Parmi les formes variées des souffrances humaines que nous nous infligeons à nous-mêmes, peu sont comparables à la douleur mentale que nous cause la solitude, le sentiment que nous n'appartenons à personne, que personne ne s'occupe de nous, que personne ne nous aime. Plus particulièrement celui qui se trouve sans famille et sans amis intimes, est souvent tenté de croire qu'il est seul et que ce manque d'affection humaine ôte à sa vie tout intérêt, toute couleur et même tout but.
Les enseignements de la Science Chrétienne nous montrent clairement que personne n'est privé de la chaleur et de l'inspiration de l'amour, que personne n'est seul ni ne travaille seul, personne n'est dépourvu de liens, n'est abandonné ou solitaire. Ces conditions pénibles de l'entendement humain, avec la dépression, l'humeur morose et la tendance à ne rien faire qui en résultent, ne sont pas plus l'état véritable de l'homme que ne le sont la malhonnêteté et la maladie. La Science Chrétienne enseigne que tout chagrin, tout sentiment de solitude, sont étroitement liés au faux sens de l'existence de l'homme, un sens qui renferme à son tour des concepts complètement erronés de Dieu et par conséquent de la relation de l'homme à Dieu et à son prochain.
Quiconque éprouve un sentiment aussi faux peut s'en libérer, non pas en se servant des moyens du monde que l'entendement humain cherche à lui procurer, mais en comprenant, grâce à la Science Chrétienne, les faits scientifiques le concernant lui-même, son véritable état dans la vie, et sa relation à son prochain. Et il faut qu'il arrive à voir qu'il est capable d'exprimer cette relation et ainsi d'en jouir.
En accord avec la signification spirituelle des Écritures, la Science Chrétienne révèle que Dieu n'est pas un être corporel, ni une force créatrice de la matière, mais qu'Il est l'Entendement divin, universel, infini, ou Esprit, l'Amour divin, dont la manifestation est l'homme spirituel et l'univers spirituel exprimant la nature de Dieu avec toute sa chaleur, sa couleur, sa variété et sa joie.
L'homme, inclus dans cet univers et faisant un avec lui, est, dans son essence ou être absolu, une conscience spirituelle, individuelle, l'expression toute harmonieuse de l'Entendement créateur, l'enfant bien-aimé de son Père-Mère. Il vit dans la présence infinie et spirituelle de l'Amour divin, une présence qu'il ne peut jamais quitter et qui ne peut jamais le quitter. L'homme est donc toujours accompagné de Dieu et de Ses idées. Ces idées étroitement unies dans leur origine commune, témoignent de la nature de l'Amour divin. Aucune idée de Dieu n'est seule, aucune n'est en dehors du cercle infini, mais cependant intime, de la compagnie de l'Amour.
En reflétant leur Père-Mère, les enfants de Dieu expriment spontanément la bonté. Cela se manifeste humainement par des qualités telles que la miséricorde, l'intérêt et l'empressement à rendre service, la spontanéité de l'amour, la vigilance et la constance de la vraie intelligence. Alors les hommes se comprennent et sympathisent entre eux, car telle est la nature de l'amour qu'ils reflètent.
Quand nous sommes assaillis par un faux sentiment de dépression et de solitude, nous avons le droit de savoir que nous sommes aimés, que l'homme aime parce que Dieu aime.
Lorsque, grâce à une compréhension spirituelle éclairée, nous cesserons de nous considérer nous et notre prochain comme des créatures faites de matière et d'entendement, ayant des tempéraments mortels imparfaits, et quand nous ne verrons plus l'univers comme le champ de bataille où le mal lutte avec le bien pour obtenir le pouvoir d'influencer les humains, où l'égoïsme et le désintéressement existent côte à côte, et où la loi et le hasard sans loi semblent valables, alors nous ne croirons plus que certains peuvent être entourés d'amour tandis que d'autres sont abandonnés et seuls, que le bonheur et les vraies satisfactions de la vie vont à quelques favorisés et non à tous.
Dieu nous aime. Il sait que nous sommes Ses enfants et Se préoccupe de notre bien-être. Nul n'est insignifiant ou sans importance à Ses yeux, pas plus qu'Il n'a trop d'enfants, à ne savoir qu'en faire. Christ Jésus nous donna l'assurance de cet intérêt divin, compatissant, quand il dit (Matth. 10:29–31): « Deux passereaux ne se vendent-ils pas un sou? Et il n'en tombe pas un seul à terre à l'insu de votre Père! Les cheveux même de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc rien; vous valez mieux que beaucoup de passereaux. »
Une femme qui est seule dans la vie et qui n'a pas l'aide de ses parents, d'un mari ou de ses enfants, si elle comprend qu'elle est l'enfant de Dieu, sera consciente de l'intérêt tendre et infini que Dieu lui témoigne, et saura ainsi qu'elle n'est pas seule, car Dieu est avec elle, et que les forces du bien opèrent en sa faveur, non contre elle.
L'homme d'affaires qui est porté à croire qu'il n'est ni compris ni apprécié, peut être amené à comprendre combien il est proche de Dieu, s'il se rend compte que Dieu connaît son cœur et qu'Il récompense chacun de ses justes efforts. L'homme austère qui au-dedans de lui-même aspire peut-être à ce qu'on lui montre de l'affection, doit savoir que lui aussi peut exprimer la chaleur d'un amour désintéressé vis-à-vis des autres, et de cette façon s'attirer non seulement le respect, mais aussi l'affection et l'amitié de son prochain.
Ce n'est cependant pas grâce à notre attente passive que l'amour et la sollicitude de Dieu apparaîtront dans notre existence. Il nous faut plutôt comprendre que si nous voulons briser le mesmérisme d'une vie sans affection, nous devons nous-mêmes ressentir et manifester un intérêt amical envers les autres, et, qu'en l'occurrence, l'initiative doit venir de nous. « Et l'Amour se reflète dans l'amour » (Science et Santé avec la Clef des Écritures par Mary Baker Eddy, p. 17) s'applique à toutes les situations et y opère, en tant que loi. La pitié de soi est mauvaise conseillère, car l'amour, pour être le reflet du Divin, doit être agissant et spontané, non pas égoïste, mais désintéressé.
Mrs. Eddy, en soulignant toujours la proximité réconfortante de Dieu, indique en même temps que le Tout-en-tout ne peut avoir conscience de rien qui Lui soit dissemblable. Dans Unité du Bien (pp. 3, 4), en faisant la description de Dieu comme étant le Tout omniprésent, elle écrit: « Or ce même Dieu est notre aide. Il a compassion de nous. Il a pitié de nous, et dirige chaque événement de notre vie. Il est proche de ceux qui L'adorent. »
Alors que dans le sens absolu l'Entendement divin ne connaît que Son reflet parfait et renfermant tout, pour le sens fini et humain, les preuves de la tendre sollicitude que Dieu nous témoigne nous apparaîtront toujours sous des formes que l'entendement humain peut saisir.
Dans un de ses beaux cantiques, notre Leader, Mrs. Eddy, parle de Dieu comme étant l'ami des délaissés, et dans un poème écrit dans son adolescence, elle met en paroles l'idée spirituelle qu'elle démontra plus tard et que chacun de ses adeptes peut déclarer pour lui-même avec confiance et compréhension (Poems, p. 19):
« L'œil de Dieu est sur moi — je ne suis pas seule Lorsque j'avance et m'élève, transportée vers le ciel. »