Nous désirons tous la vie éternelle. Christ Jésus appelle la réalisation de ce désir le royaume des cieux, ou le royaume de Dieu, et il nous dit que nous pouvons atteindre ce royaume en devenant pareils au petit enfant qu'il tenait dans ses bras.
De nombreux adultes trouvent que les jours et les mois ne leur fournissent pas assez de temps pour accomplir même une petite partie de ce qu'ils voudraient faire. Et pourtant ce qui leur manque ce n'est pas le temps, mais c'est d'être affranchis du temps. Ce dont ils ont besoin ce n'est pas de retrouver leur jeunesse passée, mais c'est d'accepter cette caractéristique de la jeunesse qu'est l'exemption de la notion du temps. Pour le tout petit enfant, une matinée est une aventure sans fin. Par un après-midi ensoleillé d'été, le temps s'arrête. Les sauterelles vertes chantent, les baies mûres pendent aux buissons, l'odeur du trèfle monte des champs. Quel ciel pour ceux qui ont le cœur pur !
Mais si la venue de la maturité détruisait la jeunesse, Jésus n'aurait pas souligné ses possibilités, sa présence même, dans notre vie. Puisque Jésus pouvait voir que la jeunesse qui ne vieillit pas est un fait actuel de la vie, nous pouvons en toute humilité la revendiquer pour nous-mêmes. Mrs. Eddy dit dans la Préface de Miscellaneous Writings (p. ix): « On peut dire en vérité: Il existe une vieillesse du cœur et une jeunesse qui ne vieillit jamais. »
Si nous voulons trouver la jeunesse indestructible, par où faut-il commencer ? Probablement par la joie. La joie ne disparaîtrait pas de notre vie, si nous comprenions qu'elle n'existe pas dans le temps. Une autre caractéristique de la jeunesse est l'oubli de soi; pourtant toute personne doit être désintéressée afin de devenir un bon professeur, un orateur convaincant, un juge d'hommes. Nous serions aussi naturels qu'un enfant si nous étions aussi dépourvus de crainte que l'est un enfant. Les manifestations de son absence de crainte, telles que l'affection, la confiance, la bienveillance, la générosité, la sensibilité, la vitalité, l'élasticité de caractère, existent toutes en dehors du temps. Songez à sa franchise, son intrépidité, son assurance, sa souplesse et sa grâce ! Ces qualités ne sont pas limitées à un âge ou une condition quelconque. Elles sont des modes éternels de la pensée: « la simplicité et la pureté qui sont dues au Christ » (II Cor. 11:3), et sont accessibles à tous. Lorsque Naaman, le célèbre guerrier, fut guéri d'un sens démesuré de son ego — son moi — ou orgueil, sa chair redevint semblable à celle d'un petit enfant.
On ne s'efforce pas de copier ou d'imiter un enfant afin d'avoir les qualités d'un enfant. S'il en était ainsi, nous pourrions penser qu'il nous faut nous asseoir par terre et nous mettre à jouer avec des cubes. L'enfant n'est pas responsable de sa bonté. Il est simplement une expression de la bonté divine qui brille à travers lui. Si les adultes étaient aussi transparents et aussi réceptifs à l'inspiration que l'est un enfant, ils auraient le même rayonnement. Il nous suffit de nous attacher à notre origine divine pour être non pas des imitateurs, mais des penseurs vraiment originaux.
En appréciant à sa juste valeur ce que la jeunesse représente véritablement, nous pourrions dire que l'adulte est davantage conscient des qualités spirituelles de l'enfant que l'enfant lui-même. Souvent le visage d'un moniteur d'une École du Dimanche de la Science Chrétienne resplendit de la lumière de la jeunesse éternelle, alors que le visage de chacun des élèves de la classe peut être parfaitement dénué d'expression.
Ceux qui ont abandonné la monotonie qui vient avec l'âge et ont accepté le caractère naturel de la réflexion en tant qu'enfants de Dieu, peuvent apporter une spontanéité céleste dans le travail de la classe à l'École du Dimanche. Un moniteur peut avoir préparé une interprétation logique d'une leçon qui doit être utilisée; mais une fois la classe commencée, le vent de la découverte souffle sur la classe. Le Christ est là qui les guide vers des horizons insoupçonnés et enchanteurs. « Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre », dit Christ Jésus, « de ce que tu as caché tout cela aux sages et aux intelligents et de ce que tu l'as révélé aux petits enfants » (Matth. 11:25).
Quelqu'un demandera peut-être: La maturité n'a-t-elle aucun rôle à jouer dans le plan céleste ? Certes, elle en a un. Jésus était persuadé que Nicodème pouvait naître à nouveau; en fait il savait qu'il lui fallait naître à nouveau, naître de la pureté et de la spiritualité, s'il voulait entrer au ciel. Et Jésus dit à ses disciples qui étaient en train de naître à nouveau (Matth. 19:28): « En vérité, je vous le déclare, au renouvellement de toutes choses, lorsque le Fils de l'homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m'avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d'Israël. »
Il n'y a pas de première enfance ayant besoin d'attention et de soins. Il y a la domination glorieuse — la domination spirituelle — pour quiconque est prêt à se soumettre à l'expérience purifiante qui consiste à s'identifier uniquement en tant qu'enfant de Dieu, idée de l'Entendement. Le jugement clair provient de la démonstration de l'unité de l'Entendement grâce à la Science, car l'Entendement ne connaît ni passé ni avenir, mais seulement le présent infini.
Parlant de la vitalité indestructible, notre Leader, Mrs. Eddy, à l'âge de soixante-seize ans, dit à une filiale de son Église (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 177): « Je suis tout à fait capable de me rendre dans votre ville, et si la sagesse me fait atteindre l'âge de quatre-vingts ans (que l'on m'attribue déjà), je serai alors même plus jeune et plus proche du méridien éternel que je ne le suis maintenant, car la vraie connaissance et la vraie preuve de la vie consistent à se dépouiller des limitations et à revêtir les possibilités et la permanence de la Vie. »
