Dans un village ayant deux églises protestantes, on dit aux sonneurs de synchroniser leur action; après avoir donné un coup de cloche le premier sonneur attendrait que la cloche de l'autre église se fît entendre. Puis il sonnerait de nouveau et l'appel des deux églises alternerait jusqu'au bout. Sonnées séparément, les deux cloches n'auraient rien eu de remarquable; mais leur alternance, les beaux arbres ombrageant le gazon, la voix de la tourterelle que l'on entendait parfois aux heures tranquilles du dimanche matin, en faisaient le symbole de la coopération; l'auteur du présent article se rappelle que dès son enfance ces choses lui inspirèrent un grand respect pour l'église.
Ils peuvent être reconnaissants tous ceux qui dès leur jeunesse ont appris à aimer l'église; leur caractère se forme davantage, ils honorent vraiment la loi et l'ordre. Si cette base est bien posée, c'est un fondement sur lequel on peut bâtir un édifice spirituel que caractérise l'amour du prochain; or sans cet amour le christianisme perd son sens. Le monde croit souvent que l'église est une organisation humaine composée de personnalités très diverses, employant un rite et des cérémonies spéciales et s'unissant pour tâcher d'atteindre au divin. Mais le discernement spirituel montre que l'Église véritable est une idée de Dieu. Mary Baker Eddy perçut cette vérité et la donna au monde dans une définition inspirée par l'Ame; en effet à la page 583 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, nous trouvons ceci: « Église. La structure de la Vérité et de l'Amour; tout ce qui repose sur le Principe divin et en procède. »
Cette révélation n'était point due à une inspiration passagère; elle était rendue possible par des années d'étude et une vie consacrée au bien. Mrs. Eddy elle-même déclare à la page 359 de Science et Santé: « C'est de parents puritains que la découvreuse de la Science Chrétienne reçut sa première éducation religieuse. Dans son enfance, elle écoutait souvent avec joie ces paroles qui sortaient de la bouche de sa sainte mère: “Dieu peut vous relever de maladie;” et elle méditait sur la signification de ces paroles de l'Écriture qu'elle cite si souvent: “Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru; ... ils imposeront les mains aux malades, et ceux-ci seront guéris.” »
Comprenant la vérité qu'expriment des versets bibliques de ce genre, notre Leader put rendre au christianisme son élément perdu, la guérison. Sa définition du terme « Église » contient une seconde partie où l'auteur montre que l'élément curatif est indispensable. Voici ce passage où l'on trouve la connotation humaine: « L'Église est cette institution qui donne des preuves de son utilité et que l'on trouve ennoblissant la race, réveillant de ses croyances matérielles la compréhension endormie jusqu'à comprendre les idées spirituelles et la démonstration de la Science divine, chassant ainsi les démons, ou l'erreur, et guérissant les malades. »
Il s'agit non pas d'un sentiment émotif, d'un vague mysticisme qui se plaît à rêver, mais d'une communion avec Dieu ayant pour résultat l'application et l'accomplissement pratiques. Ce genre de communion permet de construire une église qui marchera bien. S'il médite sincèrement ces choses, le disciple constate avec gratitude que l'Amour, la Vérité, le Principe ne sont pas de simples abstractions; ils représentent un pouvoir actif qui se manifeste chaque jour par la guérison et le secours efficace.
Amour, Vérité, Principe — ces trois importants synonymes sont employés par Mrs. Eddy dans sa définition de l'Église. Pour ceux qui doivent construire un nouveau temple, quel bonheur de savoir que le véritable édifice, celui de la Vérité, de l'Amour, du Principe, est déjà construit, coexiste avec Dieu et demeure éternellement complet. S 'éveillant du songe matériel de l'existence, le disciple découvre toujours plus clairement la signification de ces trois mots. Ils expriment la révélation spirituelle de la réalité — l'Amour construisant ses propres modèles, la Vérité amplifiant sa propre compréhension, le Principe fournissant la réalité rythmique par laquelle se reconnaît l'Amour.
