qui doivent être inversées. En Science Chrétienne, vous pouvez les traiter chacune de façon spécifique. Rien de vague dans la pensée lorsqu'on donne un traitement par la Science.
Est-ce qu'il se développe en Inde de nouveaux courants de pensée qui indiqueraient que, tout comme vous, d'autres commencent à mettre en question les pratiques médicales traditionnelles ?
En Inde, un nombre croissant de patients ont recours à l'homéopathie. Ils estiment que c'est une forme « douce », de traitement comparée à la médecine allopathique, qui est « dure », comme ils disent. Quelques médecins en fait se spécialisent en homéopathie, mais à Bombay, mêmes les médecins traditionalistes du système hospitalier suggèrent l'homéopathie pour des cas de rhumes chroniques et des troubles digestifs que la médecine ne peut traiter.
Lorsqu'un nouveau médicament dont les effets sont inconnus est employé pour la première fois, les médecins procèdent à ce qu'ils appellent « des essais sous contrôle », ils donnent à un groupe de patients le nouveau médicament et à un autre groupe une pilule sucrée, ou placebo. Ils s'efforcent de déterminer si c'est le médicament qui produit un résultat ou si celui-ci est seulement dû à l'expectative des patients qui prennent un nouveau médicament. (Voir Science et Santé 156:29–17, pour quelques-unes des déclarations de Mrs. Eddy sur l'homéopathie.)
Vous aviez toujours votre clientèle privée à cette époque, n'est-ce pas ?
Oui, mais abandonner ma clientèle privée posait la question des ressources. La profession médicale est lucrative et mes collègues pensaient que j'étais folle de l'abandonner alors que j'étais arrivée à bien m'établir. Je devais avoir confiance. Je raisonnai que si je ne pouvais pas faire confiance à Dieu pour ce qui concernait ma vie, mon existence même, alors il n'y avait aucune raison d'aller plus avant dans la voie des enseignements de la Science Chrétienne.
Cette année-là, un conférencier de la Science Chrétienne venu à Bombay m'a raconté comment il avait quitté sa profession pour se consacrer à plein temps à la pratique de la Science. Il avait eu à affronter les mêmes arguments que moi, mais il avait franchi le pas et avec beaucoup de succès. L'exemple d'un autre aide souvent. Peu après, j'ai démissionné, tout simplement. J'ai pu finir de travailler avec les patients que j'avais encore et chacun d'eux s'est rétabli et est rentré chez lui. Ce même mois, j'ai fait ma demande pour devenir membre de L'Église Mère. Depuis lors, j'ai découvert que je peux pratiquer la guérison à partir d'une base spirituelle plutôt que d'une base médicale.
A cette époque, que signifiait pour vous le fait de membre de L'Église Mère ?
C'était vraiment prendre position pour la Science Chrétienne. Juste avant de devenir membre, cependant, j'ai souffert pour la première fois de diarrhée, un mal très répandu en Inde, mais dont je n'avais jamais souffert auparavant. Je priai et étudiai beaucoup, mais une semaine s'écoula sans aucune amélioration. Un jour, la tentation de prendre des médicaments fut très forte; je n'arrivais pas à comprendre pourquoi, car il y avait des années que je n'en avais eu la moindre envie. Puis je me suis rendu compte que j'avais déjà pris parti pour la Vérité et que ce n'était là qu'une suggestion mentale agressive. J'ai lu la section traitant de la médecine dans le chapitre « La science, la théologie, la médecine », dans Science et Santé, et lorsque je l'eus terminée, j'étais tout à fait prête à faire totalement confiance à l'Entendement divin.
Peu après, je me suis sentie poussée à suivre le cours de Science Chrétienne et je n'ai rien pu faire d'autre avant d'avoir envoyé ma lettre à la personne qui est devenue mon professeur.
Bien que vous ayez obtenu des guérisons physiques probantes grâce à la Science, cela a dû vous demander un effort formidable de tourner le dos à trente ans de formation et de pratique professionnelles. Avez-vous jamais eu des moments de doute profond ?
Même après avoir suivi le cours, j'eus parfois ce doute harcelant: « Était-ce bien ce qu'il fallait faire ? » Plus tard, un matin, alors que j'étudiais à la Salle de Lecture, le mot « sagesse » me vint continuellement à la pensée. Je l'ai cherché dans la Bible et j'ai trouvé: « Car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu. » I Cor. 3:19. C'était la réponse, enfin. Alors j'ai compris qu'adopter la Science Chrétienne était le résultat de l'impulsion divine, et la sagesse la plus haute, l'opposé de la folie.
Que diriez-vous à quelqu'un qui serait aujourd'hui dans la même situation que celle où vous étiez il y a dix ans, et se demandant ce qu'est la Science Chrétienne ?
Je dirais qu'elle est démontrable. Ce n'est pas une simple théorie. Lorsque j'ai besoin de guérison pour moi ou pour d'autres, la compréhension que le Christ, la Vérité, n'est pas limité à un seul homme vivant il y a deux mille ans et que l'unique univers réel est spirituel et parfait apporte un espoir immense et des résultats magnifiques. Sans cela le monde parît désolé et incertain. La Science Chrétienne n'est pas simplement un système pour rester en bonne santé. Elle vous conduit au cœur de ce qu'est l'existence, rendant tangible l'unité de l'homme avec Dieu.
Pour acquérir une certitude absolue, il faut souvent soutenir une lutte formidable. Mais lorsque nous élevons notre pensée jusqu'à l'absolu — les faits spirituels concernant Dieu et l'homme — les frayeurs disparaissent. Alors nous sommes réellement libres.