En ce qui concerne leur occupation quotidienne, bien des gens sont prêts à admettre qu'ils travaillent sans avoir dans l'esprit autre chose que la récompense matérielle; ils contestent même le sens pratique de tout autre motif plus élevé. Inconscients du fait que le bonheur est un effet spirituel plutôt qu'un but matériel, ils aimeraient le prendre d'assaut plutôt que de se tourner vers ce qui peut le leur procurer.
Ceux qui sont poussés par le seul désir d'une récompense matérielle découvriront, en même temps, que le travail et sa récompense sont l'un et l'autre limités dans les satisfactions qu'ils apportent. Pour eux, le bonheur restera la lumineuse promesse de l'arc-en-ciel, toujours hors de leur portée.
Qu'est-ce alors que l'activité ? Quel en est le vrai but et quelles en sont les récompenses ? Mais, tout d'abord, sommes-nous en réalité autre chose que des mortels matériels cherchant toujours à acquérir de plus en plus de matière ?
La Science Chrétienne a révélé cette vérité que l'homme est l'expression, donc la ressemblance, de l'unique conscience infinie appelée Dieu, qui est la Vie, ou l'Entendement de tous. L'homme est un être spirituel individuel, qui possède par réflexion toutes les qualités et toutes les capacités de Dieu. En même temps que ces qualités, chacun se voit assigner par Dieu un but qui permet d'utiliser ces qualités d'une façon pratique. Ce but est spirituel, jamais égoïste; il apporte toujours le bien à ceux que cela concerne. Il ne s'interpose jamais avec le but de tout autre idée.
Quel que soit le poste que nous puissions occuper, quelle que soit la tâche qui nous est légitimement confiée, qu'elle se trouve en bas ou en haut de l'échelle des valeurs humaines, nous avons toujours à notre portée les qualités et les idées nécessaires pour l'accomplissement du but qui nous est assigné par Dieu. Dans n'importe quel travail, nous avons pour premier devoir, et ce sera aussi notre joie, d'exprimer toujours notre vraie nature en tant qu'enfants de Dieu, bien-aimés et aimants; et, par conséquent, d'être des membres utiles, indispensables et appréciés de la société et de quelque organisation humaines.
Quel est notre objectif dans les affaires ? Sans hésitation aucune, et à de rares objections près, le sens humain répondra que notre but dans les affaires c'est de gagner de l'argent, et que rien ne doit être négligé pour y arriver. La vérité concernant n'importe quelle affaire, cependant, c'est qu'elle est la manifestation humaine de quelque phase de l'activité de l'Entendement divin. Comme telle, son but essentiel est d'aider et de servir. Notre loyauté envers ce but se fonde sur la compréhension scientifique — que donne la Science Chrétienne — que c'est, en réalité, Dieu que nous servons, c'est Lui qui se charge de notre récompense; celle-ci sera en rapport avec la sincérité du mobile spirituel qui nous aura fait agir.
Jamais une expression humaine de fidélité à la divine loi du bien n'est restée sans récompense. Le Psalmiste chante les riches bénédictions que reçoit, après bien des épreuves, celui qui obéit à la loi de Dieu: « La crainte de l'Éternel est pure, elle subsiste à toujours; les jugements de l'Éternel sont vrais, ils sont tous justes... Ton serviteur aussi en reçoit instruction; pour qui les observe la récompense est grande. » Ps. 19:10–12;
Celui qui, au contraire, cédant aux suggestions de l'entendement charnel, s'efforcerait de satisfaire uniquement l'instinct d'amasser, — essayant d'obtenir le plus possible sans donner joyeusement avec la même mesure — sous la pression de ce sens erroné se verra certainement un jour tenté de compromettre, et un peu plus chaque fois, l'idéal spirituel de l'activité véritable des affaires; et il en viendra, graduellement, à transiger même avec les normes reconnues de la simple honnêteté. Il est susceptible de devenir l'esclave de la cupidité, de l'âpreté au gain. En résistant à l'appel silencieux de l'Amour divin, il est enclin à perdre sa joie de servir, sa paix, sa confiance dans la substance du bien, ainsi que le respect de soi-même autant que celui des autres.
