Jusqu'a la venue de la Science Chrétienne, l'humanité ne mettait pas en doute la croyance que le monde prétendu de la matière était séparé et distinct de celui de la pensée. Ceux-ci constituaient, au sens humain, deux espèces de réalités: l'un réel physiquement, l'autre mentalement vrai. On soutenait également, d'une manière curieuse pourtant, que les êtres vivants étaient un mélange de ces deux éléments fondamentaux.
Alors qu'on a toujours reconnu la distinction entre la pensée vraie et l'erreur de pensée, le rapport entre l'erreur et la matière, entre ce qui est faussement mental et soi-disant physique, restait inconnu et insoupçonné. Le corps matériel, avec ses aptitudes et ses altérations, sa santé, ses maladies et ses difformités, était considéré comme une réalité physique.
La révélation de la Vérité, exposée par Mrs. Eddy dans la Science Chrétienne, fit concevoir nettement que, la réalité étant spirituelle, seul le sens spirituel peut en prendre connaissance. C'est pourquoi le témoignage des sens physiques, qui avait constitué le seul critère de la réalité, se montrait entièrement faux.
La Science Chrétienne enseigne logiquement que, dans toutes ses manifestations infinies, la vérité, ou la réalité, est l'émanation d'une seule source infinie, l'effet d'une seule cause universelle. Cette source de toute réalité, appelée dans la Science Chrétienne Principe divin, est Dieu, la Vérité infinie, ou l'Esprit, qui est l'intelligence première, éternellement permanente et directrice, ou l'Entendement, de l'univers réel, l'univers des réalités.
Puisqu'il ne peut y avoir qu'une espèce de réalité, créée par Dieu et spirituelle, ce qui apparaît aux sens matériels comme le monde de la matière ne peut être réel: il ne peut le paraître qu'à ces sens; ce n'est donc qu'une illusion des sens, éphémère, temporaire et mortelle. L'entendement qui prend à tort ces illusions pour la réalité et ne connaît rien en dehors d'elles, est donc pareillement erroné, fallacieux et mortel. L'entendement mortel, étant un faux sens de la réalité et du bien, est entièrement erroné et ne recèle pas en lui la possibilité du bien. Même s'il paraît exister et fonctionner, il n'est pas réellement un entendement, car il est privé de l'intelligence véritable; son activité n'est que l'action, et l'effet réciproque, des illusions causées par les sens.
La Science Chrétienne expose clairement la nature faussement mentale de la matière. D'après son enseignement, l'entendement mortel soutient la croyance à la substance matière et ne voit que ce qu'il croit, c'est-à-dire il ne voit, il n'entend et ne sent que ses propres pensées; c'est pourquoi il aperçoit sa croyance à la substance matière comme des formes ou des objets en dehors de lui-même et témoigne de leur réalité par ses propres sens. La matière n'est donc que l'état objectif de l'entendement mortel, qu'un autre nom pour le définir. Les choses matérielles sont des croyances objectivées, l'objectivation étant inséparable de l'entendement qui soutient la croyance.
Selon l'enseignement de Mrs. Eddy, la matière et l'entendement mortel se combinent ainsi pour former une unité; on ne peut donc les traiter comme deux entités différentes. Voici ce qu'elle nous apprend à la page 293 de Science et Santé: « La matière et l'entendement mortel ne sont que des strates différentes de la croyance humaine. Le substratum le plus grossier s'appelle matière ou corps; le plus éthéré s'appelle entendement. »
En examinant les guérisons et l'enseignement spirituel de Christ Jésus, Mrs. Eddy discerna le fait que l'entendement mortel n'est pas seulement la cause du mal, mais le mal lui-même. Elle fut la première dans l'histoire humaine à identifier la matière au mal et à en montrer la double irréalité. Ainsi, croire à la matière, c'est croire au mal, car c'est croire à une création périssable et à un créateur impuissant à la sauver. La description de l'entendement mortel, donnée par notre Leader dans Science et Santé, est aussi sa description du mal: un rien qui prétend être quelque chose.
La matière, c'est l'entendement mortel manifesté. Le mal, c'est l'entendement mortel manifesté. L'hypothèse de l'entendement mortel suppose l'hypothèse de sa manifestation.
Pour dominer l'entendement mortel, il faut commencer par comprendre l'erreur totale de ses prétentions: que la matière, sa propre croyance, est une substance séparée de lui-même, que cette substance constitue l'homme et contrôle sa vie et son intelligence. Cette prétention est une vulgaire négation de Dieu, de l'Esprit, considéré comme la Vie unique, l'Entendement, et la substance véritable de l'univers et de l'homme. Il est donc évident que le pouvoir sur la matière, ou l'entendement mortel, s'exerce en en comprenant la nature illusoire, son insubstance et son impuissance dernière.
Christ Jésus, qui prouva son contrôle complet sur tout mal, déclara (Matth. 28:18): « Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre » — dans le royaume de la vérité comme dans le royaume supposé de la matière. Où réside cette puissance ? Mrs. Eddy l'explique dans Miscellaneous Writings (p. 199): « Le pouvoir de sa bonté transcendante est manifeste dans le contrôle qu'elle lui donna sur les qualités opposées à l'Esprit que les mortels nomment matière. »
Contrôler les prétentions de la matière, n'est-ce donc pas contrôler ces qualités ? Contrôler les qualités de l'entendement mortel, n'est-ce donc pas contrôler la matière chaque fois qu'elle prétend agir comme cause ou réagir comme effet ? L'effet de ce contrôle n'est-il donc pas de surmonter la maladie, le manque, le mauvais fonctionnement, les faiblesses de caractère, le mal de toute espèce, et d'écarter de notre chemin l'obstacle majeur à notre croissance, le faux sens matériel du moi ? La nature physique et charnelle n'est que le rêve et le jouet de l'erreur ou de l'entendement mortel qui crée, comme Mrs. Eddy nous l'apprend, les conditions de son propre rêve: la matière, ou le mal.
Notre Leader fait dans Science et Santé cette déclaration encourageante (pp. 125, 126): « Ainsi il sera finalement prouvé que la matière n'est qu'une croyance mortelle, tout à fait incapable d'affecter l'homme par sa prétendue action organique ou existence supposée. On ne se servira plus de l'erreur pour énoncer la vérité. Le problème du néant ou “de la poussière qui retourne à la poussière” sera résolu, et l'entendement mortel sera informe et vide, car la mortalité cesse quand l'homme se voit en tant que reflet de Dieu, comme un homme voit son propre reflet dans un miroir. »