Le Scientiste Chrétien est-il partisan de ce que certains appellent, en matière de questions sociales, l'action directe ? Si le terme est correctement défini et analysé, la réponse sera un oui sans équivoque.
Il y a toujours place pour une participation raisonnable et intelligente dans le cadre d'une action sociale juste dans ses grandes lignes. Mais le Scientiste Chrétien s'attachera à voir plus loin que l'analyse superficielle des besoins. Comme beaucoup d'autres sans doute, il comprend que les maux sociaux ont une cause mentale. Essayer de changer les symptômes extérieurs sans s'attaquer à leur cause mentale reviendrait à espérer d'empêcher une herbe de pousser en se contentant d'en couper le bout, sans l'extirper.
L'action directe voulue, c'est celle qui, par la prière et sur le plan mental, s'attaque à la haine, aux préjugés, à la crainte et à l'ignorance qui forment le substratum mental des données sociales inacceptables. C'est la racine du mal. Et c'est dans ce domaine que le Scientiste Chrétien pourra le mieux utiliser ses talents et avoir l'action la plus directe.
Mrs. Eddy se rendait très bien compte de la nécessité de mettre fin aux injustices sociales. Elle a posé les lignes directrices de notre action directe, qui est d'ordre mental, dans le manuel d'instruction, Science et Santé. Elle dit en effet: « Un Dieu infini, le bien, unifie les hommes et les nations; constitue la fraternité des hommes; met fin aux guerres; accomplit ces paroles de l'Écriture: “Tu aimeras ton prochain comme toi-même ;” annihile l'idolâtrie païenne et chrétienne, — tout ce qui est injuste dans les codes sociaux, civils, criminels, politiques et religieux; établit l'égalité des sexes; annule la malédiction qui pèse sur l'homme, et ne laisse rien subsister qui puisse pécher, souffrir, être puni ou détruit » (p. 340).
Jésus fut également partisan de l'action directe. Il ne se désintéressait pas de ceux qui étaient dans la détresse. Il nourrit ceux qui avaient faim, guérit les malades et les pécheurs, et ressuscita même les morts. Quelle action pourrait être plus directe que cela ? Il a dit: « Celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais » (Jean 14:12).
C'est toujours par des moyens spirituels que son action fut menée. C'est grâce à la puissance de sa pensée spirituelle et par la prière qu'il corrigea les situations qui se présentèrent à lui. Il savait que toute difficulté a une cause mentale et que c'est l'action de l'Entendement divin qui amène les changements nécessaires. C'est pourquoi non seulement les malades étaient guéris dans leurs corps, ils étaient également changés moralement et spirituellement.
L'histoire du bon Samaritain est un excellent exemple d'action directe. Jésus s'y est prononcé pour une forme d'aide tout à fait pratique. L'amour donné en exemple était actif et s'adressait tout autant aux besoins d'ordre moral et spirituel qu'à ceux d'ordre matériel. Parmi les paraboles de Jésus beaucoup mettent ainsi l'accent sur l'action directe.
Le Christ, étant l'idée de Dieu, représente l'action directe du Principe divin dans les affaires humaines. C'est la manifestation de l'Amour et de la Vérité qui réduit à néant les éléments de l'erreur. Aujourd'hui il proclame l'universalité et l'impartialité du bien. Le concept réel de la dignité de l'homme et de son rôle est en train de prendre forme et provoque de profonds bouleversements sociaux.
L'évolution spirituelle est en marche. Chacun peut s'adapter au rythme selon lequel le bien évolue. Le Christ fait disparaître les préjugés et l'aveuglement, mais en même temps il élimine la volonté opiniâtre liée au zèle désordonné. Si nous sommes guidés par la sagesse divine, les changements qui s'imposent peuvent s'effectuer sans que nous ayons à souffrir.
L'une des erreurs fondamentales dont il s'agit ici est la croyance que le bien est limité, c'est-à-dire que, lorsque certains arrivent à posséder davantage que d'autres, ces derniers sont dépouillés de ce qu'ils regardent comme leur dû. C'est là qu'intervient le concept réel de Dieu, ou du bien. Le fait que Dieu est infini, que le bien est illimité, est un remède possible contre l'erreur, susceptible d'éliminer la crainte, et illustrant comment « un Dieu infini, le bien, unifie les hommes et les nations ». Lorsque c'est le Christ qui indique chacun des pas à faire, il ne saurait y avoir de danger pour personne.
Pour pouvoir être démontré, il faut que le bien soit compris. C'est là que patience et persévérance sont de mise. Les changements sociaux ne sauraient intervenir du jour au lendemain. Il faut que les éléments erronés de la pensée soient remplacés par les qualités d'intelligence se révélant en l'homme qui est l'image et la ressemblance de Dieu. Ce n'est que lorsque nous parvenons à percevoir et à comprendre la nature de Dieu que nous pouvons voir le bien démontré dans notre existence.
L'Amour divin incite à l'action directe conforme à la sagesse. L'Entendement divin seul peut procéder à l'intervention efficace et irrésistible du Christ dans les affaires humaines. Lorsque Pierre voulut faire usage de son épée lors de l'arrestation de Jésus, le Maître savait qu'il y avait un meilleur moyen et lui ordonna de remettre son épée en place. C'est que Jésus agissait sous la direction divine.
L'action directe du Scientiste Chrétien est en premier lieu l'action scientifique à engager contre les données mentales condamnables qui constituent les problèmes que la société doit affronter aujourd'hui. Il ne faut pas perdre de vue que nous n'avons pas à faire à des ennemis personnels, mais à des pensées erronées. Nous devons contre-attaquer la haine, la crainte, la malice, au moyen des qualités pleines de force et lumineuses du Christ, la vraie idée de l'Amour.
Dans Science et Santé (p. 225), Mrs. Eddy écrit: « L'histoire de notre pays, comme toute l'histoire, illustre la force de l'Entendement, et montre que le pouvoir humain est proportionnel à ce qu'il représente de pensées justes. Quelques phrases immortelles, respirant l'omnipotence de la justice divine, ont été assez puissantes pour rompre les chaînes du despotisme et pour abolir le fouet et le marché aux esclaves; mais l'oppression ne disparut pas dans l'effusion du sang, et le souffle de la liberté ne sortit pas de la bouche du canon. C'est l'Amour qui est le libérateur. »