Il peut sembler banal de comparer l'histoire humaine à un jeu de marionnettes. Cependant on ne peut nier que l'image se justifie, et il n'est pas dépourvu d'intérêt de chercher à savoir comment.
L'auteur du présent article se souvient que dans son enfance un spectacle de marionnettes l'impressionnait à tel point qu'il n'y assistait pas sans trembler d'effroi et que la nuit il en avait des cauchemars. S'il s'était rendu compte que les petits bonshommes dont les gesticulations causaient son émotion et ses larmes, n'étaient que des morceaux de bois et des chiffons animés par des mains humaines invisibles, son chagrin se fût vite changé en des réactions plus agréables.
De même, les adultes auraient besoin d'être détrompés quant à l'habitude de tenir pour réel le monde matériel qui les entoure. Comme les enfants doivent apprendre que les pantins n'ont pas de vie propre et que c'est une main dissimulée sous leurs vêtements qui les fait agir, les humains doivent acquérir une compréhension de Dieu, de la Vie, qui les élèvera plus haut que les peines dues à leur façon entièrement fausse de voir les choses.
Remarquons à ce propos combien il est surprenant que depuis l'époque lointaine où l'apôtre Paul parlait de Dieu devant les Athéniens réunis à l'Aréopage, l'humanité dans son ensemble ait conservé à l'égard de Dieu une ignorance fatale. Cette ignorance a privé les hommes du bonheur dont ils jouiraient s'ils pouvaient percevoir la présence constante, en tous lieux, du créateur de l'univers infini. Cependant les paroles de l'apôtre n'ont rien perdu de la grande signification qu'elles avaient au moment où elles furent prononcées: « C'est en lui [Dieu] que nous avons la vie, le mouvement et l'être » (Actes 17:28).
Aujourd'hui la Science Chrétienne, par son activité multiple, universelle, restitue leur vraie valeur à ces paroles dont l'influence devient toujours plus grande. Le temps est donc proche où une compréhension plus claire de la réalité divine permettra aux humains d'atteindre les objectifs que semblaient devoir leur interdire les préjugés et les superstitions anciennes.
Nous lisons dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy (p. 550): « La contemplation continuelle de l'existence en tant que matérielle et corporelle — comme ayant un commencement et une fin, et dont la naissance, la décadence et la dissolution constituent les phases — cache la véritable Vie spirituelle, et fait traîner notre étendard dans la poussière. » L'histoire matérielle des individus et des peuples, contemplée sans cesse par les mortels, n'a pas plus de consistance que les rêves nocturnes, les illusions d'optique, les mirages ou les hallucinations de la fièvre. Il est par conséquent logique d'admettre que, si néfastes que puissent paraître les événements de la scène politique, les phénomènes du monde physique ou les aspects matériels de la chronique quotidienne, ils ne devraient pas être considérés comme ayant plus de pouvoir que l'agitation des pantins de bois ou de carton dans un théâtre de marionnettes; ils ne peuvent vraiment affecter les humains ou les rendre malheureux.
Après avoir donné l'interprétation spirituelle du premier chapitre de la Genèse et des cinq premiers versets du second chapitre, notre révérée Leader écrit dans Science et Santé (pp. 521, 522): « La Science et la vérité de la création divine ont été présentées dans les versets déjà examinés, et maintenant l'erreur opposée, la création au point de vue matériel, va être exposée. Le second chapitre de la Genèse contient un exposé de cette vue matérielle concernant Dieu et l'univers, un exposé qui est diamétralement opposé à la vérité scientifique du récit fait précédemment. L'histoire de l'erreur, ou matière, si elle était véritable, annulerait l'omnipotence de l'Esprit; mais c'est la fausse histoire en contraste avec la vraie. »
Quelle reconnaissance nous devrions avoir envers Dieu et envers Mrs. Eddy, Sa douce messagère à notre époque, qui dans ces passages et dans d'autres, nous ont donné l'assurance que nos tourments de quelque nature qu'ils soient, font partie d'une histoire qui n'est pas vraie, ne l'a jamais été et ne saurait l'être!
Nos angoisses, comme nos larmes, ne se justifient donc pas plus que la terreur d'un enfant qui contemple des petits mannequins articulés. Nous pouvons vraiment être heureux de ce que grâce à la Science Chrétienne nous reconnaissons la profonde vérité contenue dans ces versets de l'Apocalypse (21:3, 4): « J'entendis une voix forte qui venait du trône, et qui disait: Voici le tabernacle de Dieu au milieu des hommes! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple; Dieu lui-même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux; la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance; car les premières choses auront disparu. »
La race humaine n'est pas réellement coincée entre deux histoires adverses. Une seule est de nature à nous intéresser — le récit spirituel que font bien saisir les enseignements de la Bible et de la Science Chrétienne. L'entendement mortel se détourne de cette histoire parce que ce faux entendement est incapable de comprendre ou d'apprécier les choses spirituelles, et parce que son existence même est illusoire, provenant des sens pervertis et des rêves.
Mais le jour est venu où le genre humain, attristé par les malheurs de la fausse histoire, s'éveille à la nécessité de reconnaître que Dieu ne trompe pas Ses enfants par un jeu inepte et cruel de contradictions se traduisant par la coexistence du bien et du mal, de la vie et de la mort. Au contraire, Il les invite sans cesse à exercer les droits légitimes de l'homme, à manifester la perfection, l'harmonie, la félicité divines. A mesure que les hommes saisissent et acceptent la vraie histoire de la création, toute la famille humaine en sentira les bienfaits. La Science Chrétienne seule peut éveiller le genre humain et lui faire connaître la vérité de l'être.