Chercher bien loin les bonnes choses qui sont réellement proches, c'est une caractéristique humaine fort générale. Comme le dit une vieille maxime: « Les pâturages éloignés sont plus verts. » Si l'on admet cette croyance elle conduit soit à l'inquiétude et à l'ambition déréglée, soit à un état mental de regrets inutiles.
Beaucoup ont appris par la Science Chrétienne que les verts pâturages peuvent se trouver en tout temps, n'importe où. La joie, la paix, l'abondance spirituelle que désire l'humanité sont en fait la réalité présente de la vie, qu'un sens mortel illusoire voudrait obscurcir. La création parfaite décrite au premier chapitre de la Genèse n'a point été travestie par la vapeur qui montait de la terre (voir Gen. 2:6). Ceux qui rejettent cette mystification et conforment leur pensée à la réalité spirituelle obtiennent un sens de bienêtre progressif.
La Science Chrétienne réitère les enseignements du Christ Jésus; elle fournit des règles précises qui permettent de prouver la réalisation présente de cette promesse (Matth. 11:28): « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai. » Le « moi » dont il s'agit c'est le Christ éternel, la Vérité, non pas une personnalité humaine passagère. Lorsqu'on reconnaît la vérité et qu'on lui obéit jusque dans les détails de la vie quotidienne, on peut démontrer pas à pas le néant des sens mortels illusoires.
Il est impossible de concevoir un temps, un lieu, une circonstance où le disciple ne pourrait saisir et mettre en œuvre une idée spirituelle de la Vérité. Supposons par exemple que cette suggestion se présente: Pour être heureux, je devrais partir, car il y a désaccord entre mon entourage et moi-même. Le Scientiste Chrétien vigilant réalisera sans délai qu'il a l'occasion de prouver ici même le vrai rapport unissant l'homme à Dieu. Il n'existe qu un seul Père-Mère Dieu, qui voit toutes Ses idées telles qu'elles sont, aimables, pleines d amour. L'unique Entendement infini maintient à sa place normale toute idée individuelle. Chaque idée agit donc en accord avec la loi divine, en relations harmonieuses avec toutes les autres; chacune est essentielle à l'expression complète de l'Entendement divin. La croyance à plusieurs entendements est un mensonge; comprendre ce fait exclut l'antagonisme et les conflits. L'auteur du présent article a maintes fois vu s'évanouir quelque aspect de la discorde grâce aux déclarations silencieuses concernant la vérité.
La source du bonheur ou du malheur ne se trouve jamais chez autrui. Comme être humain, nul ne peut ou ne doit vivre uniquement pour lui-même; mais un concept moins égoïste et plus harmonieux des rapports avec le prochain se manifeste dans la mesure où l'on établit mentalement le vrai rapport entre Dieu et l'homme, l'Entendement et l'idée. L'homme n'est pas un mortel inquiet s'efforçant de vivre en paix avec d'autres mortels — ou malgré eux. Image et ressemblance de Dieu, l'homme est l'idée composée de l'Entendement infini; il reflète la substance de tout le bien que les mortels espèrent ou s'efforcent d'atteindre. La conscience de ces vérités spirituelles, c'est le royaume des cieux au-dedans de nous.
La croyance que les ressources sont plus abondantes ailleurs qu'ici donne également lieu au mécontentement. A cet égard le Scientiste Chrétien fait aussi son travail en prenant pour base le fait que la vie et la substance sont non pas physiques mais spirituelles, et que les limitations manifestent un penser faux. Ceux qui cherchent avant tout la substance spirituelle obtiennent constamment la certitude des ressources abondantes et stables. Cette substance est infinie, toujours présente, indivisible. Elle ne peut se trouver dans la matière car celle-ci est toujours limitée, qu'il y en ait peu ou beaucoup. Attachons-nous au fait éternel, à l'abondance de l'Entendement; alors dans notre vie le bien sera continu et toutes les circonstances nous donneront l'occasion d'exprimer davantage la nature divine.
Lorsque éclata la deuxième Guerre mondiale l'auteur, mesmérisée par les croyances générales, jugea qu'il lui fallait chercher des moyens d'existence tout autres. Elle perdit beaucoup de temps et de forces à vouloir « mettre une cheville carrée dans un trou rond; » mais elle finit par se réveiller. Ce qu'il fallait, elle s'en rendit compte, c'était l'expression de certaines qualités favorisant l'esprit d'initiative dans les affaires, en ce qui concernait sa propre branche plutôt que des champs éloignés. Elle fut dirigée quant aux meilleures mesures à prendre, elle put avancer avec, persévérance et confiance. Une sphère d'activité beaucoup plus vaste se révéla graduellement et l'auteur put mieux voir que, comme l'explique Mary Baker Eddy dans Miscellaneous Writings (p. 307), « Dieu vous donne Ses idées spirituelles, et celles-ci vous donnent à leur tour les ressources quotidiennes. »
Les pâturages plus verts ne sont jamais ailleurs; mais il n'en faut pas conclure que le Scientiste Chrétien refuse les changements extérieurs sur la route du progrès spirituel. Accueillir avant tout les idées spirituelles justes, c'est une nécessité fondamentale. La position ne se rapporte pas toujours à un lieu physique, mais peut désigner une attitude mentale; ce fait est généralement reconnu, car on entend dire « ma position » pour désigner le point de vue ou l'opinion d'une personne. Si le disciple établit mentalement sa compréhension de la place qu'il occupe dans la Vérité comme reflet de l'Entendement; s'il reconnaît que son travail consiste à exprimer les aptitudes bonnes et parfaites de Dieu — il est amené à faire les pas humains qui conviennent le mieux, étant donné les circonstances.
A la page 369 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mrs. Eddy déclare: « L'homme se rend maître de la matière dans la mesure où celle-ci perd pour le sens humain toute entité en tant qu'homme. Il pénètre un sens plus divin des faits, et comprend la théologie que Jésus démontra en guérissant les malades, en ressuscitant les morts et en marchant sur les flots. Toutes ces œuvres manifestaient l'empire qu'avait Jésus sur la croyance que la matière est substance, qu'elle peut être l'arbitre de la vie ou le constructeur d'une forme d'existence quelconque. »
L'activité du Conducteur ne l'entraîna pas dans les sentiers du bien-être égoïste et sa victoire finale sur le sens mortel fut précédée du triomphe apparent de ses ennemis. Ceux qui le suivent constateront aussi que comme leurs pensées vont à l'encontre du courant des croyances générales, ils doivent avec vigilance et fermeté faire face aux défis de l'erreur. Que le témoignage des sens matériels affirme l'harmonie ou les discords, le Scientiste Chrétien bien avisé y voit l'occasion de prouver la nature illusoire du sens matériel, et la présence des verts pâturages où l'homme jouit de la maîtrise donnée par Dieu.
Cherchez premièrement son royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroit. — Matthieu 6:33.
