Dans son discours le plus célèbre, Patrick Henry, l'illustre patriote américain, prononça des paroles qui ont résonné à travers l'histoire, mais on ne se rappelle pas toujours qu'il demanda, presque à la fin de cette allocution si souvent citée: « Que désirent ces messieurs ? Que veulent-ils avoir ? »
Jamais peut-être question plus bouleversante ne pourrait être adressée à quiconque éprouve sérieusement le besoin de prendre conscience du défi concernant son but dans la vie, ses véritables désirs, ses mobiles, ses desseins, et jusqu'à quel point il doit faire des efforts sincères pour les réaliser.
Paul résuma ses nobles buts chrétiens pour lui-même et pour ses semblables quand il écrivit aux Philippiens (3:13, 14): « Frères, pour moi, je ne crois pas avoir encore atteint le but; mais ma seule préoccupation, la voici: en oubliant ce qui est derrière moi, m'élancer vers ce qui est devant moi, et courir vers le but, pour obtenir le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ. »
L'humilité de cette déclaration n'a d'égal que le défi retentissant concernant son grand but chrétien de bénir, de servir, et d'arriver à l'accomplissement d'un saint exemple pour le bienfait de toute l'humanité.
Ne serait-ce pas une bonne chose si aujourd'hui tous les Scientistes Chrétiens pouvaient faire un bref inventaire de leur pensée concernant particulièrement la vraie nature de leurs buts actuels, de leurs désirs, de leurs ambitions, et de l'étendue réelle de leur activité journalière, ayant en vue l'accomplissement de ceux-ci ? Qu'est-ce que nous voulons ? Que désirons-nous vraiment avoir dans la vie ? Si nous sommes satisfaits de la valeur de nos buts, que faisons-nous pour les atteindre ? Dans un tel effort, comment agissons-nous par rapport à nos semblables ? Quelle position prenons-nous à leurs yeux ?
Nous pensons parfois que nous pouvons nous dégager de la responsabilité de servir d'exemple; mais ce n'est pas le cas, car quoi que nous soyons, quel que soit notre présent état de conscience, cela sert d'exemple, soit bon, soit mauvais, soit indifférent, à nos semblables. Nous ne pouvons pas nous dégager ou nous isoler de cette responsabilité. Le conseil bien connu de Polonius nous disant que si l'on est sincère envers soi-même on ne peut être faux envers autrui, souligne l'obligation qui est aussi inévitable et inéluctable aujourd'hui qu'elle l'était autrefois.
Si nous cessions parfois de nous demander: Que pense-t-on de moi ? et que nous nous demandions plutôt: Que pense-t-on de ce que je représente et de l'exemple que je donne? nous avancerions certainement plus rapidement sur la voie du progrès individuel effectif, du service rendu et de l'aide constructive apportée à notre prochain et au monde.
« Ce que l'Éternel demande de toi », dit Michée, « c'est de faire ce qui est juste, d'aimer la miséricorde et de marcher humblement avec ton Dieu » (6:8). Le Scientiste Chrétien peut clarifier et mettre au point le but de toute sa vie, grâce à l'application et à l'amplification littérales et métaphysiques de cette déclaration d'une importance vitale.
Vivre la vie d'un Scientiste Chrétien au vrai sens du mot, c'est être en paix avec soi-même et en paix avec ses parents et ses voisins, et ne pas se sentir constamment sur la défensive concernant la Science Chrétienne, ou le fait que l'on est soi-même un Scientiste Chrétien.
Un des principes fondamentaux de la démocratie est que les hommes auront le droit de pratiquer librement leur religion selon leur conscience; nous sommes donc tout aussi libres d'être des Scientistes Chrétiens que d'appartenir à aucune autre des nombreuses confessions religieuses qui existent dans le monde aujourd'hui. Pour être respectés, nous devons bien entendu nous respecter nous-mêmes, qu'il s'agisse de notre religion ou de notre propre personne.
Il est aussi facile de dire: « Je suis un Scientiste Chrétien », lorsque dans des circonstances normales on nous demande quelle est notre religion, que de déclarer que l'on est membre de n'importe quelle autre confession. Cependant, cela ne veut pas dire que nous avons accepté une fausse responsabilité, ou que nous prétendons faire plus que nous ne pouvons pour vivre et mettre en pratique les enseignements et les préceptes d'un mouvement religieux qui avait déjà prouvé, longtemps avant que nous en fassions partie, qu'il avait un but invariable, celui de bénir et de faire du bien à l'humanité.
Le Scientiste Chrétien, quand il a l'occasion d'offrir de l'espoir à ceux qui sont dans le besoin ou dans la détresse, le fait au nom de Dieu et non pas en son propre nom. Il n'a d'autre responsabilité vis-à-vis de son prochain que de refléter la nature de Dieu de son mieux, jour après jour, et de laisser le champ libre à Dieu.
