« La personnalité » écrit Mrs. Eddy dans Science et Santé (p. 491), « n'est pas l'individualité de l'homme. Un homme pervers peut avoir une personnalité attrayante. » Cette distinction entre la personnalité matérielle et l'individualité spirituelle est essentielle pour mener une vie vraiment chrétienne aussi bien que pour guérir.
L'individualité, selon la Science Chrétienne, a trait à l'identité spirituelle. C'est une qualité primordiale de Dieu, et elle est exprimée à l'infini dans chacune de Ses idées complètes, appelée homme. Lorsqu'elle est comprise et appliquée humainement, elle se manifeste, non pas sous forme de sensualité, d'agressivité, d'égotisme, ou d'une aptitude à susciter une attention envieuse; elle s'exprime plutôt sous forme de désintéressement, d'inspiration, d'intelligence, de bonté, de joie, de beauté et d'humilité, et provoque le respect et l'amour véritables.
Le mot « personnalité » est aussi employé dans les œuvres de Mrs. Eddy quand elle parle de Dieu et de Son reflet, et lorsqu'il est ainsi compris et appliqué, c'est un terme parfaitement bon et beau. Cependant, Mrs. Eddy emploie plus fréquemment ce mot, et c'est là son emploi habituel, lorsqu'elle parle de la corporalité, de distinctions purement physiques, tantôt bonnes, tantôt mauvaises. Le sens corporel de la personnalité est une perversion du sens spirituel.
Lorsque Samuel était à la recherche d'un roi, son attention fut attirée sur la nécessité de faire une distinction entre la fausse personnalité et la vraie individualité. Nous lisons que lorsque Samuel vit le premier des fils d'Isaï, « l'Éternel dit à Samuel: Ne regarde pas à sa belle mine ni à sa haute taille; car je l'ai écarté. Ce qui se voit ne compte pas pour l'Éternel; l'homme ne regarde que l'apparence; mais l'Éternel regarde au cœur » (I Sam. 16:7).
Christ Jésus prenait tellement soin de détourner l'attention de son moi corporel, qu'il réprimanda en ces termes celui qui l'abordait en l'appelant « bon Maître » (Marc 10:18): « Pourquoi m'appelles-tu bon ? Un seul est bon, c'est Dieu. »
Après que Pierre eut déclaré à Jésus (Matth. 16:16): « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » Jésus dit: « Ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père, qui est dans les cieux. Et moi, je te déclare: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Notre Leader dit dans Science et Santé (p. 138): « En d'autres termes, Jésus se proposait de fonder sa société, non sur le Pierre personnel en tant que mortel, mais sur la puissance de Dieu qui appuyait la confession que fit Pierre du vrai Messie. »
Établir ainsi une distinction entre le mortel et le spirituel, ne détruit pas le juste sens de l'individualité. Nous n'avons pas oublié Pierre. Nous n'avons certainement pas oublié Jésus, et nous ne l'apprécions pas moins en tant que notre Guide. Sa vie fut couronnée de succès et il est vénéré, non parce qu'il faisait preuve de pouvoir personnel, ou attraction, ou d'une personnalité matérielle distinctive, mais parce qu'il comprenait et démontrait sa vraie nature individuelle en tant que reflet parfait d'un Dieu parfait.
En mettant en garde les Scientistes Chrétiens contre le faux sens mortel du moi, ou personne, Mrs. Eddy ne cherchait pas à étouffer l'inspiration, l'habileté ou la vivacité d'esprit humaines, ou à encourager l'uniformité ou la monotonie. Elle cherchait seulement à détourner l'attention de la contrefaçon matérielle illusoire pour contempler le vrai moi de l'homme, maintenu par Dieu.
En 1888 Mrs. Eddy se rendit à Chicago, Illinois, États-Unis, à un moment où son église connaissait une expansion triomphale. Après avoir prononcé un discours, elle fut assaillie par des disciples ardents dont certains cherchaient seulement à la toucher. Peut-être vit-elle que la popularité personnelle pouvait même être plus dangereuse que les persécutions. Et, fait significatif, aussitôt après, elle supprima l'organisation de l'église qui avait été bâtie autour de sa personne, et organisa plus tard La Première Église du Christ, Scientiste, à Boston, Massachusetts, sur le fondement spirituel du Principe divin, Dieu.
Une autre fois, Mrs. Eddy donna le conseil suivant (Miscellaneous Writings, p. 282): « Rappelez-vous que c'est la personnalité, et le sens de la personnalité en Dieu et en l'homme, qui limite l'homme. »
De même que la reconnaissance de l'individualité spirituelle n'entraîne pas l'absorption de l'homme en la Divinité, de même la compréhension ici-bas et dès maintenant de cette individualité n'entraîne pas la perte de ce qui semble être humainement notre identité distincte. Chacun de nous est un individu distinct des autres, mais distinct non parce qu'il fait un effort humain pour être différent ou attirer consciemment l'attention, mais parce que, tout naturellement, il maintient sa pensée en harmonie avec l'Entendement divin infini.
Le concept du bien que présente la Science Chrétienne ne supprime aucunement la chaleur, la vivacité, l'amour ou l'inspiration, mais il donne incontestablement une meilleure santé, nous offre de plus grandes possibilités, davantage d'efficacité et de liberté; il amène l'unité et l'amour dans la famille et les relations personnelles, dans les élections et les activités de l'église, et dans les affaires. En outre, il nous ouvre le chemin qui mène, pour chacun de nous, au salut complet, c'est-à-dire à la conscience de notre individualité spirituelle en Dieu.
