Dans ses ouvrages Miscellaneous Writings et The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, Mary Baker Eddy fait au sujet du Manuel de L'Église Mère, dont elle est l'auteur, certaines remarques frappantes. Elle affirme que ses Statuts furent rédigés conformément aux directions divines, lorsque les circonstances l'exigeaient; qu'ils sont inviolables, ayant le pouvoir d'élever et de spiritualiser la pensée de quiconque leur obéit. A moins d'avoir entrevu ces faits concernant le Manuel, nous ne pourrons guère l'employer comme il doit l'être — comme un livre qu'on devrait avoir pour ainsi dire toujours à la main, un guide constant pour la pensée et les actes. A moins de l'utiliser ainsi et de lui obéir, on ne peut éprouver pleinement son action qui fortifie et spiritualise.
Comment peut-on commencer à saisir l'autorité divine du Manuel? Sans doute en employant ses Statuts de la manière même dont ils furent écrits — lorsque les circonstances l'exigent et que chacun d'eux se trouve être applicable. Si nous ne comprenons pas immédiatement la portée intégrale des Statuts qui ont trait à toutes les activités de L'Église Mère, n'en soyons pas consternés! Lorsque nous aurons fidèlement fait l'application des Statuts qui se rapportent à la vie quotidienne et à notre travail au sein de l'église, nous aurons la preuve qu'ils sont inspirés de Dieu; alors nous accepterons avec gratitude toutes les directions du Manuel, en attendant avec joie que le sens profond des autres Statuts nous soit révélé.
Comme monitrice à l'École du dimanche, l'auteur du présent article entrevit pour la première fois l'autorité et l'ampleur du Manuel de l'Église. N'ayant pas l'habitude de l'enseignement, elle eut d'abord l'impression que les directions contenues dans l'Article XX, Sections 2 et 3, étaient terriblement insuffisantes. Mais à mesure qu'elle leur obéissait, elle en vit mieux le sens profond et finit par en admirer la sagesse et la plénitude. Quand elle se prépara à enseigner un groupe de plus grands élèves, les premiers mots de la Section 2: « On devra enseigner les Écritures aux enfants de l'École du dimanche, » se présentèrent maintes fois à sa pensée, lui rappelant que la Bible, dans sa signification spirituelle qu'explique Science et Santé avec la Clef des Écritures par Mrs. Eddy, devait être pour les élèves comme pour elle-même la seule autorité. Ensuite, appréciant davantage la sagesse contenue dans les Écritures, la monitrice réfléchit aux instructions données par notre Leader (Sect. 3): « Les premières leçons des enfants doivent être les Dix Commandements (Exode 20:3–17), l'Oraison Dominicale (Matth. 6:9–13), et son Interprétation Spirituelle par Mary Baker Eddy, enfin le Sermon sur la Montagne (Matth. 5:3–12). Les leçons suivantes se composeront de questions et de réponses qui s'adaptent à une classe d'enfants et que l'on trouvera dans le Livret Trimestriel des Leçons de la Science Chrétienne, lues dans les services de l'Église. L'instruction donnée par les moniteurs des enfants ne doit pas dévier de l'absolue Science Chrétienne contenue dans leur livre de texte. »
Donc en premier lieu, les enfants devaient se familiariser avec les préceptes bibliques fondamentaux qui spiritualisent la pensée et rendent la vie conforme à la loi morale et spirituelle; puis, grâce à la Leçon-Sermon hebdomadaire, ils auraient part aux enseignements bibliques qui dans toutes les églises et les sociétés de la Science Chrétienne sont illuminés spirituellement par des passages corrélatifs empruntés au livre de texte, Science et Santé. L'expérience confirma bientôt la sagesse divine de ces instructions.
La monitrice et son groupe avaient obéi sans réserve aux directions données pour les « leçons suivantes »; mais deux ou trois dimanches de suite l'on eut un sentiment de déception. Le temps avait passé si vite qu'il fallait interrompre la discussion juste avant d'avoir pu développer un point qui promettait beaucoup. A la monitrice, il semblait que chaque dimanche on avait dû redescendre juste avant d'atteindre le sommet de la montagne. S'il en était ainsi lors d'une ascension, le guide exercerait un contrôle minutieux; il s'assurerait que tous les membres du groupe suivent la meilleure piste, ont un bon équipement et savent s'en servir, agissent de concert quand ils sont encordés; peut-être veillerait-il surtout à ce que chacun soit en forme pour entreprendre une ascension.
Dans le groupe, on avait certainement suivi la voie qu'indique le Manuel; on avait employé comme il se doit les livres de texte, la Bible et Science et Santé; on avait agi de concert, en ayant des égards pour autrui. Mais la pensée était-elle assez spiritualisée pour atteindre les cimes de l'Entendement? Les élèves avaient-ils mis en pratique dans la vie quotidienne les « premières leçons » au point que celles-ci transformaient constamment leur pensée, la rendaient plus spirituelle et les protégeaient contre les empiétements du matérialisme?
La monitrice se rendit compte que d'après les intentions de notre Leader, les « premières leçons » doivent rester fondamentales à l'École du dimanche et même pendant toutes les années qui suivent. Dès lors dans ce groupe, une partie de chaque séance fut consacrée à revoir ces leçons fondamentales; la monitrice et les élèves en reconnurent immédiatement le caractère pratique, l'aide qu'elles apportaient et la façon dont les adultes eux-mêmes pouvaient les appliquer avec fruit, consciencieusement. Comme l'auteur continuait à travailler pour l'École du dimanche, elle obtint la confirmation de ce fait: quel que soit l'âge ou le niveau intellectuel du disciple, la réceptivité spirituelle accompagne toujours l'application sincère des leçons fondamentales.