« Celui qui pense et qui agit d'une façon juste fait de son mieux, » nous dit notre Leader, Mary Baker Eddy, « et pense pour tous les temps. Il n'y a pas de main qui ne sente son aide, pas de cœur qui ne reçoive son réconfort » (Message to The Mother Church for 1900, p. 3). Et elle révèle la profonde humilité de son propre sens de la responsabilité et de l'exemple dans ces paroles émouvantes (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. ix): « Aujourd'hui, tout en s'estimant heureuse d'avoir fait quelques progrès, elle est toujours le disciple docile attendant à la porte céleste l'Entendement du Christ. »
Reconnaître sincèrement que notre croyance religieuse est celle d'un Scientiste Chrétien, ne met pas le gouvernement sur nos épaules, car c'est le Père qui est responsable de l'accomplissement de Sa propre bonté et de Son propre gouvernement de l'homme et de l'univers. On ne nous demande pas en tant que Scientistes Chrétiens de « porter notre église sur notre dos », de « nous soulever nous-mêmes à la force du poignet », d'accomplir des « miracles » personnels, ou de faire croire à notre prochain que nous allons prendre le royaume de Dieu d'assaut. Il n'y a rien de bizarre dans le fait de prier Dieu pour être guéri. Des millions et des millions de gens qui ne sont pas des Scientistes Chrétiens, le font, la seule différence étant que le Scientiste Chrétien dépend exclusivement de Dieu sans avoir recours à d'autres moyens.
La nécessité d'adopter une attitude calme et assurée vis-à-vis de nos convictions religieuses, basée sur le fait de notre réflexion spirituelle, et avec la pensée du petit enfant, est soulignée dans ces paroles de Christ Jésus (Jean 8:28): « Je ne fais rien de moi-même », et encore (Jean 14:10): « C'est le Père demeurant en moi qui accomplit ses propres œuvres. » Cette attitude de calme et de certitude peut être en tout temps la nôtre, car le Scientiste Chrétien devrait parler avec modestie et ne pas émettre des prétentions extravagantes aussi bien pour lui-même que pour sa pratique religieuse. Humble, sage et réservé dans tout ce qu'il dit, il s'appuie en grande partie sur la vérité spirituelle de ce qu'il connaît vraiment, et s'en remet silencieusement à Dieu avec confiance.
Vis-à-vis de ses voisins, en ce qui concerne son appartenance à la Science Chrétienne, il n'a pas à se justifier ni à s'imposer. Son désir de réformer les autres doit s'appuyer principalement sur ce qu'il peut d'abord réformer en lui-même. Il a déjà, de son mieux, remis sa vie à Dieu. Il aime permettre à son prochain de faire de même. Il n'importune personne par ses paroles. Il a confiance en la bénédiction silencieuse de ses pensées et de son exemple.
Dans cette attitude paisible, en tant que Scientiste Chrétien, laissant à Dieu le soin de Se justifier Lui-même aux yeux des hommes, il se rappelle que Dieu est le Dieu aimant de tous les hommes, et de ce fait il ne prend pas une position ostentatoire et ne se met pas non plus simplement sur la défensive. La Vérité sait se faire valoir elle-même. Le Scientiste Chrétien ne tombe pas non plus dans le piège qui consiste à sembler défendre ou encourager un simple système mental ou une science humaine froide, une philosophie, ou bien une abstraction déguisée en Science Chrétienne. Des paroles, des phrases doucereuses, et des formules sont incapables de guérir et de bénir parce qu'elles sont dépourvues de la douce onction de l'Amour divin, du réconfort et de la tendre assurance de la paternité et de la maternité de Dieu.
Prendre position pour le droit paisible et la nécessité de vivre la vie d'un Scientiste Chrétien dans notre localité, c'est toujours prendre position avec Dieu, et ce n'est jamais une position solitaire, séparée ou isolée. Le dessein inexorable de Dieu de bénir, se suffit à lui-même et ne peut être accompagné par aucune pénalité provenant d'un faux jugement, par le martyre, l'ostracisme ou l'éloignement imposés au Scientiste Chrétien par des parents, des amis, ou par les gens de la localité. Au contraire, le Scientiste Chrétien sincère est généralement honoré, respecté et recherché dans sa localité comme étant un citoyen utile et de valeur.
Le Scientiste Chrétien se réjouit que sa tâche n'engage pas sa responsabilité personnelle et qu'il n'ait pas à rendre compte aux autres de son honnête conduite religieuse, mais qu'elle consiste uniquement à vivre en accord avec ces paroles de Mrs. Eddy, qui a découvert et fondé la Science Chrétienne (Science et Santé, p. 496): « Nous devons tous apprendre que la Vie est Dieu. Posez-vous cette question: Est-ce que je me conforme à la vie qui s'approche du souverain bien ? Est-ce que je démontre le pouvoir guérisseur de la Vérité et de l'Amour ? S'il en est ainsi, alors le sentier s'éclairera “jusqu'à ce que le jour soit dans sa splendeur.” »
Tout au long de ce chemin, l'amour de Dieu nous soutient pas à pas, jour après jour, car c'est à Lui « qu'appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire » (Matth. 6:13).