Un jour, un homme d'affaires qui souffrait d'un grave problème physique, alla voir un praticien de la Science Chrétienne. Bien que ses affaires fussent prospères, il déclara qu'il n'était ni heureux ni bien portant. Il n'était pas Scientiste Chrétien, mais il avait finalement cédé aux instances de quelques amis qui lui conseillaient de demander de l'aide en Science Chrétienne.
Après un court entretien, le praticien discerna la cause qui, dans l'entendement mortel, avait provoqué la difficulté. Au visiteur, il parla de la nature de Dieu, comme étant l'Amour divin omnipotent et toute sagesse, et de Son expression individuelle, l'homme qui obéit joyeusement à la loi de l'Amour du bien universel. Selon cette loi, nous ne gagnons une plus grande mesure de bien pour nous-mêmes que si nous pourvoyons avec joie aux besoins de notre frère. Nous nous privons nous-mêmes, lorsque nous essayons de priver notre frère de sa juste part.
Le praticien conseilla donc à son visiteur d'orienter ses pensées et ses ambitions, moins vers les bénéfices obtenus par un comportement dur, impitoyable, et peu scrupuleux dans les affaires, et davantage vers les grandes possibilités de rendre service, d'une façon vraiment intelligente et aimante, à tous ceux avec qui il était en affaire. Il assura son visiteur qu'il aurait davantage de riches bénédictions et de bonheur s'il abandonnait ses buts grossièrement matériels et égoïstes en faveur d'un but spirituel.
L'air renfrogné, l'homme répondit: « Je ne peux pas faire cela, il me faut réaliser des bénéfices ! Je ne suis pas dans les affaires pour mon plaisir. »
« Alors, dit le praticien, il serait préférable de changer de travail. Car vous êtes dans les affaires pour votre plaisir, pour votre bonheur et votre santé, et pour le bien-être de tous ceux avec qui vous êtes en rapport. »
Ensuite le praticien lui demanda s'il croyait que Jésus avait travaillé pour faire des bénéfices ou bien plutôt pour atteindre à un but plus élevé; s'il estimait que cet exemple est aujourd'hui trop difficile à suivre même si nous le comprenons et même si nous sommes conscients des bienfaits multiples qu'il peut nous apporter grâce au bien que nous cherchons à faire à autrui. Et il ajouta: « Le Maître n'a-t-il pas enseigné: “Ne cherchez pas ce que vous mangerez et ce que vous boirez, et ne soyez pas inquiets... Cherchez plutôt le royaume de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus” ? Luc 12:29–31; Était-ce là une vaine promesse ? »
Le visiteur, pensif, avoua: « Je n'y avais jamais songé de cette manière. Mais, puisque, en quelque sorte, j'ai foi en Dieu, je vais essayer. » Avec le temps, il constata la réalité pratique de l'assurance offerte par les Écritures: « Que l'Éternel te rende ce que tu as fait, et que ta récompense soit entière de la part de l'Éternel, le Dieu d'Israël, sous les ailes duquel tu es venue te réfugier ! » Ruth 2:12; Pour lui aussi la récompense fut complète, impliquant, outre le succès dans les affaires, un sens de santé, de liberté et de joie qu'il n'avait jamais connu auparavant.
Notre Leader, Mrs. Eddy, écrit: « Le bonheur est spirituel, né de la Vérité et de l'Amour. Il n'est pas égoïste; par conséquent il ne peut exister seul, mais demande que toute l'humanité y participe. » Science et Santé, p. 57. Partager c'est donner ce que Dieu nous a donné dans le but de le partager. Notre véritable travail c'est de donner avec amour et sans crainte, et avec une confiance totale en la bonté et en la certitude de la récompense.