Le Manuel veut que l'enseignement soit donné par des questions et des réponses prises dans les sujets fondamentaux que traitent les Leçons-Sermons hebdomadaires; cet ordre doit toujours être une source de satisfaction pour ceux qui se souviennent du désappointement qu'ils éprouvaient lorsque dans leur tendre jeunesse on ne répondait pas à leurs instantes questions ou qu'on les faisait taire. Mais l'auteur enseignait déjà depuis quelque temps lorsqu'elle et son groupe — des élèves de treize ans — commencèrent à voir la grande importance de la méthode établie par notre Leader. L'on étudiait alors dans Matthieu les versets 15–19 du chapitre seize. La monitrice posa cette question: « Pourquoi Jésus demanda-t-il à ses disciples: “Mais vous, qui dites-vous que je suis?” » Les élèves ne purent répondre immédiatement d'une manière satisfaisante. Elle fut alors poussée à leur dire: « Pourquoi le Manuel exige-t-il qu'à l'École du dimanche l'enseignement se fasse par questions et réponses? »
Cette demande intéressa beaucoup les élèves; reprenant le récit de la Bible, ils y lurent la réponse de Simon Pierre: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant! » et les paroles de Jésus: « Tu es heureux, Simon, fils de Jona; car ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père, qui est dans les cieux. Et moi, je te déclare: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes des enfers ne prévaudront point contre elle. » Le groupe se rendit compte de ce qui causait à Jésus beaucoup de joie — Pierre avait immédiatement abandonné le témoignage des sens matériels pour se tourner vers Dieu, et par le sens spirituel il avait pu entrevoir la véritable identité de Jésus en tant que Christ, idée spirituelle de Dieu. Les élèves en conclurent que Jésus posait à ses disciples une question au sujet de son identité pour faire ressortir l'aptitude que Dieu leur donnait, leur permettant de reconnaître sa nature spirituelle.
Le groupe se rendit compte que l'aptitude à percevoir et à comprendre spirituellement est la seule base sur laquelle puisse se fonder l'action rédemptrice et curative du vrai christianisme ou de la Science Chrétienne. Cette aptitude, reconnue et mise en pratique à l'École du dimanche grâce aux questions et aux réponses, demeurera toujours avec les enfants et sera pour eux une source de pouvoir et de protection constante. Parlant du Christ, Jésus disait (Matth. 18:20): « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux. » Lorsque à l'École du dimanche un enfant se tourne vers Dieu pour obtenir une réponse et qu'il la reçoit, il sent qu'il est un avec le Christ, et cette expérience ne s'effacera jamais.
Dans les Statuts concernant l'École du dimanche, il y avait encore une remarque que l'auteur pensait n'avoir pas bien comprise. C'était la deuxième partie de la Section 2, Article XX. Après le début, cité précédemment, « On devra enseigner les Écritures aux enfants de l'École du dimanche, » nous y lisons ceci: « et les instruire dans la mesure de leur intelligence ou de leur aptitude à saisir les significations plus simples du divin Principe dans lequel ils sont instruits. » L'auteur ne voyait pas comment une personne devenue adulte avant de connaître la Science Chrétienne pourrait mesurer l'intelligence des enfants ou leur aptitude à saisir le divin Principe, la Vérité. Les leçons qui paraissent difficiles à ceux que leur éducation éloigna des faits spirituels de l'être, seraient peut-être très simples pour la pensée enfantine. Mais au lieu de se tracasser à ce sujet, l'auteur décida qu'elle obéirait le mieux possible aux autres Statuts, pour autant qu'elle les comprenait.
Il se produisit alors quelque chose de très beau. Au lieu de ressembler à un commandement difficile, le Statut en question devint pour elle une bénédiction pleine de tendresse, une assurance profonde du fait indiqué dans la Bible (Ésaïe 54:13): « Tous tes enfants seront instruits par l'Éternel, et le bonheur de tes fils sera parfait. » Comme l'instruction s'en tenait à « l'absolue Science Chrétienne contenue dans leur livre de texte, » les enfants eux-mêmes cherchèrent à saisir ce dont ils avaient le plus besoin, ce qu'ils étaient capables de comprendre touchant le divin Principe qu'on leur enseignait. La monitrice n'eut point à délinéer la chose; mais la paix, la joie tranquille que manifestaient les enfants lui prouvaient bien qu'ils étaient « instruits par l'Éternel. »
La monitrice pensa souvent à ce qu'écrit Pierre dans sa première épître (I Pierre 2:5): « Vous aussi, comme des pierres vivantes, vous formez une maison spirituelle, un saint sacerdoce, pour offrir des sacrifies spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ. » Les enfants sont en vérité des « pierres vivantes » dans l'Église du Christ, Scientiste. C'est une joie de savoir qu'en vertu de la première clause concernant l'École du dimanche (Art. XX, Sect. 1), leur identité spirituelle peut être fermement établie dans leur pensée avant qu'ils aillent tous les jours en classe et soient soumis à d'autres influences; la conscience de cette identité est maintenue tant que dure l'École du dimanche. Arrivés à l'âge de vingt ans, les élèves auront vu sous leur vrai jour maintes doctrines et théories changeantes de la croyance matérielle; ils auront appris à veiller sur leurs pensées et leurs actes pour obéir au Christ.
Par des voies de ce genre, chaque Scientiste Chrétien est individuellement conduit à reconnaître l'amour du Père-Mère Dieu, éclairant les pages du Manuel de l'Église. Lorsqu'il prouve dans une certaine mesure l'autorité et l'efficacité curative du Manuel, le Scientiste se fie toujours davantage à ses Statuts qui le guident et le gouvernent. Ainsi, par l'expérience de chacun, s'accomplit la mission universelle dont est chargé le Manuel de L'Église Mère.