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Un jugement impersonnel

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne d’avril 1964


Une de nos amies nous demanda un jour d'aller voir des parents lorsque nous voyagerions dans le pays où ils vivaient, et elle dessina un plan sommaire pour nous indiquer le chemin à prendre. Lorsque le moment arriva d'utiliser le croquis, nous nous aperçûmes qu'il nous fallait tenir compte qu'en se rapprochant de son ancienne maison, notre amie avait noté de plus en plus de détails. Ainsi l'échelle du plan devenait de plus en plus grande de sorte que tout puisse y tenir.

C'était là un fait amusant et sans danger. Si les impressions personnelles ne sauraient conduire à dresser de bonnes cartes, cet épisode illustre combien l'intérêt personnel tend à déformer le jugement. Les préjugés font de même. Plus les choses se passent près de nous, et plus elles semblent avoir d'importance.

Souvent aussi l'influence du sens personnel est plus subtile et plus grave, elle semble parfois annihiler toute possibilité de former un jugement équilibré. Certaines personnes semblent juger toujours trop avec la tête, d'autres avec le cœur; et il semble rare que la même personne allie un jugement solide et un grand cœur.

Mais suivant l'exclamation de Mrs. Eddy dans Miscellaneous Writings (p. 290): « Quand le monde cessera-t-il de juger d'un point de vue personnel, fondé sur des conjectures et des malentendus ! » Chacun peut cultiver cette faculté d'avoir un jugement impersonnel, qui nous montre comment nous juger aussi impartialement que nous jugeons autrui, et comment juger autrui avec autant de compassion que nous nous en accordons à nous-mêmes.

La Science Chrétienne [Christian Science] expose que l'homme — la ressemblance de Dieu comme le décrit la Bible — n'est pas un mortel susceptible de se tromper et dont le jugement n'est fondé que sur ses propres ressources. Il n'est ni insensé ou entêté, astucieux ou crédule, et jamais il n'est dans l'incertitude ni la confusion. Étant le reflet du Principe divin, ou de Dieu, l'homme est exact, conséquent et sans parti pris dans ses jugements. Puisqu'il est l'expression de l'Ame, il en a la chaleur, les qualités intuitives et la générosité. Comme il est une émanation de l'unique Entendement, il est intelligent, avisé, pratique. Avant tout, ces qualités se combinent en lui dans d'heureuses proportions.

Le roi Salomon sentait combien un jugement indépendant lui était nécessaire puisqu'il pria au début de son règne pour obtenir un cœur intelligent. Sa prière fut exaucée et la Bible rapporte plus loin (I Rois 4:29): « Dieu donna à Salomon la sagesse, une très grande intelligence et une étendue d'esprit aussi vaste que les plages de sable qui sont sur le bord de la mer. »

Le roi eut bientôt occasion de mettre à l'épreuve les nouvelles ressources de son jugement, car deux femmes vinrent porter devant lui leur dispute au sujet d'un enfant mort et d'un enfant vivant. Ne pouvant déceler quelle était la mère de l'enfant vivant, il prononça la sentence surprenante que l'enfant serait coupé en deux avec une épée et partagé ainsi entre les deux femmes. La vraie mère renonça immédiatement à ses droits plutôt que de voir son enfant mourir, et Salomon termina ainsi l'affaire sur cette démonstration d'affection spontanée et désintéressée (I Rois 3:27): « Donnez à la première l'enfant qui vit, gardez-vous de le faire mourir: c'est elle qui est sa mère ! »

Des problèmes de cet ordre ne se présentent pas journellement, s'ils se présentent jamais; mais chacun doit apprendre à user de discernement dans ses jugements s'il veut être à l'abri des leurres et de la duperie. Christ Jésus dit un jour aux pharisiens en parlant de lui-même (Matth. 12:42): « Il y a ici plus que Salomon ! » Et il appliqua « son cœur intelligent » à prononcer des jugements qui n'ont jamais été surpassés en exactitude, en sagesse, ni en compassion.

La maladie et la souffrance étaient pour Jésus de fausses prétentions de l'erreur tout autant que l'imposture sous toute autre forme. Il lui était pour cela possible de congédier ces suggestions de façon décisive, et d'apporter guérison et régénération à leurs victimes. Il dispensait ce réconfort qui donne courage et force, non la sympathie qui ne sait réprimer la faiblesse et la souffrance.

Il était impossible de tromper Jésus ou de jouer de ses émotions, mais jamais il n'était insensible, rude ou indifférent. Il appréciait chaque situation qui se présentait à lui en discernant instantanément ses éléments.

Une des guérisons accomplies par le Maître fut celle d'une femme qui avait touché le bord de son vêtement. Mrs. Eddy dit dans Unité du Bien (p. 57) à propos de cet incident: « Lorsque Jésus se retourna et dit: “Qui m'a touché ?” il avait dû ressentir l'influence de la pensée de la femme, car il est écrit qu'il sentit qu' “une force était sortie de lui.” Sa conscience pure, pleine de discernement, rendit ce verdict infaillible; mais il n'accepta pas l'erreur de la femme par affinité ou par faiblesse, car cette erreur fut découverte et rejetée. »

Jésus reconnut qu'il était en présence d'une foi sincère, avec la même sûreté que Salomon avait accueilli la prière née d'un amour désintéressé. Jésus était sensible à la Vérité, mais l'erreur n'éveilla jamais en lui aucune sympathie. La pureté de sa conscience n'avait rien de la naïveté qui rend vulnérable à toutes les machinations de l'erreur; c'était la connaissance profonde de la totalité et de l'omnipotence de la Vérité qui rejette l'erreur comme dépourvue de réalité.

Chaque erreur qui se présente à notre pensée, que ce soit sous forme de péché, de maladie, d'inimitié ou de limitation, nous impose d'exercer notre jugement. La prétention de l'erreur peut sembler être un mortel qui souffre et doit être pris en pitié, ou bien un mortel à craindre, pour ceux qui ont le cœur tendre. Pour ceux qui se vantent d'avoir le cœur ferme, cela peut représenter un mortel sans défense à protéger ou un mortel puissant à qui il faut résister. Pour ceux qui se flattent de n'être conduits que par leur tête, cela se manifestera sans doute sous les apparences d'un mortel stupide à mépriser ou d'un mortel ingénieux à admirer.

Mais aussi longtemps que l'erreur provoque en nous une réaction, que ce soit sous forme de désolation, de crainte, d'indignation, d'opposition, de dédain ou d'acquiescement, le sens personnel s'immisce dans notre jugement; et l'erreur semblera avoir des répercussions tant que notre impression durera. L'erreur doit être dépouillée de toute connexion avec l'homme de façon à être privée aussi bien de porte-parole que d'auditoire. Le jugement nécessaire n'est donc plus la faculté de discerner entre un mortel et un autre, mais entre la Vérité et l'erreur: le choix est alors facile.

Avoir la conscience pure, c'est-à-dire un cœur intelligent, c'est être doué d'une perception suffisante pour réagir avec célérité à tout ce qui est bon et authentique, et n'enregistrer absolument rien d'autre. Ceux qui exercent leur jugement sous cette forme impersonnelle ne peuvent être menacés, cajolés ni exploités, car ils ont appris à ne s'attacher à aucune erreur, ni par le cœur ni par la tête, pas plus par affinité que par faiblesse.

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