Au début de l'ère chrétienne, une grande partie du monde civilisé se pliait à une sorte de loi, ou ordre, connue sous le nom de pax romana, la paix romaine. Imposé militairement aux différents peuples qui, pendant longtemps avaient été en lutte les uns contre les autres, ce nouvel ordre constituait une mesure de protection qui favorisa un grand développement du commerce et amena une grande prospérité.
Les profondes leçons de l'histoire montrent, cependant, que les gouvernements n'ont pu donner ni sécurité ni satisfaction permanentes aux individus ou aux nations. L'historien Edward Gibbon rapporte que les habitants de certaines villes asiatiques de l'Empire romain, après avoir vécu trois cents ans dans la paix, oublièrent qu'il est nécessaire d'avoir des moyens de défense contre l'ennemi; ils laissèrent leurs murs tomber en ruine et devinrent la proie facile des envahisseurs. Si tels sont les résultats des efforts concertés des hommes pour trouver la paix, où donc trouverons-nous la tranquillité et la sécurité ?
Alors que les Romains travaillaient à accroître leur pouvoir et à consolider leur empire, une figure solitaire jeta un défi à tous les systèmes humains et déclara à ses disciples de tous les temps: « Je vous laisse la paix; je vous donne ma paix; je ne vous la donne pas comme le monde la donne » (Jean 14:27). En contradiction directe avec le matérialisme de son époque Christ Jésus déclara que la seule paix véritable, c'est d'avoir un concept élevé de la Vérité, qui reflète la bonté pleine de pureté de l'unique Entendement, Dieu, et il le démontra.
Le Maître n'était pas un simple moraliste, se souciant peu de ce qui pourrait lui advenir. Il savait que son identité spirituelle était inattaquable. Il était convaincu que le bien, Dieu, est Tout, et il le prouva en annulant toutes les prétentions de l'erreur qui se présentaient, s'élevant ainsi et élevant les autres à un concept plus élevé de l'harmonie.
La Science Chrétienne [Christian Science] enseigne que la méthode du Maître pour établir la paix est fondée sur le fait que Dieu, le bien, est réel, et que le mal, ou erreur, est irréel. Si Dieu avait été l'auteur du mal, Jésus n'aurait pas pu démontrer que le bien est le vainqueur de son contraire en tout point. Ses paroles et ses œuvres montrèrent que le péché, la maladie, la mort — toute inharmonie — sont l'illusion de l'entendement mortel, qui revendique une existence en dehors de l'Entendement divin.
Le Maître ne commettait pas d'erreur parce qu'il appliquait les lois du bien scientifiquement. La Science révèle que ces lois divines sont à notre portée et universelles, et enseigne la nécessité de les mettre en pratique et comment le faire, pour que l'humanité soit amenée des ténèbres à la lumière.
Mary Baker Eddy, qui découvrit et fonda la Science Chrétienne, déclare dans The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany: « La Science Chrétienne confirme les paroles et les œuvres du Christ. Le Principe de la Science Chrétienne établit la paix » (p. 279). Puis elle conclut: « Le Premier Commandement du Décalogue, “Tu n'auras point d'autres dieux devant ma face”, s'il est obéi, suffit à calmer tout conflit. Dieu est l'Entendement divin. En conséquence, si tous les peuples avaient un seul Entendement, la paix régnerait. »
Bien que les efforts des hommes pour fortifier leurs moyens de défense contre l'ennemi soient louables, il est certain que les moyens matériels ne peuvent remplacer l'effort individuel consacré à améliorer la structure morale et à augmenter la compréhension que nous avons de Dieu et de l'homme, comme Jésus l'a fait. Considérée du point de vue spirituel, la paix est synonyme de puissance, la puissance appartenant à la Vérité omniprésente, Dieu, d'annuler la prétention qu'a le mal d'être réel.
Les efforts des hommes vers la paix tendent à contenir le mal sur le moment, et nous permettent de bien augurer de l'avenir. Mais le seul salut possible pour l'humanité consiste à reconnaître chaque erreur dans la conscience individuelle, et à la détruire par la vérité qui lui est contraire. C'est là le travail que nous devons tous faire, et ses heureux résultats se font sentir dans le monde, puisque la pensée juste est universelle, émanant de Dieu, source de tout pouvoir et de toute loi.
Les premiers efforts des hommes pour organiser une société vivant dans la paix ont rencontré des obstacles qui restent les mêmes de nos jours, bien que beaucoup plus nombreux. Nous ne devrions plus nous tourmenter parce que les gouvernements et les nations n'ont pas encore réussi à trouver la bonne formule pour la paix. L'histoire nous montre que la paix n'est pas prodiguée au peuple par le gouvernement: elle résulte de ce que l'individu se tourne vers Dieu. La paix et le pouvoir qui nous viennent à chasser le mal et l'erreur de la conscience nous conduisent à tirer la conclusion pratique que Dieu a envoyé le Christ, la Vérité, « pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort, et pour conduire nos pas sur le chemin de la paix » (Luc 1:79).