Combien d'entre nous se sont appliqué ce sage conseil que nous donne la Bible (I Cor. 10:12): « Que celui qui croit être debout prenne garde qu'il ne tombe » ? Les peines que l'on s'attire quand on néglige cette exhortation se voient dans un récit, au chapitre vingt-deux de Luc, où la Bible rapporte que Jésus mit Pierre en garde, lui disant qu'il renierait trois fois son Maître avant que le coq eût chanté. Voilà certes un excellent exemple des périls qu'encourent ceux qui ne prennent pas garde aux avertissements. Pierre renia Jésus, et par la suite « pleura amèrement. » Néanmoins il aurait pu tenir compte de la mise en garde et ne pas succomber à la tentation.
Pierre chérissait Jésus. Attiré par la force spirituelle du Maître, il avait quitté ses occupations de pêcheur pour adopter un genre de vie tout différent. Mais lorsque à Gethsémané Jésus était en agonie, Pierre fut si certain de lui être fidèle, si sûr de sa propre loyauté, qu'il ne vit pas combien il importait de prier pour pouvoir faire face à l'épreuve imminente. Sachant que tous ses disciples allaient être éprouvés, Jésus avertit Pierre auquel il adressa ces paroles (Luc 22:31): « Satan a demandé à vous passer au crible. » Le Maître lui dit en outre que lui-même avait prié pour que la foi de Pierre ne défaille point, mais qu'il puisse affermir ses frères.
S'il avait accepté la mise en garde du Maître et défendu sa pensée contre les suggestions agressives, — la haine du monde pour la Vérité, — il ne serait pas tombé dans le piège tendu par le malin. Mais on doit dire à l'honneur de Pierre qu'il ne fut pas longtemps dupe, il ne s'attarda point dans les remords et la pitié égotiste. Quoiqu'il fût temporairement retourné à ses filets, il était présent au repas du matin pour recevoir la triple exhortation de Jésus lui disant de paître ses brebis. Cette fois il obéit vraiment. Il devint à nouveau un pêcheur d'hommes; et dans le vibrant sermon qu'il fit à la Pentecôte, on trouve ces paroles (Actes 2:38, 40): « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé...... Sauvez-vous. »
Ne soyons pas figés dans nos propres concepts au point de renier le Christ. Reconnaissons plutôt le message angélique nous disant de prendre garde afin de ne pas tomber! Dans tous ses ouvrages, Mary Baker Eddy montre comment il faut être sur ses gardes. Elle écrit par exemple dans le Manuel de L'Église Mère (Art. VIII, Sect. 4): « Il sera du devoir de chaque membre de cette Église de prier chaque jour: “Que Ton règne vienne;” que le règne de la Vérité, de la Vie et de l'Amour divins soit établi en moi, et éloigne de moi tout péché; et puisse Ta Parole enrichir les affections de toute l'humanité et les gouverner! »
Puisse chacun de nous suivre ce grand modèle qui fait voir comment on doit prier pour soi-même! Il faut vraiment abandonner le faux sens du moi pour être prêt à prier ainsi, afin que le royaume de Dieu gouverne la pensée humaine et que la volonté divine prévale en tout ce qui nous concerne. Cette prière-là amplifie notre compréhension de Dieu.
Comprendre que Dieu est la Vérité, le Principe de la substantialité authentique, c'est avoir une base inébranlable. La réalisation de ce fait produit la véracité, l'intégrité, l'exactitude, la pureté, l'obéissance et la clarté. Admettre que ces qualités-là sont présentes aujourd'hui même dans la conscience fait disparaître leurs contraires — la fausseté, la malhonnêteté, l'exagération, l'impureté, la désobéissance, le vague des pensées marchant de pair avec la négligence dans les actions.
Comprendre que Dieu est la Vie, que la plénitude de l'Esprit est éternelle, s'exprimant en nous par la vigueur, les fonctions normales, le vrai bien-être, cela détruit et remplace la faiblesse ou la débilité d'un concept humain du fonctionnement. Lorsque par la compassion, le pardon, la bienveillance, la patience et les égards, l'Amour est établi dans notre pensée, il n'y reste aucune place pour la haine, l'égoïsme, l'impatience, le pharisaïsme intolérant.
Si la lentille de la Science nous fait mieux voir la plénitude de l'Esprit, nous comprenons davantage la nature de Dieu, le grand Principe où tout est inclus, qui maintient Sa création dans Sa totalité infinie, saine et sauve l'activité divine toujours protectrice et vivifiante. Contemplant la nature de Dieu, du bien, la pensée humaine est réceptive, humble, capable d'accueillir le conseil de prendre garde pour ne point tomber. Quand notre pensée repose ainsi sur la connaissance consciente de la réalité spirituelle, nous pouvons regarder sans la moindre crainte les fausses suggestions et leur dire: « Lâchez-moi! Je suis libre et puis être l'homme que Dieu a créé — le fils du Dieu vivant. »
S'il maintient cette attitude, le disciple n'aura pas lieu de pleurer amèrement, car il aura pris garde et ne risque point de tomber. Il sait que Dieu est infini, que l'homme est l'idée parfaite de la Vie, de la Vérité et de l'Amour sans bornes; il peut donc vraiment dire en parlant de lui-même: « Je suis l'homme de Dieu. »