Dès son jeune âge l'enfant peut apprendre ce que signifie la vérité. En général on lui enseigne bientôt à être véridique. A mesure qu'il se développe il voit combien la vérité est nécessaire dans ses jeux, son travail, et tous ses rapports avec autrui. Mais cette vérité doit atteindre un niveau supérieur pour approcher du sens que lui donne Mrs. Eddy dans sa définition de l'Église. Lorsqu'elle parle de Dieu elle écrit le mot Vérité avec une majuscule, comme aussi Amour et Principe. Ces trois termes sont synonymes, quoiqu'il y ait entre eux une nuance. Parvenir à les comprendre c'est entrevoir la révélation divine qui étonna Pierre quand il vit son Seigneur marchant sur les eaux, ou Marie devant la tombe de Jésus après sa résurrection. Dans ces deux cas la Vérité montrait que la substance matérielle est fausse et dévoilait la glorieuse réalité de l'Esprit.
Rien ne peut faire disparaître la Vérité, ni changer sa nature. La pensée charnelle est incapable d'en saisir la signification, car sa présence doit être révélée à la conscience devenue plus spirituelle grâce à la prière et à l'ardent désir de connaître puis d'accomplir la volonté de Dieu. A mesure que dans sa conscience il manifeste davantage le Christ, le disciple obtient les effets de la Vérité à quoi fait allusion la seconde partie de la définition concernant l'Église. La construction de l'église a lieu dans la conscience spiritualisée.
Une Église du Christ, Scientiste, était en train de bâtir; une personne qui en était membre se trouva soudain dans l'obligation de subvenir aux besoins d'un parent. Il lui sembla que l'entendement mortel voulait nuire à ce qu'elle faisait pour l'église et l'empêcher de soutenir comme elle l'avait prévu l'œuvre de la construction. Quand elle appliqua au problème les règles de la Science Chrétienne sa pensée se spiritualisa; elle vit qu'en aidant un frère elle bâtissait l'église de la manière la plus efficace. Grâce à cette compréhension elle fut bientôt affranchie de l'obligation nouvelle, et son parent échappa au mesmérisme qui l'avait lié. Ce qui répudie le devoir d'un humain envers son frère, c'est le mensonge du serpent. L'Église véritable est toujours active, « ennoblissant la race. » Dans le domaine de la construction, aucun effort ne surpasse les services rendus aux prochains.
L'Amour, la Vérité, le Principe révélés aux membres d'une église qui collaborent avec joie en vue de la construction mettront fin aux tiraillements, à la tension, à une mauvaise conduite des affaires. L'entraide devient alors une réalité comme ce fut le cas à l'époque de Néhémie, où les Juifs fidèles regardant les murs de Jérusalem purent dire (Néh. 4:6): « Nous rebâtîmes donc la muraille, qui fut rétablie partout jusqu'à la moitié de sa hauteur; et le peuple prit à cœur ce travail. » Ce zèle, ce grand désir de travailler s'expriment par des égards fraternels; ainsi l'on écarte les pierres d'achoppement et l'on stimule les bons efforts. Les membres mettent de côté leur plan favori; les opinions humaines touchant les mesures financières, l'architecture, l'aménagement du terrain autour de l'édifice, peuvent s'harmoniser et donner lieu à des décisions pratiques quand tous apprennent que la force est due non pas à l'unité purement humaine, mais à l'Amour réalisé par inspiration divine.
L église donne-t-elle des preuves de son utilité? Ennoblit-elle nos frères? Éveille-t-elle la compréhension jusque-là endormie? Transforme-t-elle la foi fondée sur une croyance mortelle en une confiance plus grande, une meilleure compréhension de Dieu? Dans ce cas, nous n'avons point à craindre et la construction s'achèvera certainement.
